DOUZE

19 3 3
                                    

 Le son d'une voix similaire au gond sinistre d'un appel à la guerre

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le son d'une voix similaire au gond sinistre d'un appel à la guerre. Une respiration saccadée qui résonne tout autour de soi. Des cris et des pleurs qui semblent venir de partout et nul part à la fois. Des bruits de pas, courant en direction d'une sortie qui n'existe pas. Un corps gigantesque, plongé dans l'ombre d'une grotte aux parois escarpées. Un visage indiscernable. Des dents brillant faiblement à la lumière, filtrant par un trou minuscule, comme seule image à garder en mémoire. L'odeur du soufre qui agresse les narines. Le goût âcre du sang sur la langue. La sensation de vertige et de mal être qui suit une hémorragie. Une femme tout en blanc qui s'acharne malgré les blessures, qui semble avoir un pied dans la tombe, qui crie de douleur à chaque pas qu'elle fait en direction de son ennemi pourtant immobile. Tout ses souvenirs. Ces affreux souvenirs. Une multitude d'images, de faux avenirs, de belles paroles et de rêves détruits.

Arabagoth l'Omniscient.

Je ne sais pas comment je vais faire. Je ne sais pas comment je peux échapper à ça. Mais quoi qu'il arrive je suis déjà en train de me préparer. Noé me regarde depuis le comptoir. Il n'a pas l'air soucieux. Le thé qu'il m'a préparé gît sur son bureau, désormais froid. Dans un coin de la pièce Ezekiel range les multitudes de produits qu'il a ramené du village tout en nous toisant curieusement. J'aimerais lui expliquer ce qu'il se passe. Lui dire que si j'échoue il sera obligé de s'y rendre lui aussi. Dire à Noé de fuir là où il sera en sécurité. Mais nous savons tout les deux qu'il n'y a pas un tel endroit sur cette Terre. Je ne sais pas si je vais avoir le droit à de l'aide. La dernière fois je n'en ai pas eu. Mais la dernière fois j'étais préparée. Nous l'étions tous.

J'ai été élevée à la dure avec pour cible les monstres qui peuplent nos terres. Bien qu'on m'ait inculquée ma propre appartenance à ce que je tue, on m'a tout de même fait comprendre qu'il y a, là dehors, bien pire que nous. Que moi. De tous les enfants qui ont été choisis pour le secteur A je suis celle qui a finie par en prendre le contrôle. Je n'y étais pour rien, j'ai simplement le sang noir. Il ne pouvait pas me faire compétition. Dès mes premiers pas à Vanitas il était déjà décidé que je serais en charge du secteur le plus dangereux. Il était déjà décidé que je serais la chasseuse la plus importante de cette génération et je n'avais pas mon mot à dire.

Pas mon mot à dire quand on m'a jeté dans les hauteurs de Grurrord.

Pas mon mot à dire quand on m'a forcé à réveiller mon pouvoir par la force.

Pas mon mot à dire quand on m'a retiré mes ovaires.

Pas mon mot à dire quand on m'a forcée jour et nuit à manier une lame.

Pas mon mot à dire quand on m'a fait jeûner pendant plus d'une semaine.

Pas mon mot à dire quand on m'a enfermée dans une chambre sans fenêtre, sans miroir, sans luminaires, sans lit, sa̶n̶s̶ ̶a̶u̶c̶u̶n̶ ̶é̶c̶h̶a̶p̶p̶a̶t̶o̶i̶r̶e̶.̶

Black Blood #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant