Chapitre 26

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281 Royal College St, Camden Town

Des légers coups dans la porte de ma chambre interrompent mes pleures. Cela fait je ne sais combien de temps que je suis en larmes en boule sur mon lit. Je m'en veux de ne pas réussir à me laisser aller, restée hanter par mes vieux démons. Alors que c'est tout ce que je reproche à Al.
Je me lèves après avoir pris le soin de me moucher et ouvres la porte. Je ne porte que le pull bleu de Al mais peu m'importe. En voyant le visage de mon colocataire se décomposer, je comprends que je dois avoir une mine déplorable. Je m'écarte pour qu'il rentre dans ma chambre mais au lieu de ça il me prends dans ses bras. Je me laisse aller contre son torse et il m'allonge sur le lit. Il tire les draps sur mon corps et s'assoit près de moi. Ses doigts caressent mon visage doucement et je sens son regard insistant sur moi. Mes sanglots quittent doucement mon corps et Al passe désormais ses mains dans mes cheveux emmêlés. Au bout d'un temps qui me semblait infini, il rompt notre contact et je le sens s'éloigner en direction de la porte. Je ne veux pas qu'il parte. Pas maintenant.
- Al? Ma voix est à peine audible. J'ai la gorge en feu.

Il se retourne vers moi et je distingue à peine son visage dans la pénombre de ma chambre. J'allume la lampe de chevet et lui demande d'un ton égal:
- Restes avec moi... s'il te plais.

Il s'approche de moi et s'assoit à nouveau sur les couvertures.
- Tu es sûre de toi?

Je hoche la tête et il sort de ma chambre. Il revient quelques instants après vêtus d'un t-shirt uni et d'un pantalon de jogging noir. Il se glisse sous les draps avec moi et m'entoure de ses bras tatoués. Il pose son menton sur mon crâne et recommence à jouer avec mes cheveux.
- Tu vas mieux ?

- Oui je te remercie. Je suis désolée d'avoir réagis comme ça. J'ai... certains problèmes avec les contacts un peu plus poussés...

Al dépose un baisé dans mes cheveux et me murmure après un instant de réflexion:
- Je comprends. N'ai aucune crainte je ne te ferrais jamais revivre quoi que ce soit. Tu as ma parole Vivienne.

Mon coeur se soulage d'un poids que je ne pensais pas porter et je ne peux m'empêcher d'établir un contact avec Al. Je passe mes mains sur ses bras qui m'enlacent et retrace ses tatouages comme j'ai rêvé de le faire depuis que je le connais. Je finis par m'endormir rapidement dans un calme qui m'est rare.

***

Je suis réveillée par un poids me coupant la respiration. J'ouvre les yeux après avoir pris une grande inspiration et me rend compte en voyant les bras tatoués qui m'entourent, qu'il s'agit de Al. Il me sert si fort contre lui que je me suis réveillée. J'essaie de me défaire légèrement de son étreinte et me retourne pour lui faire face. Ses cheveux châtains sont en bataille étalés sur l'oreiller d'une part et sur son visage de l'autre. Je les dégage délicatement et continue en m'autorisant à parcourir son visage. Je retrace l'arrête de son nez ainsi que les contours de sa bouche avant de descendre sur sa mâchoire et de finir par dessiner les tatouages qui ornent son cou. Je ne comprends pas comment il fait pour en posséder autant... Je regarde à nouveau le tatouage que Rich m'a fait faire et cette phrase résonne de plus en plus en moi. Je m'approche du visage de Al et dépose un léger baisé sur son front. Ce contact le fait bouger et ses mains s'agrippent à moi automatiquement. Je recommence mon geste jusqu'à descendre sur sa joue et sa mâchoire. Ses yeux finissent par s'ouvrir et rencontrent les miens.
- J'avais oublié à quel point ce genre de réveil est agréable. Bonjour Vi.

Un sourire accompagne sa voix rauque et mon coeur est actuellement de la guimauve fondue. Sa main passe sur ma joue et il me dépose un chaste baisé sur les lèvres en guise de bonjour.
- Ne t'habitues pas à ce que je dormes ici tout les soirs, mon lit est bien plus confortable.

- Oui mais tu es en moins bonne compagnie.

- Touché Turner. Mais rien ne m'empêche de ramener cette compagnie dans mon lit.

Un petit sourire rusé se dessine sur son visage anguleux et je me questionne un instant sur la nature de sa compagnie. Il parle de moi ou d'autres filles ?
- Bien évidement je veux la même compagnie qu'en cette instant Vivienne. Je vois ton air perturbé là.

Il tapote mon nez de son doigt calleux et j'entreprends de le taquiner.
- C'est à dire ?

J'affiche le même genre de sourire que le siens et ses mains agrippent mes cuisses nues.
- C'est à dire toi avec mon pull sur le dos.

Il m'embrasse sans que je m'y attende et mes mains se faufilent sur son torse. Au bout d'un petit moment je passe mes mains sous son t-shirt alors que lui se contente de garder les siennes au dessus de mon pull. Le contact de mes paumes contre sa peau chaude lui décroche un soupire contre mes lèvres.
- Vi, est ce que t'as vu Al? Tout le monde le cherche ça fait deux heures que Terrence l'appel en boucle.

Rupert vient de faire éruption dans ma chambre et se fige devant mon air ahuri. Je regarde Al qui est encore allongé dans le lit et je remarque que le rouquin ne l'a pas vu.
- Oh pardon Vi, j'avais pas vu que tu étais accompagnée. Je me serais pas permis d'entrer si ce n'était pas urgent. Mais ... tu aurais vu Al?

Je suis pétrifiée sur place.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Lui répond le président en se redressant sur son coude.

- Putain de bordel de merde vous deux... vous...?

Rupert est encore plus pâle que d'habitude mais Al le renvoie à la réalité.
- Rupert! Il s'est passé quoi?

- Euh bah, Terrence a appelé ... et ... putain vous êtes fous tout les deux... Ça fait combien de temps ?

- Rupert ! Hurle Al.

Je les observe tout les deux sans savoir quoi faire ni comment intervenir dans leurs conversations absurde.
- Oui, alors en gros les Pagans sont venus attaquer le clubhouse ils ont cassé pas mal de truc et Harrold s'est pris une balle. Ils ont besoin de toi.

- Putain quels fils de putes ceux là.

Al se lèves de mon lit après avoir déposé un baisé sur mes lèvres sous le regard amusé de notre colocataire.
Harrold s'est pris une balle?

- Je peux peut être venir vous aider, pour la balle. Je tente de justifier comme je peux mon aide.

- On part dans dix minutes Vivienne.

Et Al sort de ma chambre aussi nonchalamment qu'il y est rentré la veille.

Bloody HandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant