Voilà plus d'une heure que je marche dans le froid, et je suis glacée. Ma fine jupe ne m'aide pas à affronter le froid de l'hiver. J'arrives péniblement près d'une ville après n'avoir croisé que des voitures qui ne veulent pas s'arrêter. En même temps je dois faire peur à voir. Depuis que j'ai fuis une seule question tourne en boucle dans ma tête. Est-ce que Roy est vivant. Je l'ai tabassé et poignardé à plusieurs reprises mais si quelqu'un lui a porté secours, il aurait pu s'en tirer. Si c'est le cas, il reveidendra me chercher. Tout n'a été que crescendo depuis que je suis partis. Il m'a écrit, puis retrrouvé pour me menacer. Il a essayer de s'introduire au club, et il m'a kidnappé. Une chose est sûre c'est que si il me retrouve à nouveau, si il est vivant et qu'il y a une prochaine fois. Il me tuera.
En repensant à tous ce que l'on a vécu je ne comprends pas comment j'ai pu ne pas voir tout les signes qui me prouvaient sa nature de sociopathe. Quelle fille est assez stupide pour s'enticher d'un garçon qui lui cache tout de sa vie, jusqu'à son vrai prenom, et lui faire aveuglément confiance. Au point d'aller vivre chez lui, de se laisser battre et violer sans broncher. Et bien moi. Vivienne Judith Turner. Quelle idiote je fais. Si mon père savait tout ce qu'il s'est passé depuis que j'ai quitté sa petite maison de banlieue bristoloise... Parfois la vie simple de mon enfance me manque. Certains moment me reviennent en tête et j'en viens à être nostalgique des repas en tête à tête avec me père et surtout son match de football.J'arrive dans une petite rue mal éclairée peuplée d'immeubles de brique chaudes. Tout ce que j'espère c'est que je suis en Angleterre. Mais vu les maisons ici, ça doit être le cas. J'avance dans l'espoir de trouver un nom de rue ou quelque chose de ce genre qui pourrait m'aider. Un petit panneau placardé sur une des facades indique Garnethill Street en lettres capitales bleues. Bon... on est pas plus aidé. Je vois une voiture se garer sur les places de parking qui se trouvent en face de moi et je ne peux m'empêcher de voir en elle une clef pour rentrer chez moi. Le moteur s'éteint et une grande brune perchée sur des talons sort de l'habitacle. Ses longs cheveux brillent sous la lumière des lampadaires. Je decides de prendre mon courage à deux mains en l'abordant.
- S'il vous plait, ma voix est beaucoup tremblante que je ne le pensait.Je m'approche de la femme aux cheveux soyeux et en voyant son regard apeuré, je réalise que je dois avoir une mine effroyable. Je m'arrête à une distance résonnable d'elle, me permettant d'être dans la lumière.
- Je... je viens de Camden Town à Londres, je... j'aurais besoin d'un peu d'aide.La jeune femme referme sa voiture en claquant sa portière et croise les bras sur sa poitrine.
- Qu'est ce que je peux faire pour toi?Son visage est fermé mais je tente tout de même. Elle est ma seule chance de passer au nuit au chaud.
- J'aurais besoin d'un endroit ou passer la nuit. Je repartirais dès demain à l'aube. Je suis térrifiée de passser la nuit seule ici.Je tremble. Toute la carapace sociale que je me suis construite au fil des années a disparu.
- Qu'est ce qu'il t'ai arrivé?- Si je vous le dis, vous ne me croirez pas...
C'est peine perdue.
- Essaie on ne sait jamais.Elle fait le tour de sa voiture et ouvre le coffre. Elle y récupère un sac de sport et se plante devant moi.
- Alors, pour faire cours, j'ai réussi depuis quelques mois à fuire mon ex qui me battait. J'avais réussi à refaire ma vie mais il m'a retrouvé. Je me suis réveillé dans un entrepôt et par je ne sais quel miracle, j'ai réussi à m'enfuir. Cela fait je ne sais combien de temps que je marche, vous êtes la seule personne que j'ai croisé. Je ne vous causerais pas d'ennuis. Je recherche juste un endroit où me reposer un peu avant de reprendre la route vers je ne sais où, je ne sais même pas où nous sommes à vrai dire...Les larmes coulent toutes seules sur mes joues et je me sent pitoyable de résumer ma vie de la sorte. Mais c'est la vérité.
- Bienvenue à Glasgow chérie, aller vient monte. Ton histoire me rappelles trop la mienne pour que je te laisse ici.Elle s'en va vers un des immeubles en brique et je la suis comme une étoile dans le ciel m'indiquant mon chemin. Glasgow? L'Écosse? Ces chiens m'on ramené jusqu'en Écosse... Tu m'étonnes que Al ne m'ai pas retrouvé. Ils peuvent encore me chercher longtemps en Angleterre, je ne suis même plus dans le même pays.
La brune ouvre la porte principale de la residence et nous montons deux étages. Elle entre dans l'appartement douze et je la suis sans broncher. La pièce est éclairée par une petite lampe des années soixante dix et les meubles qui s'y trouvent sont visiblement de la même période. La jeune femme pose son sac sur la table de la cuisine et sort deux tasses de son placard. Elle allume la bouilloire et se tourne vers moi.
- Un thé?J'approuve d'un hochement de tête et elle remplit les deux tasses d'eau bouillante ainsi que d'un sachet remplis d'herbes séchées. Elle me tend un des mugs et s'installe sur son canapé en velours orangé. Je prends place sur une des chaises entourant la table en plastique et le regard de la brune se pose sur moi.
- Puis-je au moins connaître ton nom?- Je m'appelles Vi.
- Enchanté Vi, je suis Effie. Mais mon nom de scène est Karmela. Choisis celui que tu veux.
- Ton nom de scène? Tu es une artiste?
Je m'interroge à voix haute et je me rend compte que je pose sûrement trop de questions.
- Je suis stripteaseuse, appelles ça de l'art si tu le veux, elle pouffe de dire avant de reprendre. Bon, Vi, explique moi tout. Comment tu comptes retourner à Londres? Il y a plus de six heures de route, en voiture.- Et bien Effie... je n'en ai aucune idée. Je t'avoue que depuis que je suis partis de cet entrepôt en priant pour ma vie, je n'ai pas réfléchis à grand chose. Je t'ai vu et je suis ici. Voilà tout... J'espère pouvoir y voir plus claire demain matin. Si je peux t'être utile pour quoi que ce soit en remerciement dis le moi.
Effie prends une dernière gorgée de son thé avant de se lever. Elle pose sa tasse dans l'évier en fonte avant de disparaître dans un couloir. Elle revient avec une épaisse couverture en flanelle qu'elle depose sur le canapé.
- La salle de bain est juste ici, dit-elle en me désignant une porte du doigt. Je t'y laisse un survêtement. Je dois partir demain pour sept heures du soir. On aura le temps de discuter. Pour l'instant j'ai besoin de sommeil, ma nuit a été longue aussi. Si tu veux aider tu peux faire la vaisselle qui se trouve dans l'évier. Bonne nuit Vi.Et elle disparaît à nouveau. Je restes asssie un long moment sur la chaise, restant interdite. Je dois rêver. Il y'a quelques jours j'étais avec Al et Rich au clubhouse pour fêter nouvel an. Tout se passait bien. Et là je viens de m'enfuir d'un kidnapping, j'ai poignardé mon aggresseur et je suis chez une stripteaseuse écossaise. Quelle vie... Quel courage elle a de faire se travail. Ça ne doit pas être facile tous les jours.
Un détail de mon quotidien me revient et je me met instantanément à paniquer. Le Black Heart. Depuis tout ce temps il a du rouvrir. Et je ne peux pas aller y travailler. Je me suis faite virer c'est obligé. J'ai perdu mon travail à cause de Roy. Cet enfoiré a encore gagné.