Your Color [ʷᵒᵒˢᵃⁿ 𝒻𝒶𝓃𝒻𝒾𝒸𝓉𝒾ℴ𝓃]

❸❸ ²/₂

Neuf heures cinquante-huit. C'est l'heure à laquelle Wooyoung ouvrit les yeux. Lorsque ses paupières se décolèrent, il ne prêta aucune attention à l'extérieur et songea juste à se rendormir immédiatement, mais la réalité le frappa en pleine figure.

La dernière chose dont il se rappelait était la vue de San à côté de sa mère, alors qu'on l'emmenait dans un ascenseur en direction du bloc opératoire... il avait été emmené...

« - Putain... murmura-t-il. Attend... ça y est ? »

Il s'assit immédiatement, quittant définitivement son état de somnolence alors qu'il parcourait la pièce du regard à la recherche d'un changement. Mais rien. Personne n'était dans la chambre, chambre tout aussi blanche qu'il y a quelques heures, dont la chaise à quelques mètres du lit était toujours d'une teinte de gris lunaire.

Il n'y avait aucun changement avec sa chambre avant d'être emmené, et ça l'inquiétait.

« - J-je... qu'est-ce qu'il se passe... me dis pas que ça a foiré ?! »

Sans qu'il ne s'en rende compte, une larme coula le long de sa joue. Il était déçu, même honteux. Peut-être y avait-il vraiment un changement, mais évidemment il ne s'en rendait pas compte. Il n'avait pas envie de décevoir San, de quoi il aurait l'air ?

Sentant enfin les larmes qui coulaient sur sa joue, il ferma les yeux et essuya ses larmes avec le dos de sa main avant de rouvrir les yeux. Et c'est là, en ouvrant les yeux, qu'il le vit. Le changement. Sa main d'ordinaire gris perle ne l'était plus. D'un coup il sursauta, observant en détail ses mains alors que les larmes continuaient de couler.

« - C-c'est quoi ç-ça ? »

Il paniqua à cause de l'inconnu, comme toujours. Ce bon vieil ami. Surtout que San n'était pas là pour lui, pour le rassurer, pour lui murmurer des mots rassurants quand ça n'allait pas. Il était effrayé comme jamais il ne l'avait été. Ses larmes ne s'arrêtaient pas mais il continuait à détailler sa peau, comme si c'était un nouveau corps, que ce n'était pas le sien. En se redressant, il s'aperçu également de sa tenue d'hôpital qui avait changé d'aspect, qui n'était plus d'une teinte gris argent, qui arborait une teinte qui lui était inconnue, incapable de dire qu'est-ce que c'était.

« - Y'a... y'a quelqu'un ? Il tira sur la couverture inconsciemment, essayant de trouver quelque chose pour se rassurer, mais de toute évidence rien ne fonctionna. La seule chose qui pouvait le rassurer maintenant, c'était San. Son San. Son requin. Il coulait peu à peu, il était à deux doigts de toucher le fond, et si on ne le rattrapait pas il s'écroulerait vraiment. S-s'il vous plaît ! »

Le silence fût la seule réponse qu'il eût pendant quelques secondes, silence malgré tout obstrué par l'électrocardiographe qui capturait ses battements de cœur. Son organe vital battait à une vitesse très rapide, à cause de son anxiété et de son stress. Puis alors que le brun perdait espoir de voir quelqu'un l'aider, quelqu'un le sauver, il entendit des coups toquer contre la porte.

« - Oui ? »

Il fixa la porte en bois blanche, d'une teinte qu'il connaissait depuis toujours, puis elle s'ouvrit quelques secondes plus tard.

De sa vue obstruée par les larmes, il vit une silhouette se dessiner, mais les larmes étaient trop nombreuses pour qu'il puisse voir un seul détail de la personne qui venait d'entrer. Il la voyait avancer vers lui, lentement, et plus la personne s'approchait, plus il se recula dans son lit, allant jusqu'à cogner son dos contre la surface grise. Finalement, la personne arriva sans un mot à côté de lui, debout contre le côté du lit, alors qu'il reculait sa tête.