QUATRE

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Non. Pas rouge. Presque.

Un rire fuse dans la pièce. Une des grandes gueules pointe un doigt moqueur vers lui. Vers le nouveau. Je détourne les yeux. La fête est finie.

"Eh bien que voilà ? Rouge ! Regardez moi ça ! Un humain, c'est basiquement juste un humain...On a perdu notre temps pour un humain !"

Le sang, plus il est rouge plus le chasseur est faible. Je le fixe du coin de l'œil. J'ai de la peine pour lui c'est vrai. Mais je suis surtout jalouse. Il ne nous ressemble en rien. Il a l'air humain.

Jalouse jalouse jalouse jalouse jalouse.

Le chasseur criard se lève, faisant tomber sa chaise au sol en passant. S'approche du nouveau et nous retenons tous notre souffle. Curieux. Anxieux. Il le prends par le col et je détourne le regard. Je ne veux pas voir le visage de quelqu'un qui a le sang rouge. Je ne veux pas voir un visage que je serais prête à arracher juste pour pouvoir le porter. Un visage qui rougi d'une couleur humaine. Quelqu'un dont la peau blessée se teinte de rouge et non pas de noir. Quelqu'un qui a eu la chance de pouvoir se fondre dans la foule. Je me mords l'intérieur de la joue et mon sang se répands sur ma langue. Il est sucré.

"Alors ? Hein ?!" Le chasseur bouffi et ridicule pousse le pauvre à moitié mort au sol. "Tu nous fais perdre notre temps alors que tu vaut pas mieux qu'un chien ? Sérieusement ? Pourquoi t'es là même ? Viens pas te pavaner ici avec tes grands airs !"

Jaloux. Nous sommes tous jaloux. Pourquoi s'en cacher ? Jaloux. Il est jaloux. Et je le comprends. Personne n'agit sans raison. Qui ici oserais dire que cette vie est celle désirée ?

"Marcus. Lâche-le." Une femme nous rejoint, sa peau d'ébène se fonds dans l'ombre si bien qu'il est parfois difficie de la voir arriver. "Que cela te plaise ou non c'est un chasseur. Compétent qui plus est."

Marcus observe le nouveau d'un nouvel œil. Il ri sans joie et lui crache au visage le laissant dans sa misère comme si il venait de jeter sa poubelle. La femme le laisse faire, elle le regarde s'éloigner avec cette expression froide et dégoûtée qu'elle arbore si bien. Puis elle pose une main un peu trop rude sur la tête du retardataire. Et comme si de rien était le liquide vitale remonte le long du cou ensanglanté, rejoint les oreilles rondes de l'inconnu en un ruisseau inversé et j'entends le petit poc d'un tympan qui se reforme.

Plus de sang. Plus de blessures. Plus de douleur.

Elle l'a soigné. Elle l'a soigné et il rouvre les yeux. Violemment, comme électrocuté. Et il se relève, en s'aidant du bras de Tamara, il y reste accroché quelques secondes de trop et durant celles-ci le visage de la femme se durcit indistinctement. Titubant, il enlève la poussière sur ses vêtements.

Il ne dit pas merci. Il semble irrité. Mais je ne le regarde pas. Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à le voir comme autre chose qu'un humain. Et j'ai peur des humains.

La femme à la peau noire s'appelle Tamara. Ce n'est pas une chasseuse. C'est un commandeur. Une dirigeante. Notre dirigeante. Elle gère notre secteur. Nous sommes dix, dix chasseurs pour cent secteurs chacun. A B C D E F G H I J.

Je m'occupe du secteur A. De A1 à A100. On croirait que cela fait trop mais les monstres ne se manifeste que très peu. Plus souvent je dois moi-même les débusquer. Parfois encore des villageois m'appelle et me demande de tuer. Je les fais payer. Nous le faisons tous. Ils ne savent pas qu'ils ne sont pas obligés de payer. Mais les monstres ne donnent pas de bourses. Et nous devons manger.

Tamara est un mystère. Pour nous tous. Et nous ne l'affectionnons pas. C'est elle qui nous donne des ordres. Elle qui s'introduit dans nos têtes pour nous donner des positions, des missions. Elle qui peut faire imploser nos tympans. Et elle qui se permets de tout réparer comme si elle ne nous avait pas fait souffrir l'insupportable. Je la hais.

Black Blood #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant