VINGT-SIX

9 0 46
                                        

La semaine qui suivit fut un enfer à vivre. Noé avait l'air de s'en contenter, il faisait comme si de rien était. Ezekiel lui collait aux basques. Il s'agissait là de mes directives mais il avait l'air d'apprécier la compagnie du vampire bien plus que je ne l'eus crû. En toute honnêteté leur amitié grandissante me rendait dingue. Je n'avais jamais vu deux personnes s'entendre aussi bien. Et bien évidemment leur entente allait jusqu'à faire de l'ombre à l'affection que me porte Noé. Nous étions censés partager une chambre, je mentirais si je disais n'avoir rien attendue de cette cohabitation. Mais peu importe puisque de toute manière elle n'a pas eu lieu, les garçons ont décidés de partager une chambre. De ce fait, j'ai dormie seule, constamment rongée par l'anxiété de ne pas être sûre de retrouver Noé le lendemain matin. Et j'ai finie par m'inquiéter pour Ezekiel, à force de suivre Noé partout j'ai crains qu'il ne soit lui aussi prit pour cible.

Cette anxiété grandissante est très vite devenue de la paranoïa.

Je me demandais si le regard en coin de Meredith était une menace.

Si ses clins d'œil étaient des signaux.

Si le bruit contre la coque à trois heure du matin était une attaque.

Si le ronflement irrégulier d'Ezekiel qui filtrait de sous la porte était un appel à l'aide déguisé.

En bref j'ai passée une semaine à ne pas dormir, à déprimer, à être aux aguets, à trop écouter et trop analyser.

Pas de quoi rêver.

De plus Caius n'a fait que nous éviter, de ce fait mis à part les garçons je n'avais personne avec qui rester. Guilhem ne quittait pas son bureau et Lidween restait seule à la proue, le regard dans le vide. Et pour ce qui est de Meredith elle passe son temps à faire le guet sur le mat, la fumée de son cigare et de sa magie embaume l'air et parfois, en plein brouillard, un nuage rose nous recouvre et bloque la vue du capitaine. Les matelots nous ignore, ils restent entre eux et ne parlent qu'à Lidween. La seule fois où j'ai entendue leurs voix c'était pour me demander ce que je voulais faire de mes bagages.

Aujourd'hui je sais que je vais encore m'ennuyer. Je prends d'avance un livre de la bibliothèque dans ma chambre avant de sortir. J'ai pris l'habitude de me coiffer et de m'habiller le plus simplement possible. Être en mer n'est pas agréable. Je savais que l'eau n'était pas mon point fort mais cela s'affirme avec ce voyage.

Ce n'est pas que je ne sais pas nager, non plus que je crains les profondeurs. Je n'aime simplement pas le manque d'équilibre et cette impression constante que je vais passer par dessus bord.

En parcourant le couloir qui sépare les chambres et mène à la proue je réalise qu'il doit encore être tôt. Les ronflements sont encore audibles au travers des portes que j'ignore sur mon passage. Et surtout Noé n'est pas sorti, la porte de sa chambre à lui et Ezekiel est fermé. Il ne laisse jamais une porte fermé derrière lui. Une mauvaise habitude vampirique qui lui vient de cette crainte infondé qu'il ne puisse pas rentrer dans une pièce fermée alors qu'il peut passer au travers des murs. Un pas, deux pas, trois pas, je ralentis un peu en passant devant leur porte. Je n'entends rien si ce n'est leurs respirations paisibles. Un pas, deux pas, trois pas, j'accélère pour ne pas être vu à attendre devant leur chambre.

Une fois dehors je réalise qu'il est en effet très tôt. Tôt n'est même pas le bon mot. Il fait encore sombre et seuls quelques marins restent éveiller pour guetter les vagues et leurs caprices. Lidween est dans sa cabine, je vois la faible lumière qui en émane. Une chevelure dorée plutôt crème brille légèrement sous les reflets de la flamme.

Je soupire. Pour elle et pour moi car je crains que nous ne soyons pas si différentes.

Serrant mon pathétique petit livre contre ma poitrine je m'en vais à l'opposé d'elle, m'appuyant au rebord de la poupe. Je regarde le titre auquel je n'avais même pas prêtée attention en le sortant de son étagère.

Black Blood #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant