Chapitre 7

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PDV William

Une chose est sûre, elle est plus rapide pour me fuir que pour me répondre. J'en suis déstabilisé un instant, tant je ne m'attendais pas à ce qu'elle déguerpisse aussi vite que ses jambes ne lui permettaient.

Sur toutes les personnes que j'ai un jour engueulées pour une raison ou pour une autre, je crois qu'elle est la première à oser détaler. Je ne sais pas si j'en suis impressionné, ou foutrement agacé. Un mélange des deux, sûrement, mais mes nerfs encore à vif de cet échange, ou plutôt de ce monologue, me font pencher vers la deuxième option. Les regards que déposent les autres étudiants sur moi en sortant de la pièce me foutent un peu plus en rogne, et je dois me retenir de râler une nouvelle fois. Quand est-ce, la dernière fois que je me suis agacé à ce point ? Ça remonte. Parce que ça fait un bon moment qu'un étudiant n'a pas à ce point dénaturé tout ce pourquoi je vis.

Je saisis la feuille de papier sur laquelle cette inconnue gribouillait, et apprends son prénom dans un coin de la feuille. Kanako. Son prénom, tout comme son visage, ne me disent rien. Et la qualité de son dessin, si tant est qu'on puisse le nommer ainsi, me prouve qu'elle n'est pas une admission de talent. Et ça m'emmerde, profondément.

— Je me doutais des bruits de couloir à votre sujet dès lors que vous reviendriez, mais je n'en attendais pas tant.

Je relève les yeux vers le professeur qui entre dans la pièce, une expression un brin amusée sur le visage.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Un dessin préparatoire, si je ne m'abuse.

— Vous ne pouvez sérieusement pas considérer que s'en est un. Même Alexandre a fait mieux, et pourtant, ce n'était pas bien brillant.

Il affiche un petit sourire avant de poser les dossiers qu'il tenait sur son bureau. Je le vois réfléchir, comme si il cherchait ses mots.

— Je m'attendais à ce que vous ne fassiez pas de cadeaux à vos camarades, c'est même pour cela que je vous ai choisi, indépendamment de votre talent. Ils ont besoin d'une personne comme vous pour exploiter leur plein potentiel.

Je m'avance vers lui et plaque, avec presque trop de hargne, la feuille devant lui.

— Vous pensez qu'il y a du potentiel, là ?

— Il ne vous aura pas échappé que Mademoiselle Kanako est une nouvelle élève.

— Cela n'explique pas pourquoi elle est moins bonne qu'une première année. Je n'ai pas souvenir qu'on accepte une telle médiocrité à la NSA.

— C'est ce que vous lui avez dit ?

— Entre autre. J'ai eu toute l'occasion de parler puisque visiblement elle n'a pas la politesse nécessaire pour répondre.

Il pince les lèvres, mi-amusé, mi-embêté. Entre le comportement des autres et le sien, je commence sérieusement à me demander ce qu'il se passe ici. Et j'ai comme l'impression que je vais me sentir con.

— Est-ce vous lui avez reproché son silence ?

Mes sourcils se froncent et mon énervement se calme face à mes questionnements. Il m'intrigue.

— En effet.

— Kanako vient de la section chant. C'était une excellente élève. Pour faire un comparatif, c'était vous, dans son cursus. Avec un caractère nettement plus agréable.

Je ne relève pas la pique, et avant même qu'il n'ait prononcé ses mots, je comprends ce qu'il va m'annoncer.

— Elle a perdu sa voix. Elle est devenue muette.

Amour Muet - Aime-Moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant