La curiosité est un défaut mortel et Amélie en a fait les frais.
Contrainte d'oublier ce qui, des mois après, hante encore ses nuits, la jeune femme tente, tant bien que mal, de se reconstruire et de laisser le passé là où il est.
Mais alors qu'el...
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— Va falloir nettoyer tout ça, cracha Alexandre en brisant le silence qui régnait dans la petite pièce. J'en ai plein les doigts.
Il recula d'un pas, son arme toujours logée entre ses poings ensanglantés. Impassible et fier, il resta un moment comme ça, à se délecter du sentiment d'effroi qu'il avait réussi à faire naître dans les iris du chimiste. Cette terreur, je la connaissais que trop bien, enfant déjà, elle me pourchassait jusque sous mes draps. Désormais, elle se glissait dans le regard de tous ceux qui croisait le fer avec les deux frères.
C'était comme ça qu'ils nous tenaient, avec des menaces capables de faire plier n'importe quel cœur. Personne ne résistait, pas même les plus forts d'esprit. Qu'importe ce que nous avions pu traverser par le passé, il y avait une vérité qui ne dérogeait jamais : on pouvait aisément parier sur notre vie, mais dès lors qu'il s'agissait de parier sur celle de nos proches, l'amour l'emportait, toujours.
Cette part d'humanité qu'il nous restait, ce jardin secret, Nash et Alexandre l'avaient pillé sans vergogne, pour la simple et bonne raison que ce qui nous rendait faible, les rendait fort.
Jonah renifla bruyamment. Mon regard glissa de ses yeux vers la zone de carnage. Son nez était en piteux état, gonflé, violacé, c'était à se demander comment il pouvait encore rester droit.
— Zayn va se charger d'éponger, commanda Nash, le regard braqué sur son frère. Faut qu'on parle toi et moi.
Le cadet fronça les sourcils, déçu de ne pas pouvoir continuer à faire joujou avec sa nouvelle victime et le suivit à l'extérieur de la pièce.
La porte claqua derrière eux tandis qu'un courant d'air frais s'infiltra dans la cellule, faisant trembler le plafonnier au-dessus de nos têtes. Je profitais du silence pour m'emparer d'un rouleau d'essuie tout qui traînait sur un des comptoirs métalliques et en arracha une feuille pour Jonah. Il me scruta pendant quelques secondes avant de me remercier d'un hochement de tête.
— C'est pas grand chose, murmurais-je dans un souffle, mais ça devrait réussir à stopper un peu l'hémorragie.
Je ne donnais pas cher de son cartilage. D'ailleurs, c'était un miracle s'il en restait encore un morceau.
Il continua de me détailler de haut en bas en épongeant le liquide sombre qui s'échappait de ses narines. Il devait avoir la trentaine même si c'était difficile à dire avec cette barbe de plusieurs jours qui mangeaient sa peau ambrée. Je remarquais seulement maintenant qu'une pâle cicatrice découpait son arcade, accentuant encore un peu plus le magnétisme de ses yeux sombres.
— T'es pas un peu jeune pour traîner ici ? me demanda-t-il en s'attardant sur les tatouages qui recouvraient mes bras.
Au même moment, des éclats de voix résonnèrent derrière la porte. Le chimiste se figea sur sa chaise. Je tendis l'oreille, surpris d'entendre Nash tempêter contre son frère, mais je ne réussis pas à saisir le sens de leur dispute. Je sentis l'adrénaline grandir en moi. Le temps pressait. Je n'aurai sûrement pas meilleure occasion que celle-ci pour cuisiner Jonah au sujet de cette Ivy et du lien qu'elle entretenait avec les deux frères.
