Jamie Salmone (Terminée)

Chapitre Vingt-Deux

Chacune de nos décisions aura des conséquences plus ou moins grave sur notre avenir, voilà pourquoi la plupart du temps, il faut réfléchir avant d'agir.
A cet instant précis, Jamie Salmone réalisa plus que jamais ces mots, malgré lui d'ailleurs.
Et pour cause, en seulement moins d'une heure, quatre à cinq journalistes se trouvaient près de sa voiture, qu'il avait laissé seule, sur le côté de la route avant de partir, prenant des photos de celle-ci. Comment vous dire que cela n'annonçait rien de bon.
Ne pouvant ni prendre son véhicule ni même continuer son chemin, le jeune homme n'eut pas d'autres choix que de rebrousser chemin et d'essayer au loin ainsi qu'à l'abri des regards de trouver une solution à ce petit problème qui n'avait pas encore pris beaucoup d'ampleur.
Il partit en sens inverse, faisant en sorte que personne ne puisse remarquer sa présence.
Tout en marchant sans vraiment trop savoir ou aller, il prit son téléphone, quand il vit les messages ainsi que les appels en absences, il se souvenue de son meilleur ami et des projets qui devait accompagner cette soirée.
J'avais complètement oublié.
Il hésita à le rappeler tout de suite, ne sachant pas vraiment s'il devait lui parler du fiasco qu'il venait de vivre ainsi que de cette fin de soirée. Il se résigna à le faire, vue comment cela c'était terminé et du fait qu'il avait pris la décision de ne plus s'intéresser à la jeune fille, il se dit en lui-même qu'il n'avait pas besoin de lui en parler, vue que tout cela venait de prendre fin.
Avant même que cela ne commence d'ailleurs.
Le jeune homme haussa les épaules comme pour ne pas porter son attention sur ce qu'il venait de se passer, ni même sur la folle du pont. De toute façon elle ne le méritait pas et puis il allait s'en remettre. Il regretta même de l'avoir retrouvé malgré lui et il se dit que s'il avait su, il ne se serait sûrement pas arrêté. Ou peut-être bien que si, car grâce à ça, tout ce cirque était enfin terminé, le Grand Jamie Salmone allait retrouver ces esprits et ne plus laisser quelques frissons diriger sa vie qu'il appréciait tant, et qu'il ne voulait plus prendre le risque de gâcher.
Il prit son téléphone et le remit dans l'une de ses poches. Sans répondre. Voulant simplement souffler un peu en tête-à-tête avec lui-même.

D'ailleurs cela était rare pour le jeune homme de prendre seulement quelques secondes de répit. Vivant toujours à cent à l'heure, travaillant avec beaucoup d'acharnement, faisant ce pourquoi il était né, sans jamais se poser ne serait-ce que quelques minutes.
Le fait de marcher sans aucun but précis, seul, sans personne pour observer ces moindres faits et gestes, était quelque chose de nouveau. Une chose dont il n'avait pas l'habitude mais qu'il apprécia tout de même. Sentir ce vent léger sur son visage.
Observer la pleine lune qui quant à elle, éclairé d'une légère lueur le trottoir où il se trouvait. C'était un moment de calme.
Peut-être que si le jeune homme n'avait pas eu ses pensées ailleurs, il aurait pu réaliser que ce qu'il venait de se passer annonçait une puissante tempête qui allait le frapper de toute part, mais il n'en fit rien, voulant se déconnecter pendant quelques instants.

A ce moment précis, il n'était plus le grand Jamie Salmone, non il était seulement Jamie, un jeune homme qui avait beaucoup à porter sur ses épaules même s'il ne montrait rien.
Un jeune homme qui avait un avenir tellement grand et puissant que cela n'annonçait qu'une énorme et brutale chute, mais pour quelle cause ?
Il ne fallait qu'une seule et unique erreur.
Tous les gens autour de lui voyaient Jamie comme un surhumain, comme quelqu'un qui ne pouvait pas échouer, comme s'il était une race supérieure, quelqu'un d'extraordinaire.
Le croyant tellement dur comme fer, que même le principal concerné se mit à y croire à son tour. Oubliant lui-même qui n'était qu'un humain. Un simple humain.
Et c'est peut-être cela qui lui plut autant chez Elisa Liveune. Car elle était la seule qui l'avait considéré comme tel. Comme une personne qui a le droit d'échouer, dédramatisant tout cela et lui donnant ainsi une porte de sortie.

Jamie continua à marcher, regardant autour de lui, quand il s'arrêta.
Une nouvelle fois, elle était devant lui. Elle se trouvait à quelques mètres de lui.
Cette fois-ci, quand il l'a vue, son regard à elle était déjà posé sur lui, le regardant au loin.
Il venait de la quitter il y a seulement quelques minutes mais c'était comme s'il venait de la retrouver une nouvelle fois. Mais les choses avaient changé malgré le peu de temps qui s'était écoulé. Il n'allait pas s'approcher plus près d'elle cette fois, et elle non plus n'avait pas l'air de vouloir avancer vers lui. Ils se regardèrent ainsi pendant plusieurs secondes mais le regard de la jeune fille se faisait cette fois-ci plus intense que celui du jeune homme.
Comme si elle essayait à cet instant d'encrer quelque chose dans sa mémoire.
Jamie quant à lui, essayait de garder un regard assez distant sans montrer aucune émotion, malgré ce qui était en train de se défouler en l'intérieur de lui. Elle l'avait blessé, dans son amour-propre, dans sa fierté, dans son orgueil et il ne pouvait pas laisser passer cela, il ne pouvait pas agir comme si rien de tout cela était arrivé.
« Je ne l'ai jamais voulu non plus. »
Comme si elle n'avait rien fait pour.
Comme si j'étais le seul dans cette histoire.
Comme si je m'étais fait de fausses idées.
Cela était peut-être ta réponse, mais je sais que je ne me suis pas trompé. Il continua à la regarder sans détourner le regard d'elle un seul instant, d'ailleurs elle aussi faisait la même chose.
Puis il parla ainsi dans son esprit, dans ses pensées. Comme s'il s'adressait littéralement à elle, alors qu'aucun mot ne sortit de sa bouche à ce moment-là.
Peut-être que ça allait finalement finir comme ça, de cette manière. Et puis en y réfléchissant bien, je ne suis peut-être pas autant attaché à toi, pour te tourner le dos de cette façon. D'ailleurs pour être franc, je ne pense pas être si amoureux que ça. C'est vrai quoi, je ne te connais pas vraiment, à part ton dégoût pour le chocolat blanc ainsi que les samedis, particulièrement pour le jour de ton anniversaire d'ailleurs. Je n'ai pas vraiment partagé de rendez-vous digne de ce nom avec toi, et là fois où je t'ai apporté des lasagnes ne compte pas. Tu ne corresponds pas à mes critères, pas même un seul. Et puis tu n'es pas si extraordinaire quand on y regarde bien.
Après l'avoir fixé pendant plusieurs secondes, tout en laissant libre cours à toutes ses pensées, Jamie chuchota ces mots, d'un ton si inaudible, que même lui eut du mal à les entendre.