TRENTRE QUATRE

2 1 14
                                    

 Parfois je me dis que j'ai eu le pire lot à la loterie de la vie

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Parfois je me dis que j'ai eu le pire lot à la loterie de la vie. Que j'ai tournée la roue depuis mon berceau et que je suis tombée sur le pire numéro. Celui que tout le monde évite de regarder, que tout le monde fuit tant la condamnation de l'obtention terrorise les participants. Celui qui est si improbable à obtenir que cela n'empêchait tout de même pas les gens de jouer. Se disant qu'il faudrait vraiment être poissard pour tomber dessus. Ils fermaient simplement les yeux quand la flèche l'effleurait de trop près. Peut-être méritais-je ce lot là. Peut-être ai-je tournée la roue trop rapidement ou avec trop de joie dans les pupilles. Tant bien que même celui qui a pour ordre de distribuer les lots s'est dit : "Celle là, elle est foutue" en affichant un sourire cynique.

Au final je ne le saurais jamais. Et je ne saurais jamais non plus si quelqu'un a eu un lot pire que le mien. Ce chasseur, démembré dans sa cabane, qui avait pour seul compagnon un familier et comme seule occupation la cueillette de baies. Lui, il a probablement eu un lot pire que le mien si on y réfléchit. Cependant comment puis-je être certaine que ma survie n'a pas pour seul but de m'apporter un bien pire destin ? Qui peut me promettre, une main sur la joue et les yeux dans les yeux, que en allant vers ce château je ne m'apprête pas à mettre fin à mes jours. Je jouie de la vie tout de suite. Je respire et j'ai l'audace de penser que l'air est trop froid. Mais qui suis-je pour dire cela ? Pour penser que je vis et que ce n'est pas assez quand, dans quelques minutes seulement, l'air ne passera peut-être plus par mes poumons ?

Je m'agrippe aux plumes du familier. Je prends mon souffle. J'expire.

J'ai froid. C'est la seule et unique chose qui me vient en tête. Après cela, si je ne me plains pas du froid, je pense à l'horreur qui m'attends entre les quatre murs ornés d'or du château qui n'est désormais plus qu'à quelques mètres de moi.

"Il y a une sale ambiance dans le coin." Murmure Ezekiel à mon oreille en fixant les grandes portes du château.

"Nan, tu crois ?" M'éclaffé je en grinçant des dents. "Moi qui croyais qu'on trouverais un tapis rouge et des pâquerettes à l'entrée.

-Si le stress te rends exécrable tu peux te le garder tu sais ?

-Si je ne te le communique pas je vais exploser."

Le chasseur souffle du nez sans répondre tandis que l'oiseau atterrit en douceur. Il soulève un large nuage de neige et je saute sur mes deux pieds avant même qu'il ne se pose complètement au sol. Mon premier réflexe est de me baisser à même la terre. Ezekiel me rejoint et dans mon dos je l'entends dire à l'oiseau de vite partir, gigotant ses bras dans tous les sens pour faire passer le message.

Un léger battement d'ailes et une bourrasque de neige plus tard il ne reste plus que nous deux, accroupis dans la neige, à quelques mètres de la grande porte. La poudreuse rentre dans les manches de ma veste, je sens mes bras se mettre à trembler et je suis incapable de savoir si c'est par peur ou par froid. Ezekiel ne fait pas plus mine de bouger que moi.

Black Blood #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant