41-convocation attendue

19 1 0
                                    

Amelia ne comprenait pas comment elle en est arrivée ici.

Elle était assise sur le sol de la salle de bain, dans la pénombre de la nuit avec la porte scellée. Elle n'avait pas prévu de faire cela. Elle avait eu l'intention d'arrêter, de ne plus se faire ça à elle-même. Mais elle n'a pas pu s'en empêcher. Parfois, la douleur intense qu'elle ressentait dans sa poitrine était tellement insupportable que pour vivre avec, elle devait se distraire en s'infligeant une autre douleur. Ou parfois elle pensait juste qu'elle méritait d'avoir mal. Elle l'acceptait et s'adonnait à la tâche de se punir. Mais ce soir, ce n'était pas le cas. Elle souffrait déjà suffisamment de l'absence d'un certain blond et elle savait que psychologiquement, elle ne supporterait pas d'endurer un autre type de souffrance.

Amelia s'était dit un millier de fois dans la minute où elle était entrée dans cette salle de bain, que c'était vraiment une mauvaise idée, qu'elle ne devait pas faire ça. Mais en écoutant les bruissements dans ses oreilles, elle comprenait que ça ira mieux ensuite. Amelia connaissait les dangers de l'automutilation ; elle avait lu un livre sur un homme qui s'ouvrait les veines parce qu'il n'était pas heureux. Amelia avait trouvé cela ridicule. Si tu n'es pas heureux, fait tout pour l'être alors. Mais le monde ne se divisait pas en noir et blanc et les couleurs qu'Amelia enfant voyait, Amelia de maintenant les constataient beaucoup plus nuancées et complexes. Les dangers de l'automutilation était comme toute chose ; la dépendance. La dépendance de se faire du mal. De se punir. Par dépendance on entend le sentiment de nécessité. Dans la dépendance on perd toute notion de bien et de mal, on en a juste besoin. Parfois trop aveugle par cette dépendance et pensant qu'il en on besoin pour vivre, ils plongent. Et à la fin, l'homme dans le livre, meurt. En réalité, il est mort d'une tumeurs qui était collée à son gros intestin. Personne n'en avait été au courant et il est mort comme ça.

Amelia n'avait pas compris cette chute abominable. Elle avait pensé qu'il se suiciderait plutôt. Mais ensuite, avec le recul, cela avait bien été un suicide. Certaine personne fument en espérant qu'ils attraperont un cancer et mourront, d'autre ne mangent plus en pensant qu'ils seront mort de malnutrition et certain ignore leur maladie en se réjouissant qu'elle les emporte.

Amelia connaissait le danger qu'elle encourait en se prêtant à ce genre de pratique. La dépendance avec ça. La dépendance avec la mort. Mais Amelia n'avait pas envie de mourir. Elle voulait juste ne plus avoir mal. Elle ne voulait plus souffrir comme elle agonisait maintenant sur le sol de cette salle de bain. Mais rien ne s'était jamais arrangé et on n'avait jamais essayé qu'elle aille mieux. Papa disait qu'elle devait s'habituer à avoir mal. Amelia s'habituait aux dimanches qu'elle passait à la maison, aux cris de son papa à son encontre, mais elle ne s'habituait jamais à la douleur. Malgré les années, malgré le temps qui passait, Amelia était toujours étonnée de ressentir ses os chauffés à blanc à cause de la souffrance qui menaçait de les briser en mille morceaux. Cela n'importait pas les efforts qu'elle mettait pour essayer d'ignorer la douleur, cela n'était pas important de savoir combien elle serrait les dents pour ne plus avoir mal, elle souffrait. Et elle en avait honte. La seule personne qui savait qu'elle souffrait est morte par sa faute, et elle se détestait pour ça. Alors elle n'avait plus eu le courage de montrer où elle avait mal. Max pensait que c'était plutôt une souffrance mentale, il devait se dire qu'elle était une pauvre fille qui n'était jamais passée au-dessus de la mort de sa famille, et elle avait accepté qu'il la voit comme ça. Mais la douleur était bel et bien là, physiquement. Au cœur. C'était comme si quelqu'un ouvrait sa cage thoracique sauvagement, et broyait ses battements en s'assurant qu'elle ne puisse plus en respirer. Parfois elle avait cette sensation d'écrasement de son cœur alors que des ongles se plantait à l'intérieur, mais parfois c'était plutôt une sensation brûlante. Ce n'était pas agréable. Elle avait littéralement l'impression que son cœur prenait feu. Là respirer était impossible. Alors qu'elle avait l'impression de suffoquer, elle fermait les yeux et se refugiait dans un coin de sa tête en espérant que cette crise allait bientôt s'arrêter. Mais même si elle ne ressentait plus cette sensation de brûlure, se remettre sur pieds après était aussi une autre part d'agonie. Et Amelia ne pouvait pas s'empêcher d'avoir honte. Parce qu'elle était persuadée que quelque chose n'allait pas chez elle.

MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant