281 Royal College St, Camden Town
Voilà maintenant plus de vingts minutes que je suis dans la salle de bain et que je n'ose pas en sortir. Je ne veux pas affronter cette fille et lui avouer que j'ai des sentiments pour son copain. Que l'on a partagé un baisé et surtout que cela m'a plus, que c'était important pour moi. Je ne peux pas.
Je passes un survêtement noir qui était resté dans la salle de bain et me décides enfin à sortir. Je fonce sans la chambre pour poser mon sac que j'avais pris avec moi et fini par retourner dans le salon. Tu peux le faire Vi. En me voyant, Al relèves la tête et m'invite à m'asseoir. Je prend une bière dans le frigo et m'assois sur le fauteuil en face du canapé.
- C'est joli Cambridge? me demande Rupert légèrement sur la réserve.Question entrée en matière il est doué.
- Oui c'était sympa. On a visité pleins d'églises, des musées et des parcs c'était cool. Et vous? Comment c'était votre week-end?Je prend une gorgée de ma bière pour supporter la réponse qui va venir.
- Je suis retourné à Oxford voir Veronica, ça faisait un moment qu'on s'était pas vu. On va commander des pizzas. Vivienne tu sais ce que tu veux?Veronica? La photo était signée Vick. Pourtant je mettrais ma main à couper que cette fille est celle de la photo. C'est seulement maintenant que je tilte...
- Vivienne? M'interromps la jolie blonde en me tendant le menu imprimé.- Vi, je la corrige instinctivement. Alfred est le seul qui s'évertue à m'appeler par mon prénom au complet, je ne sais pourquoi.
- Moi je comprends bien...
Elle se tourne vers Al et ce dernier lui donne une petite tape sur le bras.- Choisi donc Vi, il ponctue sa phrase d'un grand sourire.
Je me tourne vers Rupert qui a un air aussi ahuri que son président. Ok ils sont tous drogué c'est ça. Tout s'explique. Je me plonge dans le menu aussi intensément que si c'était du Lovecraft pour échapper à cette scène d'une autre dimension.
Au bout de dix bonnes minutes de silence, je repose le menu sur la table basse.
- Je vais pendre une napolitaine en médium.Le silence pourrait tuer un mort.
- Ça vous dis un Monopoly, propose Rupert.Ok on a touché le fond. Ils sont tous drogué c'est une mise en scène et en vrai je vais me réveiller dans le lit de l'hôtel à Cambridge.
- Bon ça suffit. C'est quoi le problème?Ils me regardent tout les trois comme si j'avais invoqué Beetlejuice et je craque.
- Toi tu pars comme un voleur vendredi soir, dis-je à Al. Toi t'es plus con que d'habitude, je me tournes vers Rupert. Et toi..., toi je te connais pas, finis-je par avouer à la dénommée Veronica.- Vas-y Al crache le morceau, répond le rouquin.
- Oui Al, il serait temps d'être honnête je penses, appuis Veronica.
Je les regarde tout les trois, les bras croisés dans l'attente d'une explication. Al se lève et attrape ma main. Je me recule d'instinct et je vois la peine dans ses yeux face à mes réflexes.
- Viens Vivienne il faut qu'on parle.Je le suis dans le couloir et il nous enferme dans sa chambre. Je n'étais jamais rentrée ici mais tout est très sombre mais sobre. Une grande bibliothèque couvre un des murs et je ne suis pas étonné de la voir ici, vu la collection impressionnante de bouquins qu'a Al dans son bureau.
Il s'assoit sur son lit et m'invite à le rejoindre mais je choisis de prendre place sur le fauteuil dans un coin de la pièce.
- Comme tu voudras. Écoute Vivienne,...- Vi, je le coupe parce que je ne supporte vraiment plus Vivienne.
- Justement je vais t'expliquer ça aussi laisse moi y venir.
Il prend une grande inspiration et plante son regard dans le miens après un moment d'hésitation.
- Tout d'abord, je voudrais m'excuser pour ne pas avoir était tout à fait franc avec toi. J'aurais du t'avouer tout ça bien avant.
Il y a maintenant cinq ans, une femme merveilleuse partageait ma vie. Elle était belle, gentille, altruiste, douce. Tout ce dont je pouvais rêver. J'avais jamais eu de relation sérieuse à ce moment là et que tu me crois ou non, je me suis fait briser le coeur une paire de fois par des filles voulant uniquement partager ma nuit. Et elle est rentrée dans ma vie. Elle... elle s'appelait Victoria. Mais tout le monde l'appelait Vicky et le plus souvent Vick. Elle passait tout son temps avec moi, elle m'aidait dans mes missions pour le club sans jamais prendre beaucoup de risques. Mais elle était là, à mes côtés. Tout le temps. Et au fond de moi j'espère qu'elle est toujours là quelque part, son regard se lèves vers le ciel et je vois que parler lui demande beaucoup d'effort. Le treize octobre deux milles quinze, elle est parti. Elle m'attendait à la sortie d'un entrepôt où je devais déposer un colis. Rien d'illégal, juste un contrat signé avec quelques billets. Elle s'est fait tirer dessus par un de nos ennemies. Et..., je vois une larme perler sur sa joue et je ne peux m'empêcher de m'approcher de lui pour tenter de le consoler. Elle, elle portait mon enfant Vivienne. Il est parti avec elle. Ce jour là je les ai perdu tout les deux.Sa voix s'étouffe et son corps se secoue de sanglots incontrôlables. Je me lèves d'un bond et prend place à côté de lui sur le lit. Je passe ma mains dans ses cheveux pour tenter de l'apaiser mais je sais pertinemment que ce genre de douleur ne pars jamais.
- J'ai décidé depuis ce jour de ne jamais accorder mon amour à qui que ce soit de peur que quelqu'un subisse à nouveau le même sort. Et... tu es arrivé. Toi et tes cheveux roux délavés, tes yeux aussi pétillants que les siens et ta bonne humeur. Ton répondant et ta délicatesse. Tu es une âme aussi belle qu'elle. Je vais être honnête Vivienne, je ressens beaucoup trop de choses à ton égard. Et elles font toutes parties de celles que je m'étais interdites. En m'autorisant à t'embrasser l'autre soir j'ai pris conscience du danger auquel j'allais t'exposer et j'ai préféré fuir lâchement... j'ai été trouvé Veronica que je n'avais pas vu depuis ces cinq ans.
Veronica, que tu viens de rencontrer, est là soeur jumelle de Vick. Elle m'a beaucoup aidé dans mon deuil mais je ne pouvait plus la voir, elle me rappelait tellement ma femme.... Je lui ai parlé de toi, de nous, enfin.. il n'y a pas vraiment de nous mais tu m'as compris, il essuie ses larmes d'un revers de main avant de poursuivre. Et elle m'a fait comprendre qu'il était temps pour moi de passer à autre chose, de m'autoriser à vivre à nouveau. Pas seulement pour moi mais pour Vick aussi. Elle n'aurait pas aimer me voir me priver ainsi d'être heureux. Quand je suis rentré et que je t'ai vu partir dans un mot j'étais anéantis, mais de savoir que tu étais avec Rich m'a rassuré légèrement.Je regarde Al sans savoir dire un mot. Je suis sous le choc. Son histoire est si triste que j'en ai la nausée. Il a perdu sa femme et son enfant.
Il prend ma main dans la sienne et me murmure doucement:
- Je suis désolé pour tout ça..- Mais Al tu n'as pas à être désolé de quoi que ce soit. C'est moi qui suis désolée pour toi... je n'ai même pas les mots nécessaires pour exprimer la tristesse que je ressens. C'est...
Le biker me prend dans ses bras et me serre contre lui doucement. Il dépose un baisé sur mon crâne et plante son regard dans le miens. Je passe mes mains dans son dos pour tenter de l'apaiser tandis que les siennes prennent mon visage en coupe. Il pose délicatement ses lèvres sur les miennes et je lui rend son baisé sans hésiter. Mes doigts se crispent dans son dos musclé et je sens ses larmes resurgir. Je me détache de lui et les essuie de mon pouce.
- Laisse moi juste de temps je t'en pris, me demande Al.- Prends le temps qu'il te faut tu ne me dois rien.
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Sortez les mouchoirs vous allez en avoir besoin.
Qui s'attendait à ça?
Que pensez vous de l'histoire de Al ?
Je veux tout savoir dites moi tout en commentaire!Btw: merci pour vos lectures vous êtes de plus en plus nombreu.se.s ça me touche beaucoup 🥺.
Full Love
A-
