26-létal

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Draco l'a encore ignorée.

Amelia n'était même plus étonnée. Au contraire, elle s'y était attendue. À chaque fois qu'il s'ouvrait à elle, il finissait toujours par fuir et l'ignorer. Après qu'ils se soient embrassés à Noël, il ne lui avait plus parlé pendant un mois et Amelia sentait qu'à présent, ce cycle recommençait et qu'il était décidé à ne plus lui parler.

Elle avait pourtant essayé de renouer le contact avec lui, en lui glissant des mots dans sa poche pour leur rendez-vous à la Tour d'Astronomie et elle l'attendait durant des heures mais il n'est jamais venu. Alors elle tentait des approches quand il était seul dans un couloir ou dans la bibliothèque, mais il faisait comme s'il ne la connaissait pas et passait devant elle sans un clignement des yeux.

Évidemment cela la vexait, évidemment qu'elle pensait qu'elle devait arrêter de courir après quelque chose d'impossible à rattraper, mais elle était quelqu'un d'obstiné et lâcher l'affaire n'était pas une option ; surtout pas avec le professeur Rogue qui lui mettait de plus en plus de pression plus les semaines passaient.

Amelia était blessée. Elle savait que c'était ridicule d'être blessée par lui, mais elle l'était. Ça l'agaçait au-delà de l'inimaginable de savoir qu'à chaque fois elle ferait un pas vers lui, il en fera trois en arrière. Ses efforts ne payaient pas et il n'y avait rien de pire que d'avancer dans le vide. Après tout ça, elle arrivait quand même à la case départ- Et ensuite elle se rendait compte qu'elle n'avait jamais bougée de cette case, et cela avait tendance à la mettre à bout.

Alors gentiment, Amelia avait arrêté d'aller à la Tour d'Astronomie, elle avait cessé de lui glisser des mots dans sa poche, elle avait même arrêté de le regarder, même s'il lui fallait toute la volonté du monde pour ne pas juste tourner son regard vers lui une petite seconde. Et ce schéma là a bien duré deux semaines. Deux longues semaines à s'ennuyer et décevoir Rogue quand elle venait dans son bureau bredouille.

Et c'était après plusieurs longues heures plongée dans l'ennuie de ses devoirs, qu'Amelia avait laissé tomber sa plume et avait finalement compris qu'il la fuyait. Il ne l'ignorait pas mais la fuyait. Parce qu'il avait honte. Avec plus de recul, Amelia s'aperçut qu'elle avait vu une émotion sur le visage du blond ressemblant étrangement à de la honte sur ses traits. Ça ne pouvait qu'être ceci puisqu'elle se rappelait en avoir été étonnée car c'était la première fois qu'elle voyait cette expression sur son visage. C'était bel et bien de la honte. Cela ne pouvait qu'être cela. Amelia connaissait ce sentiment par cœur ; les frissons désagréables qui se propagent dans ton corps et te donnent juste l'envie de baisser la tête pour que personne ne puisse voir ton visage peint de cramoisi honteux. Ce sentiment qui fait trembler tes doigts et mordre ta lèvre jusqu'au sang en essayant d'oublier ce qui venait de se passer. La sensation du goût âcre sur la langue après avoir dit quelque chose de mal. L'impression immonde que tout le monde a les yeux rivés sur toi et que tu peux presque entendre leurs pensées désobligeantes. Amelia avait connu ce sentiment tellement de fois, on s'était assurée toute sa vie qu'elle avait honte de la personne qu'elle était pour finalement que ce sentiment devienne quelque chose de commun dans son corps.

Draco avait eu honte pas parce qu'il avait pleuré, il avait eu honte parce qu'il pensait être comme son  père. Amelia ne devait même pas être à la moitié de l'équation qu'était Draco, mais ce moment lui avait montré beaucoup de chose sur lui. Peut-être qu'elle avait même été la seule personne à qu'il s'est livré comme ça. Il avait été la seule personne à qui elle s'était livrée comme ça et cela l'étonnait toujours autant. Mais contrairement à lui, elle l'avait accepté. Lui la fuyait toujours.

Elle se demandait constamment à quoi elle s'en était réduis pour en arriver  là. À vouloir prendre soin de quelqu'un d'aussi infame que lui. Elle pensait qu'il devait être aussi seul qu'elle ne l'était. Elle était tellement seule, visiblement, qu'elle acceptait sans se poser la question qu'il la touche. Elle devait être aussi affamée que lui de contact humain- de sentir la chaleur humaine sur la sienne ou juste de parler avec quelqu'un qui l'écoutait. Draco était la personne la plus proche de ce qu'elle avait d'amis en ce moment- Max ne lui parlait absolument plus et Eris et Yenera avaient d'autres priorités beaucoup plus importantes qu'elle. Compréhensible. Et de plus, Amelia ne voulait pas les embêter avec les choses qui lui tracassent le cerveau. Mais maintenant, Draco la fuyait et elle ne pouvait rien faire de plus que d'attendre.

MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant