Chapitre 2

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3 Greenland Pl

Il est deux heures du matin et le bar fait sa fermeture. Les Dark je ne sais quoi, qui sont au final les Dark Flames of Hellfire, viennent de terminer leur concert. C'était pas si mal. On a tous été agréablement surpris. J'ai pu faire plus ample connaissance avec Al et Eli qui sont très sympathiques malgré leurs apparences frigides.
Nous sommes tout les quatre devant le bar à discuter de tout et de rien. Il va falloir rentrer chez soi et pour ma part, rentrer chez Roy. Rien que d'y penser, l'angoisse me prend au ventre. Et le nombre de bières que j'ai descendu n'aide pas à apaiser le tout.
- Les gars moi je vous laisse ici, j'ai ma caisse qui est garée je ne sais où faut que je la retrouves, je vais me marrer...

Al nous adresse un signe de la main et je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas une bonne idée de le laisser partir. Mais pour être honnête il me fait un peu peur. Je n'ai pas envie de me risquer à le froisser. Mais vu dans l'état où il est, j'espère pour lui qu'il ne croisera aucun flic sur sa route.
- Tu veux bien me ramener ? Lui demande Eli. J'ai vraiment pas envie de prendre l'underground à cette heure ci...

Al lui fait un signe de la main en guise de réponse.
- À une prochaine, me cri Eli tout en rejoignant Al en trottinant.

Je lui répond d'un hochement de tête et ils disparaissent ensemble au bout de la ruelle sombre.
- Il va conduire là? Après ses ... douze pintes ?

- Ne t'inquiète pas pour lui Vi, c'est pas une première et sûrement pas une dernière. Al sait ce qu'il fait, me répond Rich en tirant une latte sur sa clope mal roulée. Tu vas faire quoi toi? Enchérit-il sachant très bien que je n'ai aucune envie de rentrer chez Roy.

- À ce propos, mon petit Richard ... il croise les bras sur son torse et me toise de haut en bas, tu penses que je pourrais squatter chez toi cette nuit...?

Je lui fais un grand sourire mais son air d'armoire à glace fermé à toute discussion ne bouge pas.
- Et il va dire quoi l'autre ?

- On s'en tape. De toute façon que je rentres maintenant ou demain matin, il sera fou de rage. Je sors mon téléphone de ma poche et lui montres mon centre de notifications. Regarde, il est déjà en train de me harceler comme d'habitude. Je suis fatiguée j'ai pas envie d'entendre son cinéma ce soir. S'il te plais Rich...

- C'est d'accord... mais je te raccompagnes demain matin.

- Tu sais très bien que c'est hors de question Rich, n'oublie pas tu es mon amie Roxane.

Il lève les yeux au ciel et se met à marcher en direction de sa moto. Il me tend un casque et enfile le siens.
Au yeux de Roy, Rich est Roxane. Une fille que j'ai connu à la fac il y a de ça quelques années qui est ma meilleure amie. C'est assez loin de la vérité quand on sait que j'ai connu Rich dans un bar, un soir où Roy avait encore fait une crise et mise à la porte. Il m'était apparu comme un ange sauveur et m'avait proposé de dormir chez lui après lui avoir raconté tout mes malheurs. En rentrant j'avais dit à Roy que j'avais croisé Roxane, ma copine de fac. Il a bien une gueule à s'appeler Roxane tient, tu parles...

Nous arrivons rapidement sur Arrington Road et Rich se gare devant sa porte bleue. La 156. Il habite au troisième et dernier étage d'un immeuble typique londonien. Briques rouges, porte colorée et petits garde corps en métal au rez de chaussée. Il passe la porte après avoir attaché un antivol à son bolide et nous grimpons les escaliers en bois dans un fracas assourdissant. Ses voisins doivent nous détester. Il ouvre la porte de son appartement et je me jette sur son canapé en cuir. J'enlève mes docs qui commencent à me faire mal aux pieds. J'ai pas mal marché aujourd'hui, je m'en serais bien passé mais ma carte d'abonnement de bus est expirée. Je dois attendre le paiement du projet que j'ai envoyé tout à l'heure pour le refaire.
- Tu veux boire quelque chose ? Me demande Rich en me sortant de mes pensées.

- Non merci c'est gentil. Encore un verre et je penses que je vomis là mec...

- On va éviter, déjà que je fais office de tavernier en t'offrant l'hospice je vais pas en plus nettoyer ton vomis ou tenir tes cheveux au dessus de la cuvette. Très peu pour moi.

- Quel galanterie.

- Va crever Vi. Il ne ponctue sa phrase par un gracieux doigt d'honneur.

Je pouffe de rire et Rich enlève ses chaussures à son tour avant de s'affaler sur le canapé non loin de moi. Il enlève sa veste laissant apparaître ses bras emplis de tatouages. J'ai beau les avoir vu des centaines de fois je l'observe toujours. Et à chaque fois il en rigole. À côté de lui, mon corps a l'air vide malgré la dizaine de tatouages que j'arbore. Je pense que lui a dû arrêter de tenir un compte précis depuis un moment.
- Tu vas rester longtemps comme ça ?

- Quoi?

- Avec l'autre machin là !

Et c'est reparti...
- Écoutes Rich, c'est la seule solution que j'ai pour l'instant. Alors je me tais je subis et on verra bien quand je pourrais partir mais pour l'instant c'est pas le cas. J'ai à peine de quoi manger alors me prendre un appart...

- T'as pensé à une coloc ?

- Avec qui ? Ne me dis pas que tu aurais une place pour moi dans ton vingt mètres carré ?

- Mais il est très bien mon vingt mètres carré je t'emmerdes, s'offusque mon ami.

- Je n'ai pas dis le contraire, jusque qu'il n'y a pas assez de place pour deux au quotidien voilà tout.

- T'as pas tord... mais je peux demander à Eli et Al. Eux ils ont des appartements plus grands, on sait jamais.

- Rich j'ai pas envie de quémander un toit. Je suis déjà assez gênée de venir squatter souvent chez toi c'est pas pour passer pour une moins que rien devant tes amis.

Rich se redresse dans le fauteuil et prend ma main dans la sienne.
- Écoutes Vi, je sais que c'est pas ton genre mais là je penses que tu ne vas plus avoir trop le choix. Tu ne vas pas supporter ce gars encore des années. Tu as vu ce qu'il te fais subir? Tu ne mérites pas ça.

- Je le sais Rich mais pour l'instant c'est comme ça. Fin de la discussion.

Mon ami se lèves du canapé en passant sa main dans ses cheveux rouge sang. Il soupire et revient rapidement avec un plaid et un oreiller.
- C'est la dernière fois Vi, la prochaine fois je lui met une balle dans la tête et on en parle plus.

Je pouffe de rire en pensant à un combat entre Rich et Roy. Ça ne serait pas si drôle. Roy et ses élans de colère finiraient par briser mon ami en deux. Surtout si il sait que c'est lui la fameuse Roxanne chez qui je restes dormir quelques soirs par semaine. Ce mec est pire que possessif. Je n'ai même pas les mots.
- Bonne nuit Vi, me dit Rich depuis son lit, à trente centimètres du canapé où je suis installée.

- Bonne nuit Rich, merci encore.

Il ne répond rien. Je pose ma tête sur l'oreiller, essayant de trouver le sommeil. Certes le vieux cuir est froid et moite à la fois. Ce n'est pas très confortable mais au moins je suis en sécurité et il ne peux rien m'arriver, pour cette nuit au moins.

Bloody HandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant