620 Holloway Rd, Archway
Il est temps que je rentres. Il est plus de quatre heures du matin et je ne tiens plus debout. J'ai passé ma soirée avec Olivia et Eli, et tout ce que je pensais d'elles se confirme. Elles sont incroyables. Ma collègue a tenté un rapprochement avec Harrold et elle est actuellement en pleine conversation avec lui. Eli est toujours à côté de moi sur le canapé. Elle me raconte comment se passe son travail au Cyberdog en plein Camden Market. Ses yeux clairs pétillent autant que les taches de rousseurs sur sa peau d'ébène, elle est réellement passionnée par son job et ça fait chaud au coeur.
- Et toi ça se passe bien au pub?- Super, je suis juste assez fatiguée j'ai du mal à prendre le rythme encore. D'ailleurs je vais pas trop tarder, je suis épuisée.
- Oh moi non plus, je commence a onze heure tapante.
- Tu veux que je vois avec Al pour te ramener ?
- Non je vais négocier avec Warren. J'ai espoir qu'il ne soit pas contre de passer le reste de la nuit avec moi.
Elle m'adresse un clin d'œil et se lèves en faisant bouger les pans de sa jupe violette. Je l'imite, claquant mes docs sur le sol. Ces chaussures sont dans un état pas possible. Je les ai depuis un peu moins de dix ans, elles prennent l'eau et le cuir est craquelé à l'infini.
Comme d'habitude, je toque à la porte du bureau de Al et entres. Je cherche le président du club des yeux mais je ne trouves personne. Je m'assois sur le canapé qui se trouve en face du bureau massif en chêne et jette un coup d'œil à mon téléphone. J'ai reçu un mail, de ce que j'en vois d'un nouveau client désireux d'une cover pour un groupe de punk. Je verrais ça demain quand j'aurais les idées claires. L'alcool et la fatigue ne font pas bon ménage.
Des pas résonnent dans le couloir et j'entends la voix de Al étouffée:
- Non Madison c'est pas la peine d'insister.Il rentre en trombe, claquant presque la porte au nez de la jeune femme. En me voyant son corps de détends légèrement. Ses yeux trahissent son énervement autant que ses muscles tendus à l'extrême. La demoiselle entre quelques secondes après lui continuant ses supplications.
- Allez Al, décoince toi un peu là! Je te promet que ce sera bien..., son regard se pose sur moi et je lui fait un salut de la main accompagné d'un grand sourire. C'est qui celle là ? Qu'est ce qu'elle fou là ? Tu la baise elle c'est ça ? Parce que là...- Enough!
Le poing de Al s'écrase dans un fracas sur le bureau et la bimbo fini par garder le silence.
- Alors Madison, tu vas ouvrir grand tes oreilles une bonne fois pour toute. Premièrement, pour la je ne sais plus combien de fois, non je ne veux pas de ton cul. Deuxième, la demoiselle assise dans mon bureau, elle rentre avec moi et je n'ai aucun compte à te rendre. Et troisièmement, la prochaine fois que tu lui manque de respect je t'étrangle avec tes créoles. Understand?Elle hoche la tête sans oser répondre.
- Parfait! Maintenant dehors, grogne Al.Madison sort dans se faire prier, renfermant la porte derrière elle. Je suis seule avec Al, et j'évites de croiser son regard. Je ne l'avais jamais vu se mettre dans une telle colère contre quelqu'un d'autre que les membres du club.
- Je suis désolé, fini t'il par dire en baisant sa tête vers son bureau contre lequel il est appuyé. Ses cheveux retombent sur son visage et les dégage rapidement en soupirant.- Désolé de quoi ?
- Je ne parles jamais de cette marnière à une femme en général mais ça fait plus de deux semaines qu'elle me colle tel une sangsue. S'en était trop.
Al replace ses cheveux en un chignon dans une tentative de se calmer légèrement.- Y'a pas de soucis Al, tu parles comme tu veux à qui tu veux. C'est pas moi qui vais contredire le président des Angels from Hell londoniens. Loin de moi l'idée de me lancer là dedans.
Je pouffe de rire pour essayer de détendre l'atmosphère et Al rigole à son tour. Il attrape les clefs de sa moto et enfile son pull sous sa veste.
- On y va ?281 Royal College St, Camden Town
Cela fait une demie heure que je tourne dans mon lit sans réussir à trouver le sommeil et je commence à avoir besoin d'aller au toilettes. Je me lèves sans faire de bruit pour essayer de ne réveiller personne et me faufile dans la salle de bain rapidement. En sortant, je croise Al revenant du balcon. La lumière de l'aube se reflète sur ses épaules, laissant apparaître des muscles dessinés. Ses tatouages m'impressionnent toujours autant. J'aimerais passer des heures à essayer de déchiffrer tout ça.
- Je pensais que tu dormais, me dit Al d'une voix rauque me sortant de mes pensées.- J'arrivais pas à trouver le sommeil, il fait vachement froid ici et... j'avais une envie urgente.
Il s'approche de moi et s'autorise à passer son index sur mon visage après m'avoir questionné du regard. Après mon approbation silencieuse, il relève mon menton en direction de ses yeux.
- Qu'est ce qui te tracasse donc au point de te tenir éveillée.Là en cet instant, plus rien. Je pense que mon âme est sortie de mon corps tellement mon coeur tambourine.
- Euh... je... rien de spécial ça m'arrive souvent.Le barbue s'approche encore un peu et son doigt quitte ma peau brûlante pour laisser place à sa main sur ma joue. Il dépose un chaste baisé sur mon front avant de me dire en murmurant:
- Va te coucher, prends une tisane si ça peut aider il y en a dans le meuble.- Tu sais comment régler le chauffage? Il fait assez froid je trouve dans ma chambre, j'essaie de changer de sujet en m'éloignant de lui pour ne pas succomber à mes émotions beaucoup trop chamboulées en cet instant.
- Je vais régler le thermostat du chauffage au sol, en attendant prends mon pull.
Il attrape son sweat-shirt resté sur le canapé et me l'envoie avant de disparaître dans le couloir dénué de lumière.
- Good night Vivienne.Il va pas s'y mettre lui non plus... pourtant entendre mon prénom de sa voix grave ne me parait plus si déplaisant. J'essaie de m'efforcer d'oublier tout ce qui me rappelle Roy de quelque manière que ce soit. J'essaie d'apprécier chaque chose comme si c'était la première fois mais malheureusement ce n'est pas toujours facile. Je repars dans ma chambre et me glisse sous les draps. Je me rends compte que j'ai toujours le pull de Al serré dans mes bras comme si il s'agissait d'une peluche. Je me surprend à le serrer contre moi d'un geste réconfortant. Qu'est ce qui m'arrives putain...
Je m'endors rapidement, dans des effluves de vanille et de bergamote.