Rivalité Érotique

12 - Muscles et hamburger

C'était de la provocation. De la pure provocation. Il ne s'était pas installé directement devant la fenêtre, mais aux yeux de Lilas, c'était presque pareil. Multipass était peut-être du même avis. Difficile à dire, parce qu'elle se tenait à côté de Lilas, un bol de céréales en main, sans rien dire. Les deux femmes se trouvaient de l'autre côté de la fenêtre. Elles ne savaient pas si Darkanin pouvaient les voir, et au fond elles s'en fichaient.

Il était encore tôt, et il était déjà en train de faire du sport. Ca expliquait peut-être comment il arrivait à rester aussi bien taillé. Lilas serait bien incapable de faire des pompes avant même de prendre son petit-déjeuner.

Ce qui ne semblait poser aucun problème à Darkanin.

Écouteurs dans les oreilles, ses cheveux attachés en queue de cheval, en short et torse nu, il profitait de la soi-disant fraîcheur matinale. Pour le moment, il était à genoux sur le sol, son téléphone en main, sans doute en train de choisir sa prochaine musique. Il s'était installé légèrement sur la droite par rapport à la fenêtre. Il ne portait pas ses lunettes. Sans doute parce que sauter en l'air avant de s'abaisser pour faire une pompe, et de recommencer, n'était pas très compatible avec la chute de deux verres fragiles. Surtout à la vitesse à laquelle il le faisait.

Depuis combien de temps était-il là ? Lilas venait à peine de se réveiller, morose, inquiète. Elle était passé devant la porte de Darkanin à pas de loup. Elle ne savait pas si elle voulait le voir, ou non.

Et puis elle était descendu, et elle avait décidé que le voir était plutôt agréable. Surtout comme ça. Il commençait à avoir chaud, à en croire les gouttelettes de transpirations qui roulaient sur ses muscles.

A chaque fois qu'il se baissait pour faire une pompe, Lilas avait un peu plus chaud. Peut-être était-ce parce qu'elle était à peine réveillée et que son imagination était en roue libre – plus que d'habitude, du moins– mais elle songeait qu'elle ne connaissait pas la sensation du corps nu de Darkanin au-dessus d'elle. Leurs étreintes avaient été sauvages, et toujours debout. Lorsqu'elle le voyait plier les bras, descendre son visage aussi près du sol que possible, puis remonter, elle ne pouvait que se demander ce que cela ferait d'être sous lui, d'être celle vers qui il se baissait ainsi.

Une ombre se profila à côté de Multipass. La joueuse ne bougea pas, le regard rivé sur le dos de Darkanin. Était-ce une pointe de jalousie que ressentait Lilas? Non, ce serait ridicule...

-Je suis le dernier debout on dirait, prononça Tink.

Au contraire du provocateur, dehors, lui portait un T-shirt et un short ample. Il semblait épuisé.

-Qu'est-ce que vous regardez ? demanda-t-il d'une voix pâteuse.

Aucune des deux femmes ne répondit. La réponse était évidente.

-Ah bravo, marmonna le joueur. Ça commence la journée en matant.

-J'aime bien regarder quelque chose en prenant mon petit-déjeuner, répondit Multipass, ce qui fit sourire Lilas.

Tink secoua la tête.

-Je croyais que tu le détestait ? fit-il à l'attention de Lilas.

Lui aussi pensait cela ? Pourtant, Lilas elle-même ne savait plus vraiment ce qu'elle ressentait pour Darkanin. A part de l'attirance purement physique, en cet instant précis. Ou, pour être tout à fait honnête avec elle-même, à chaque instant où elle se laissait aller à fantasmer. Autrement dit souvent.

Mais ce n'était pas plus mal. Que les autres continuent à penser qu'ils se détestaient. Le contraire serait très bizarre sinon.

-Quoi que je pense de lui, ça n'empêche pas d'être honnête, répondit-elle. Il est bien foutu.