VINGT-QUATRE

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 Je ne sais pas vraiment ce que Guilhem attends de nous

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Je ne sais pas vraiment ce que Guilhem attends de nous. J'ai du mal à croire qu'il veuille simplement nous déplacer comme des animaux que l'on change de champ dans le simple espoir de leur offrir une herbe plus verte. Je ne sais pas encore si les autres viennent avec nous non plus. Par les autres j'entends Caius et Meredith. Mes t̶r̶a̶î̶t̶r̶e̶s̶ ̶d̶'̶amis. Amis. C'est un mot que je ne pensais pas utiliser un jour.

J'ai le cœur en bandoulière, le morale dans les baskets et l'âme à la dérive quand je pose mon maigre bagage au pied du pont reliant le bateau à la rive. C'est l'équipage de Lidween qui va nous guider et elle-même. Elle ne nous accompagne pas mais elle fait le trajet. Ce n'est pas un long parcours mais il y a quelques détours à faire dont un à Seaford et à Silverbridge. Cela a d'ailleurs failli rendre Ezekiel fou puisqu'il s'agit là de son ancien secteur et je cite : « Je vais être reconnu par absolument toutes les nanas si je descends ! » et Lidween a renchérie en lui rappelant que rien ne l'obligeait à descendre. Ce qui n'a pas manqué de l'irriter puisque pourquoi au bon dieu « devrais je rester cloîtré comme un chien » ?

Pour l'instant seuls Caius et Guilhem se sont installés. Ils ont prit place dans leurs appartements à l'aube et y dorme depuis lors. Je les envie.

Un des pirates aux ordres de Lidween saisit mon sac et le pèse avec dépit, me ramenant brutalement à la réalité.

"Eh bah ma petite dame, c'est pas avec ça que vous survivrez en mer." Dit il en me jetant une œillade inquiète.

Petite dame. Je serais presque vexée par l'adjectif si ce n'était pas là la première fois qu'un inconnu me traite de dame.

"Ne vous en faites pas." Répondis je du tac au tac avec ma froideur naturelle. "Je n'ai pas besoin de manger, je ne peux boire que du sang."

Un silence s'installe. Le pirate ne semble pas choqué.

"Je pensais plutôt au manque de vêtements mais je suppose que c'est déjà un soucis en moins pour nos réserves." Marmonne t-il en jetant mon sac par dessus son épaule.

Je suis surprise et c'est peu dire. Mais Noé à côté de moi semble amusé. Il me donne un léger coup de coude et souffle d'une voix douce :

"Je parle d'expérience delitae mais évite de dévoiler en quoi consiste ton régime à des inconnus."

C'est le nouveau surnom préféré de Noé. De cette même langue que l'on s'obstine à utiliser en ma présence malgré l'incompréhension qui en suit. Si j'en crois ses vagues explication cela signifie delight. Et même ce mot là je ne sais pas ce qu'il veut dire. Il continu de m'appeler "amour" mais seulement lorsque nous sommes clos entre quatre murs ou seuls. Je ne peux m'empêcher de me demander si il a honte de son affection pour moi et essaye de la cacher. Quand bien même ce serait le cas je ne peux pas le blâmer. J'aurais honte aussi. Après tout il est la perfection humaine, son corps a été modelé par un doigt expert et son visage recèle les millions de qualités qu'un humain peut avoir. Et moi ? J'ai beau avoir un joli minois je n'en reste pas moins une créature. Je n'ai pas de formes et de rondeurs comme beaucoup d'hommes en veulent, je n'ai pas de frêles épaules ou de bras délicats. Ma peau est couverte de cicatrises dont certaines qui semblent ne jamais se refermer. Mes bras sont musclés et certaines femmes vieilliraient sans amants pour ce simple défaut. Mes cheveux sont trop longs, en plus de cela ils sont épais et portent chaud mais je ne veux pas les couper. C'est la seule chose que je peux garder, la seule chose qui m'appartienne vraiment et cela depuis que je suis petite. Plus j'y pense moins je comprends l'attirance de Noé pour moi. Plus j'y pense plus je me dis qu'il doit avoir des goûts sérieusement dépravés.

Black Blood #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant