Chapitre 38

750 60 25
                                    

43 Garnethill Street, Glasgow

Effie vient de rentrer du travail, il est donc environ trois heures du matin. Elle dépose un sachet en kraft sur le comptoir et une odeur de légumes chaud emplit mes narines.
- Tu vas bien Vi?

- Oui je te remercie. J'ai commencé une série sur Netflix j'ai presque fini la première saison. Et toi ?

- Oh ça va. Un pervers a failli dépasser les limites mais ça s'est bien réglé. J'ai commandé chinois. Je t'ai pris la même chose que moi j'espère que tu aimeras.

Elle s'installe à table et je la suis. Elle déballe tout les petits paquets de plastique et en met la moitié devant moi, ainsi qu'une paire de baguette.
Effie me raconte sa journée en mangeant et je ne fais que l'écouter. Cela fait deux jours que je suis ici et j'ai remarqué que la brune a cruellement besoin de parler à quelqu'un. Elle a un lourd passé dont elle n'a jamais discuté.
- Tu n'as pas de nouvelles de ton biker? Me demande t'elle la bouche pleine.

Effie m'avait laissé son téléphone ce soir dans l'espoir que je puisse décrocher si quelqu'un rappelait.
- Non malheureusement. Depuis l'appel d'hier soir, rien. Olivia m'a dit qu'ils avaient été prévenus c'est le principale. Ce qui m'ennuie surtout c'est d'empiéter sur ton intimité plus longtemps.

Je baisse la tête gênée. Je déteste devoir dépendre des autres et encore plus les personnes que je ne connais pas.
- Mais tu ne me gêne pas Vi, si c'était le cas tu ne serais plus là ne t'inquiète pas. Bon, elle se lève et range tout les récipients en plastique dans le sac de kraft. Je vais me doucher et on regarde Harry Potter deux ?

J'approuve et elle part en direction de la salle de bain. J'entends rapidement l'eau couler et je ne peux m'empêcher de regarder le téléphone pour la centième fois de la journée. J'ai l'espoir de recevoir un message mais il dépérit d'heures en heures. Si d'ici demain soir personne n'est venu, j'essaierais de rentrer en stop. Je ne peux pas profiter de l'hospitalité d'Effie trop longtemps.
La brune sort de la salle de bain vêtue de son peignoir de soie prune et s'installe à côté de moi après avoir pris deux bière dans le frigo. Elle m'en tend une que j'attrape avec plaisir. Effie lance le film et au bout d'une petite demie heure, je m'endors presque. C'est très fatiguant de ne rien faire de la journée je n'ai pas l'habitude de l'inactivité.

***

Des coups retentissent dans la porte d'entrée et je me réveille en sursaut, tirant du sommeil mon hôte sur qui je m'étais assoupie. On s'adresse un regard emplis d'incompréhension. Je jettes un coup d'œil rapide à ma montre, il est à peine six heures du matin. Effie se lève et attrape une batte de base-ball  cachée derrière le canapé. Je la regarde outrée de cette surprise.
- Quand tu fais mon job tu dois être préparée aux clients mécontent qui te suivent.

Je la regarde sans oser bouger. C'est Roy. Je ne sais pas comment mais il m'a retrouver. Je ne suis pas bien loin de là où il m'avait enfermé. Il est devant cette porte. Et il vient me récupérer.

Effie me fait signe de me taire en pressant son index contre sa bouche. Elle se dirige à pas de loup vers la porte et regarde à travers le judas.
- Le gentil dans ton histoire c'est le tatoué aux cheveux longs qui ressemble à une armoire à glace ou c'est quelqu'un que tu connais pas ?

Al. Mon sang ne fait qu'un tour et je me précipite vers la porte d'entrée. Effie s'écarte, un sourire aux lèvres et j'ouvre la porte qui nous sépare, Al et moi, sans attendre. En me voyant, ses yeux s'emplissent de larmes. Il se précipite vers moi et me sert contre lui. Ses mains agrippent mes cheveux avec force et je ne peux retenir mes larmes. J'éclate en sanglots dans les bras du biker et je le sens respirer fortement. Au bout d'un instant il se détache légèrement de moi pour me regarder. Il prend mon visage en coupe dans ses mains et son contact m'arrache un sursaut. Il passe son pouce sur l'entaille fraîche qui traverse ma pommette et je grimace. Il m'embrasse fougueusement en murmurant sur mes lèvres
- Je t'aime. Je t'aime. J'ai eu si peur de te perdre Vivienne...

Je m'agrippe à son pull et son front se repose contre le miens. Effie nous tire de notre étreinte en se raclant la gorge. Je la regarde en souriant.
- Vous êtes trop mignons ça me dégoûte.

Elle referme la porte en pouffant de rire et Al ne peut s'empêcher de faire une remarque sur l'arme improvisée de mon amie.
- Tu comptais vraiment m'attaquer avec ça ?

- Ça a déjà fait ses preuves. Tu doutes de moi Monsieur Muscles ?

Elle brandit sa batte en direction de Al et ce dernier rigole.
- Allez venez prendre un café tout les deux.

Elle se dirige vers sa cafetière et nous prenons place sur sa petite table. Elle dépose deux tasses devant nous et reste adossée à son évier.
- Donc tu vas partir et on aura même pas vu la fin d'Harry Potter... super.

Elle rigole une nouvelle fois.
- Je vais aller me changer, je ne vais pas te déranger plus longtemps Effie.

- Mais tu ne m'as pas dérangé Vi, c'était super sympa. Je remercie l'univers de t'avoir fait croisé mon chemin. C'était cool ces deux jours. Revient quand tu veux. Son regarde se plante sur Al. Revenez quand vous voulez, tout les deux.

Je lui souris et me dirige vers la salle de bain avant qu'elle m'interpelle. Je me retourne et sa bonne humeur n'a pas quitté son visage.
- Garde le survêtement. Il fait froid dehors, tu vas mourir congelée avec ta petite jupe. Et puis ça te ferras un excuse pour revenir ici, tu me le ramènera.

Al se lèves et repousse la chaise contre la table. Je prends Effie dans mes bras pour la remercier et nous partons de sa résidence en brique chaude, ma jupe à la main.
Je monte dans la Ford Mustang et l'odeur familière m'apaise. La brune nous salut depuis la fenêtre avant de rentrer définitivement dans son appartement. Un ange tombé du ciel.
Al passe sa main sur ma cuisse et mon regard se pose sur lui. Sa mâchoire est serrée mais je peux voir toute sa douceur dans ses yeux.
- Qu'est ce qu'il t'a fait ?

Je me décides à prendre la parole après un moment de réflexion.
- Je ne suis pas bien sûre. Il m'a drogué je ne me souvient de rien. À part de l'avoir poignardé avant de m'échapper. Je ne sais pas si il est encore en vie ou non.

Je prends une grande inspiration avant de reprendre la parole. Je place ma main sur le visage de Al qui frémit à mon contact.
- S'il te plais, je veux juste rentrer à la maison.

Il soupire et dépose un léger baisé sur mon front. Ses mains s'attardent sur ma nuque et jouent avec mes cheveux emmêlés.
- Je n'ai pas réussi à te protéger Vi...

- Mais Al ce n'est pas ta faute. Il m'ont pris en traitre. J'avais réussi à mettre Roy au sol et un autre homme est venu par surprise. Ce n'est en rien ta faute.

Je passes ma main sur sa joue, descendant sur son cou avant de trouver son torse. Mais il me stoppe en agrippant mon poignet tatoué.
- Tout recommence comme avec elle. Je ne peux plus Vi, je ne veux pas te mettre en danger encore plus ... Je préfères te savoir sans moi et en sécurité que avec moi et en danger permanent... ça ma tuerais de te perdre comme elle

Il met le contact et je me sens interdite, incapable de dire quoi que ce soit. Nous roulons à travers les ruelles écossaises sans un mot.

Bloody HandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant