Maudite

02-début de la fin

Amelia n'est jamais arrivée une fois en retard en classe. De toute sa vie, elle a toujours été à l'heure assise, prête à travailler, à la sonnerie. Et cela annonçait être une mauvaise journée aujourd'hui puisque pour la première fois en 17 ans, elle était en retard. Avec Rogue en plus. Il allait la tuer. Non. Il allait l'humilier, la torturer et ensuite la tuer. Quelle idée de venir en retard avec Rogue. Cela ne faisait qu'une semaine que Poudlard avait repris et pourtant pour la première elle était en retard. Sans raison particulière en plus. Oh si. Draco. Draco Malfoy.

Il était une raison suffisante pour ne plus aller en cour du tout.

Autant que physiquement, moralement l'espionner pour ensuite tout raconter à Rogue lui était impossible. Amelia Williams avait la mauvaise habitude de tout le temps se mettre à la place des gens. C'était un automatisme chez elle. Elle devait toujours penser avant d'ouvrir la bouche pour ne blesser personne. Et elle a toujours été comme ça. Et de s'imaginer quelqu'un l'observer, la guetter et récolter des informations sur elle était la chose la plus intrusive possible. Mais elle n'avait pas le choix.

Oh que si elle l'avait. Elle pouvait cesser d'être égoïste une seconde et abandonner cette tâche. Quelqu'un d'autre le fera mais elle gardera ses mains propres sans les salir dans de pathétiques mensonges parfaitement cousu par son esprit vif de Serdaigle. Et si elle le faisait, si elle jetait bel et bien l'éponge, au pire, elle se fera expulser, elle ira à Beaubâton et elle pourra apprendre le français. Il faut trouver des avantages à chaque situation. Mais elle était égoïste. Elle était égoïste et immorale. Parce qu'elle allait le faire. Parce qu'elle devait le faire. Parce qu'elle ne pensait qu'à sa petite personne et ses problèmes. A personne d'autre. Parce qu'elle était égoïste.

Ça l'envoya des frissons dans toute la colonne vertébrale.

Elle était égoïste de penser seulement à elle. Elle ne pensait qu'à elle. Qu'à ses problèmes et cette mission pouvait tous les régler. Tous ses problèmes seront partis... De simples petits problèmes qu'elle arrivait à peine à gérer... Non. Elle ne pouvait pas faire ça. Les gens ont bien pire qu'elle. Elle devait arrêter de se blâmer. Elle devait arrêter de trop réfléchir. Arrêter une seconde la turbine qui tourne à mille allure dans son cerveau. C'est clair et facile : espionner Malfoy, en parler à Rogue et ça durant une année. Qu'est-ce qui pouvait mal se passer ?

Beaucoup de chose. Énormément de chose.

C'était étrange. Elle ne voulait pas aller en classe. Il était de notoriété publique qu'elle adorait l'école, elle aimait apprendre et s'entendait bien avec ses professeurs. Certains disait qu'elle était une élève brillante avec des notes excellentes mais ses parents, en particulier pour son père, ce n'était jamais assez. Elle n'a jamais atteint la première place en classe. Et cette année, après les menaces de son père, elle devait prendre la place d'Hermione ou sinon, elle fera un voyage simple en France.

Elle devait se confronter à l'idée qu'elle ira à Beaubâton l'année prochaine. Car elle savait qu'Hermione sera toujours au-dessus d'elle, ça n'as jamais changé et cette année ne fera certainement pas exception. En sachant surtout qu'elle devait déjà dépasser Malfoy dans le classement. Un stupide classement qui l'angoissait chaque année. Elle soupira rien qu'à l'idée de laisser derrière elle sa vie à Poudlard.

Amelia, après des minutes affreuses de course à travers les couloirs de l'école, était finalement arrivée à la hauteur de sa classe de défense contre les forces du mal. Rogue allait vraiment le tuer. C'était certain. Quand elle se mit à toquer à la porte, elle sentait le poids de son retard peser lourd sur ses épaules.

Des yeux d'obsidiennes lui ouvrit la porte et en y repensant, elle devait avoir l'air pathétique de s'excuser avec supplications pour un petit retard d'à peine 5 minutes. Mais Rogue leva juste en sourcil en la regardant avec un mépris qui lui donnait envie de le baffer. Evidemment, c'était son professeur, elle ne pouvait pas faire ça. Mais c'était tellement tentant.