Amour Muet - Aime-Moi Tome 2

Chapitre 31

Joyeux Noël ! Me revoilà, et on reprend les publications ;)

PDV William

Deux mots. Deux petits mots qui ont été prononcés sans que mon esprit ne puisse y songer. Ce qu'ils contiennent, je n'en sais pas plus qu'elle. Et je ne veux pas en savoir plus.

Je me contente d'observer sa réaction. Ce rougissement, ce sourire, mais surtout, ce regard qui s'illumine mais reste profondément plongé dans le mien.

De toutes les expressions que j'ai pu voir s'afficher sur le visage de ce petit zombie ces dernières semaines, ce mélange m'apparaît être celui que je préfère. Là, dans cette expression, il y a l'harmonie parfaite. La lumière, la couleur, l'éclat. La toile qu'elle est se dévoile à moi, encore une fois. Toujours plus complexe et complète, et chaque fois, un peu plus attrayante.

Kanako est une œuvre, pas au sens matériel du mot, non, mais bien au sens artistique. Et c'est bien la première fois que je trouve ce nom associable à être humain. C'est la première fois que mon âme me souffle que je souhaite garder cette œuvre pour moi. Une pensée totalement égoïste que je mets dans un coin de mon esprit, tandis que je muselle cette partie de moi qui me souffle des idées que je ne veux – que je ne suis pas prêt – à entendre.

Je devrais me mettre en colère des messes basses qu'effectue Charlotte auprès d'elle. Je ne devrais même pas être ici, mais plutôt dans mon atelier, un verre à la main, à maudire les deux hommes qu'elle vient de me citer. C'est ainsi que j'ai toujours fonctionné, indépendamment du fait que ce soit une bonne ou une mauvaise idée. Pourtant cette fois, je suis là, et ne suis pas en colère. Exactement pour la raison que je viens de lui citer.

De toute façon, je l'aurais bien imaginée débarquer une nouvelle fois chez moi pour me retirer ma bouteille, et me foutre un pinceau entre les mains. Elle a un caractère mordant, quand on la laisse se dévoiler. Une facette d'elle que j'ai toujours apprécier de contempler.

— Ne devrait-on pas se mettre à la peinture ?

Avant que mes pensées partent dans des directions que je ne suis pas prêt à les voir aborder. Elle hoche la tête, avant de détourner le regard pour aller s'asseoir devant une toile, plus loin, déjà commencée. Elle la fixe un instant, puis deux, sans réagir pour autant. Le pinceau dans sa main reste en suspens, comme si elle était incapable de le poser sur la surface blanche.

— Tu es bloquée, petit zombie ?

Elle pose son regard sur moi, rougit un peu plus et le détourne bien vite. Je laisse un sourire monter au coin de mes lèvres, mais ne dit rien de plus. Une partie curieuse de mon être, que je ne pensais pas posséder, aimerait déterminer tout ce qui lui passe par la tête. Une autre partie de moi, que je ne saurai nommer, me souffle que je le sais déjà : elle se repasse mes mots en boucle. Ses doigts pianotent rapidement qu'elle ne parvient pas à peindre.

— Pourquoi cela ?

Elle hausse les épaules, sans oser joindre ses yeux aux miens une nouvelle fois.

— Je ne sais pas. C'est comme si rien ne venait. Pourtant, il s'agit seulement de reproduire une photo...

Je ne dis rien pendant un instant, suffisant pour qu'elle écrive encore un peu plus ses pensées. Je détermine bien rapidement qu'une nouvelle fois, elle les a tapées avant d'y réfléchir. Elle détourne bien vite l'écran, mais j'ai déjà eu le temps de lire ses lignes.

— Je vais finir de te mettre en colère...

Je lève les yeux au ciel, autant amusé qu'agacé.

— Tu as peur que je joue les tyrans avec toi ?

— Non !

Elle plante son regard dans le mien, sursaute, rougit, et le détourne. Un enchaînement de mouvements qu'elle répète bien trop souvent ces derniers temps, et dont je ne plains pourtant pas.