La curiosité est un défaut mortel et Amélie en a fait les frais.
Contrainte d'oublier ce qui, des mois après, hante encore ses nuits, la jeune femme tente, tant bien que mal, de se reconstruire et de laisser le passé là où il est.
Mais alors qu'el...
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✺ ✺ ✺
Je me levais d'un bond, la bouche pâteuse, le corps et les souvenirs en vrac. Il faisait toujours sombre et Louis était recroquevillé sur sa couchette, apeuré, les yeux aussi brillants que lorsqu'il s'était couché. Il désigna la porte d'un geste du menton tandis que je m'en approchais, sur mes gardes. Les coups s'étaient arrêtés, mais je savais que je ne les avais pas rêvé.
Collé contre le métal froid, je reconnus sans mal les voix rocailleuses de Rick et Toni, les deux gardiens. Qu'est-ce qu'ils voulaient ceux-là encore ! C'était pas dans leurs habitudes de taper la causette pendant leur service...
— Y'a un problème ? demandais-je à travers la mince fente qui servait de serrure.
Le plus grand d'entre eux s'avança vers la porte et bientôt, tout ce que je pus apercevoir de l'autre côté, ce fut ses gros yeux globuleux qui me fixaient.
— Un message pour toi, de la part du patron.
Ma respiration se coupa automatiquement et je dus m'appuyer contre le mur pour ne pas flancher. Quelle heure était-il au juste ? Mes neurones n'arrivaient plus à faire les connexions nécessaires. Je n'avais aucune idée de combien de temps j'avais dormi, mais une chose était sûre, ces quelques mots venaient bel et bien de me réveiller.
— Q...quoi ?
Ma voix fut couverte par le bruit d'un chariot élévateur qui s'affairait au loin. Toni regarda par-dessus son épaule et recolla son œil contre la serrure.
— Réunion ce soir avec tout le monde. On viendra te chercher quand ce sera le moment.
J'enregistrais chacun de ses mots comme les paroles d'une musique que je devais mémoriser en un temps record. J'étais en mode automatique, incapable de penser à autre chose qu'aux grains de ce sablier imaginaire qui tombaient encore et encore dans ma tête. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'ils se pointent ici et je n'avais toujours aucun plan. Peut-être parce que cette fois-ci, il n'y en avait pas, me souffla une petite voix que j'aurais préféré étouffer.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je sursautais. Louis s'était matérialisé à côté de moi, aussi pâle qu'un spectre. Il essaya de regarder dans la fente à son tour, mais Rick et Toni avaient déjà fait demi-tour dans le couloir.
— Ils veulent me voir avec les autres après.
Le mécheux fronça les sourcils, les traits tirés par l'inquiétude.
