19-entailles profondes

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Elle était faible. C'était ce qu'elle était. Cassable. Brisée. Tout ça parce qu'elle était trop fragile. Et quand elle avait l'impression de perdre tout le contrôle de sa tête, que son esprit devenait chaotique et qu'elle s'y perdait à l'intérieur, la seule manière de sortir du labyrinthe des murs de sa tête était de prendre le contrôle. Elle n'avait jamais le contrôle de son esprit ; il pensait juste, tout le temps. Mais elle pouvait contrôler son corps. Elle pouvait lui faire autant de mal qu'elle le pouvait pour qu'il comprenne à quel point elle agonisait. Elle voulait que la douleur qu'elle ressentait dans son esprit chaotique s'en aille et s'envole dans ses bras ouverts. Alors elle a prit le contrôle. Elle s'est faite du mal. Parce qu'elle en avait besoin. Parce que c'est ce qu'elle méritait.

Elle a recommencé.

Au milieu de la nuit, Amelia s'était levée et s'est jetée sur le premier objet coupant qu'elle trouvait dans la salle de bain. Sa vue était brouillée. Elle ne savait même pas pourquoi elle pleurait. Elle était trop sensible. Pourquoi pleurer alors que des gens ont bien pire ? Et maintenant c'était comme si un interrupteur s'était éteint et son esprit a refusé de voir ce qu'elle s'affligeait. Comme à chaque fois, sa conscience devait se cacher dans un endroit étroit de sa tête et attendait, effrayé, que ce massacre s'arrête. Quand le métal a tranché sa peau, le soulagement l'a soutenue. Elle ne pouvait plus ressentir de la tristesse, de la culpabilité ou de la peur, la douleur était la seule chose qui la gardait debout. Et le soulagement, l'impression d'être en paix quelques instants s'était rapidement effacé et alors, elle a refait le même geste. Et elle a recommencé jusqu'à ce que la douleur l'emportait sur le calme. Et alors que le chaos régnait toujours dans sa tête sans que rien ne soit arrangé, Amelia a abandonné. Même cette punition qu'elle s'affligeait ne lui permettait pas de respirer un peu mieux, elle avait juste... mal. Cette souffrance persistait dans son esprit et la torturait tellement qu'elle voulait que ce supplice s'arrête.
Elle a pensé à se fracasser le crâne contre le mur pour s'évanouir, au moins ça ne fera plus mal- Mais Eris ? Yenera ? Elles s'inquièteront. Elles n'ont pas besoin de se soucier d'elle, elles ont d'autre problème. Et elle ne voulait pas d'aide. Amelia ne voulait pas que quelqu'un dépense son énergie dans une cause déjà perdue, sur quelqu'un de déjà noyé dans les profondeurs de sa propre existence.

Amelia était fragile. Elle le savait. Sinon elle ne se mettrait pas à sangloter au milieu de la nuit avec une lame ensanglantée à côté d'elle en laissant la culpabilité lui monter à la gorge. Elle était lâche. Elle ne voulait plus mentir à qui que ce soit, plus jamais. C'était trop. Elle venait de lui mentir à lui, à son père. Elle le regrettait déjà. Elle était faible. Elle avait peur. Elle avait tellement peur des représailles, ce n'était qu'une question de temps avec que son père ne s'aperçoit de son mensonge. Amelia était fragile, lâche, faible mais elle n'était pas égoïste. Ou peut-être que si. Peut-être qu'elle voulait protéger Zephy de son père parce qu'elle avait besoin de savoir sa sœur en sécurité pour sa propre paix.

Amelia se détestait d'avoir fait ça à Zephy. Mais elle connaissait leur père, elle devait pousser son mensonge aussi loin que possible pour qu'il se rapproche le plus de la vérité. Amelia se détestait d'avoir volontairement fait boire à Zephy une potion qui la rendrait malade.

Amelia s'est recouchée dans son lit et ses poignets ont continué de couler abondamment dans ses draps.

Bonsoir papa,
Zephy ne se sent pas bien ces jours-ci. Juste une grippe, ne t'inquiète pas. Tu la connais, en hiver il suffit qu'elle ne se couvre pas assez et elle tombe malade. Madame Pomfresh s'occupe bien d'elle.
Je t'écris car je ne sais pas si Zephy sera suffisamment en forme pour venir durant les vacances, sa fièvre lui use toute son énergie et elle dort toute la journée. J'espère qu'elle se rétablira vite.

MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant