Il y a beaucoup de choses que je ne supporte pas. En font partie ce qui m'oblige à penser, à réfléchir à ce qu'aurait pu être ma vie si.
Si.
Un simple mot. Et pourtant il me bouleverse plus que je n'aimerais l'admettre. Parce qu'il remets en question tellement de choses. Parce qu'il me fait rêver et les rêves ne sont pas pour moi.
Et là tout de suite je me dis : Et si j'étais comme lui ?
Parce qu'il est là, couché sur un canapé. Vautré même. Il a deux filles sous les bras, une à droite et une à gauche. Et leurs cheveux sentent la rose si bien que les narines m'en piquent. Elles sont belles et tendrement humaines. Rouges de vie.
Et elles se collent à lui. Embrasse ses joues et ses bras dénudés. Elles tracent ses veines du bout de leurs doigts. Et ne se doutent de rien. Parce que même moi je n'y verrais que du feu. Il leur sourit. Goûte leurs lèvres. Et je me demande quel goût elles ont. Car je n'ai jamais embrassée. On a accepté de me toucher, de caresser ma peau et de me faire croire que je n'étais qu'une femme comme les autres. Mais on ne s'est jamais approché de mes lèvres. Terribles terribles lèvres. Buveuse de sang. Lèvres roses, lèvres qui semblent toujours maquillées. Lèvres faites pour plaire. Mais jamais pour embrasser. Lèvres à éviter. Et je sens la jalousie monter et plus que tout la haine. Pure et incandescente. Je suis haineuse. Parce que c'est un monstre et qu'il ment. Il profite de ce que la vie lui a donnée en compensation comme simple petites qualités humaines.
J'attends, glacée sur place. Et je sais que mon pouvoir s'échappe. Que mes veines palpitent. Je sais que mon ombre s'effiloche, tremble et semble se déformer. Comme pour montrer ma véritable forme. Et son regard ne me quitte pas depuis qu'il l'a posé sur moi. Comme si il se demandait si j'étais vraiment là pour lui et si il pouvait encore fuir. Je me tiens droite. Je sais que les chuchotements vont bientôt s'intensifier, je sais que je dois agir et vite. Je sais que ce n'est pas une dispute ou une revanche personnelle. C'est ma mission.
Pourtant j'adorerais que ça ne le soit pas. J'aurais adorée lui tomber dessus par hasard et le punir pour ses infractions. Parce que celles qu'il commets de suite sont impardonnables. Et mes remords, ma culpabilité tout s'envole et je crois que je pourrais l'écorcher avec mes ongles sans même cesser de sourire. Alors je prends un pas.
J'ignore mon cœur qui crie. J'ignore la pulsion dans mes veines qui me donne envie de le déchiqueter membre par membre.
Un bras. Une jambe. Sectionne un doigt. Arrache lui un ongle. Coupe son oreille. Un bras. Une jambe.
Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.
Alors j'avance. Je fais comme si ce désir n'existait pas. Car mon ordre n'est pas de le torturer. Mon visage est de marbre. Mes yeux fixes. Et je remets mon arme à feu dans ma ceinture.
Je ne pense pas vouloir faire les choses proprement finalement.
Je porte ma main à ma faux tout en douceur. Je serre la poignée et les gens présents se figent. Et il se fige. Il essaye de faire comme si de rien était alors que je m'avance. Essaye de prétendre que je ne suis pas là pour lui. Mais les filles à ses bras sont déjà en train de fuir. Et la foule se regroupe derrière nous. Observatrice mais prête à courir. Les yeux grands ouverts, plaidant un spectacle. Les jambes dégourdies, déjà sur la pointe des pieds, à deux doigts de s'élancer hors de la taverne. Et lui commence à doucement se redresser. Mais il n'y a aucun échappatoire car je me tiens désormais à un mètre de lui. Je sors ma faux et la déplie.
Clic.
Elle s'étend sur toute sa longueur. La lame brillant à la lumière des bougies. Édentée, rouillée, salie par le sang. Et elle est à quelques centimètres de sa cheville. Et il la fixe, ses yeux réduits à deux petites fentes. Je dois me retenir de ne pas lui trancher le pied alors que ma lame goûte fébrilement à sa peau.
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Black Blood #1
RomanceUn homme qui vit son rêve. Un avenir de misère. De nouveaux dangers à chaque coin de rue. Lysithéa est perdue. Depuis sa tendre enfance Lysithéa ne connait que la chasse, la soif et la terrible envie de changement. Et voilà qu'on lui offre sur un pl...