PDV Kanako
Si Natt le pouvait, il me sauterait dans les bras. Malheureusement pour lui, son cousin veille au grain, et lui jette un regard dissuasif en lui indiquant par la suite le plâtre.
— Évite d'empirer ce que tu as déjà fait.
Je ne retiens pas un sourire devant la mine défaite qu'affiche le blond, avant que Charlotte ne nous rejoigne. Elle lit consciemment les recommandations du médecin, pendant que William disparaît avec mes valises, à priori sur une chambre en rez-de-chaussée, cette fois-ci.
Il a catégoriquement refusé que je reste chez moi, plâtrée, tant qu'Obaachan n'est pas de retour. Et encore chamboulée de notre proximité quelques temps avant, je n'ai pas réussi à insister. M'aurait-il écouté, de toute façon ? Je crois me rappeler qu'il a dit « C'est non négociable », avant de se retourner, pour éviter que je ne lui tende l'écran avec un nouveau refus. Si je me sens gênée de m'imposer ainsi dans leur quotidien et leur maison, je dois dire qu'au fond, je suis rassurée. L'idée de me retrouver seule est déjà difficile, alors seule et en boitant, très peu pour moi.
— Un peu de féminin dans cette maison, ce n'est pas trop tôt.
Le sourire de Charlotte me fait du bien. Cette femme est un soleil, un baume que l'on applique sur son cœur quand les blessures se font trop nombreuses. Elle me tend mon téléphone, oublié ici et je la remercie d'un signe de tête.
— Il faut dire que c'est la maison des garçons, de base.
— Chut ma petite Kana, ne leurs rappelle pas que je me suis imposée, ils risqueraient de m'éjecter.
— Ils t'aiment trop pour ça.
— Oh tu sais, au quotidien, je suis invivable.
Je ris en secouant la tête et elle semble ravie de son effet.
— Ne le nie pas, tu n'as pas encore eu l'occasion de le voir. Mais je te rassure, c'est aussi exactement ce qui me rend exceptionnelle.
Et je n'en doute pas, tant je trouve qu'elle l'est dans son entièreté. Si je ne suis pas du genre à affirmer que certains humains puissent être exempt de défauts, j'ai du mal à voir ceux qui pourraient dégrader la valeur de Charlotte.
— Et puis de toute façon, Natt est plus invivable que moi.
— Hé !
Elle ignore le cri de son petit-ami et m'emmène à mon rythme en direction du canapé. Je suis à peine assise que ce dernier a avancé un pouf devant moi, déposé un coussin sur celui-ci, et m'enjoint à y poser mon pied.
— Tu veux boire quelque chose, de l'eau, un café, un chocolat ?
Je n'ai pas le temps de lui répondre que déjà, il enchaîne.
— Ou bien manger ? Je peux te préparer n'importe quoi. Et si je ne sais pas faire, je commanderai. Ou alors, je commande un chef. Oui, je devrais faire ça, faire venir un chef.
— Natt.
— On devrait demander à une infirmière de passer, aussi.
— Natt.
— Oh, et un masseur. Quand on est immobilisé, il faut s'assurer que le sang circule bien et que les muscles ne sont pas endoloris. Je connais un bon masseur. Trois, ou quatre fois par semaine ? Sûrement...
Le coussin que lui envoie Charlotte en pleine tête a pour effet de le faire taire, là où elle n'y parvenait pas quelques minutes auparavant. Je ris un moment devant la mine désabusée de ce dernier, qui interroge la jeune femme sur les raisons de son geste.
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Amour Muet - Aime-Moi Tome 2
Storie d'amoreKanako a mal. Toute sa vie, elle n'a trouvé qu'une seule façon d'exprimer ses émotions avec toute la force dont elles avaient besoin. Chanter. Plus naturel que de parler, pour elle. Ce n'était pas juste une passion. Mais un art de vivre. Une manièr...