Jamie Salmone (Terminée)

Chapitre Quatre

Le vieil homme brisa la gêne qui s'était installée en une fraction de seconde.

_ Très bien, va nettoyer tes mains et ton visage puis viens, tu vas manger avec nous.

Une fois sa phrase, tous restèrent surpris de ce qu'ils venaient d'entendre. Tout d'abord aucun d'eux ne la connaissait du moins "personnellement" et ensuite personne ne prit la peine de la présenter, personne ne savait ni qui elle était, ni ce qu'elle faisait ici.
Angela eut une réaction d'inquiétude se demandant si son père n'était pas en train de perdre la tête.
Thomass lui eut des pensées légèrement plus sournoises se disant que peut-être cette jeune fille essayait de profiter du vieil homme malade.
Jamie quant à lui, avait déjà eu vent des quelques rumeurs concernant cette fille et il l'avait d'ailleurs déjà vue à l'action, il savait qui se tenait devant eux contrairement à ses parents, sa première pensée était proche de celle de son père, se disant qu'elle était sûrement ici pour une raison particulière, une raison digne de sa folie si renommée.
La famille Salmone n'était pas mauvaise, mais plutôt méfiante, car une fois qu'on atteint un certain pallié la méfiance est requise pour éviter les mauvais projets de plusieurs, d'ailleurs la famille Salmone en avait fait les frais à leur début ; victime d'une arnaque bien montée, qui depuis les a refroidis de la soi-disant gentillesse parfois beaucoup trop présente avec un son beaucoup trop faux de la part d'autrui.
C'était aussi une famille très attachée à leur réputation, ne se permettant pas d'accepter n'importe qui à leur table de peur d'en subir des mauvaises surprises et c'est ce qu'ils craignaient à cet instant, qu'elle, soit une mauvaise surprise.
La jeune fille quant à elle fut tout aussi surprise qu'eux, non du fait que cela était la première fois qu'il l'invitait à sa table, mais plutôt du fait qu'il l'invite dans un repas familial ou à ses yeux elle n'ait aucunement sa place.

— J'aimerais plutôt rentrer chez moi pour me reposer, dit-elle assez gênée de la situation.

Le vieil homme la regarda quelques instants comme s'il essayait de sonder ce qu'elle ressentait à ce moment précis, puis repris de nouveau ;

— Ce n'était pas une question. Dépêche-toi, nous t'attendons, dit-il sans aucune variation dans le timbre de sa voix.

Ayant de plus en plus connaissance du caractère du vieil homme, la jeune fille ne prit pas la peine de répliquer et alla direction l'une des salles de bain la plus proche dont elle commençait à connaître parfaitement le chemin.
Les gens autour de la table fixèrent le grand-père attendant patiemment des explications, mais celui-ci préféra attendre le retour de la personne partit avant d'ouvrir de nouveau la bouche.
Elle revenue quelques secondes plus tard les mains et le visage nettoyaient, mais ayant toujours un aspect très peu désirable à cause de ses vêtements tachés par la boue qu'elle ne put enlever malgré tous ses efforts.
Une fois qu'elle fut de retour un siège ainsi qu'un couvert fut ajouté spécialement pour elle, par l'un du personnel de maison.
Elle s'installa timidement accompagnée d'une gêne incroyable sentant les regards qui pesaient sur elle.
Une fois assise le vieil homme prit la parole ;

_ Je vous présente à tous Elisa, cette jeune fille s'occupe d'une partie de mon jardin. Elisa voici ma fille Angela, son mari Thomass et leurs fils Jamie.

Il s'arrêta ainsi, ne donnant pas plus de détails, lança un "maintenant, mangeons" et les présentations étaient déjà clôturées.
Voyant qu'ils n'auraient pas plus de détails de la part du vieil homme et le voyant assez rude par sa manière d'agir à cet instant, Angela prit les choses en mains ;

— Enchantée Elisa.
— Enchantée, lança-t-elle d'un souffle.
—D'où viens-tu dit moi ?
— Je suis d'ici, de Lisandrie, répondit-elle toujours aussi mal à l'aise.
— Oh, prononça-t-elle surprise. Pourtant je ne t'ai jamais vue par ici.
—C'est que je ne vais pas vraiment dans la ville elle-même, je préfère rester dans les endroits calmes, dit-elle toujours avec peu d'assurance.
— Tu dois alors bien te plaire dans cette propriété.

Elisa répondit d'un simple signe de tête, espérant que ce moment termine au plus vite et que cela ne devienne rapidement qu'un souvenir.

— Comment as-tu rencontré mon père dit moi ?

Avant qu'elle ne réponde quoi que ce soit le vieil homme la coupa ;

— Et si nous mangions un peu ? Le questionnaire sera pour plus tard.

Voyant le regard appuyer de son vieux père, Angela se tut, tout en prenant un morceau de poisson dans son assiette qui était arrivé au fil de la discussion.
Le silence fut de courte durée, car il fut brisé par une simple question ;

— Et que font tes parents ? Dit Thomass.

Quand elle entendit ces paroles Elisa se crispa légèrement, serrant fortement le couvert qu'elle avait dans sa main comme pour réfléchir à ce qu'elle devait répondre.
Jamie vit sa réaction, il posa son regard sur sa main qui tenait fermement l'objet en argent, la jeune fille le remarqua rapidement alors elle desserra immédiatement son emprise sur l'objet, toussota légèrement et répondit d'un ton calme et détaché ;

— Je n'en ai pas. Voyant le regard de l'homme qui ne comprenait pas ou voulait-elle en venir, elle reprit. De parents, je n'en ai pas.

La plupart des gens qui auraient vécu cette situation se seraient sentis très gênés tout en s'excusant plusieurs fois comme si cela pouvait minimiser la gêne de la scène, mais Thomass Salmone n'était pas ce genre de personne, il connaissait très bien le sujet l'ayant lui-même vécu et il était du genre à être très à cheval sur les réponses concernant les personnes perdues, car étant une personne accrochée à sa réputation il détestait qu'on puisse salir celle de disparue qui ne pouvait nullement défendre leurs causes.
— Si tu les as perdus alors dit simplement que tu n'en as plus, car dire que tu n'en as pas, signifie que tu jettes à la poussière tout ce qu'ils ont fait pour toi, lança-t-il d'un ton qui frôlait la méprise.

La réponse de Thomass Salmone aurait pu en choquer plus d'un, d'ailleurs son manque de tact surpris une partie de la table, mais ses intentions n'étaient pas mauvaises, c'était seulement un homme qui disait ce qui lui semblait juste sans se soucier des circonstances par la suite, un homme qui n'avait pas vraiment de filtre.
Elisa fut elle aussi surprise par sa réponse, mais elle n'était pas non plus du genre à se laisser impressionner facilement, puis trouvant ces paroles assez dures mais prononcées avec beaucoup trop d'assurance à son goût, elle répondit sans plus attendre ;

— Ne perds que celui qui possède.

Elle lança ces paroles d'un ton semblable à celui qu'avait employé Thomass tout en lui lança un regard assez pesant, puis continua à manger.
Thomass fut étonné de la réponse de la jeune fille, il s'attendait à qu'elle soit légèrement désemparée, mais cela était tout le contraire.

A l'entente de ces mots le vieil homme qui était attentif à la conversation sans s'en mêler arbora un léger sourire.
Jamie, lui fut assez ébahi pour l'assurance qu'elle venait de gagner en si peu de temps. Un silence s'installa par la suite, la plupart des gens songeaient à ce qui venait d'être dit pour évaluer quel genre de personne était cette "Elisa".
Peu de temps après la réponse de la jeune fille, le vieil homme reprit la parole pour engager la conversation dans des choses assez futiles comme pour détendre l'atmosphère qui s'était tendue au fil des minutes.
Tout le monde reprit un flot de paroles banales.
Elisa elle, avait la tête légèrement baissée, tout en se dépêchant de finir son assiette pour enfin mettre fin au calvaire qu'elle vivait.
Le long du repas elle se sentait parfois observée mais quand elle levait la tête pour voir qui en était la cause, elle ne voyait personne, tous étaient bien trop absorbés par ce qui se disait.
Jamie ne comprenait pas vraiment ce qui était en train de se passer, comme si ce qu'il vivait à cet instant précis n'avait pas vraiment de sens, le fait qu'il était à ce moment même en train de manger en face-à-face avec la fameuse Irréelle était irréaliste.
Malgré tout, il décida de ne pas prêter attention ni à ce qui venait de se dérouler, ni à elle, ne voulant pas perdre son temps à penser à des choses bien trop vaines.
Mais sa petite résolution de ne porter aucune importance à ce qu'il vivait fut mise à rude épreuve quand le repas prit fin et que ces paroles furent prononcées par la jeune fille elle-même ;

— A demain matin Monsieur.