Chapitre 39

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3 Greenland Pl

- Deux pintes de blonde Vi s'il te plais, me commande Eli.

Je lui tends sa commande et elle part en direction de sa table où elle est installée avec Warren. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre eux mais ils ont l'air de se rapprocher et je trouve ça adorable. Le biker est super timide et calme en sa présence.
Je me surprend à les observer pendant un long moment, les enviant presque.
Cela fait un mois que je suis revenue d'Ecosse. J'ai eu une grande discussion avec Pierce pour lui expliquer honnêtement ce qu'il m'est arrivé. Au début il était un peu perplexe tellement cela paraissait irréel. La balafre qui a laissé place à une cicatrice sur ma pommette a donné du poids à mon histoire. Il s'est excusé auprès de moi et a accepté volontiers que je revienne travailler en insistant sur le fait que je pouvais prendre des jours en plus pour me reposer et me remettre psychologiquement de ce que j'avais vécu. Je suis si reconnaissante de cette attention car j'en ai réellement eu besoin. J'ai passé près d'une semaine à l'appartement à juste, rien faire. Je passais mon temps à dormir, à dessiner un peu, à jouer aux jeux vidéos de Rupert, juste pour penser à autre chose. Ce dernier a été très attentionné ces derniers temps, il me demande souvent comment je vais et prend du temps pour discuter avec moi.
Quand à Al... depuis que nous sommes rentrés il est distant. Très distant. Il est là pour moi, presque tout les soir il passe au Black Heart pour boire un coup mais surtout pour me surveiller. Quand il n'est pas là avec quelques gars du club, Rich est là avec d'autres membres.
J'ai essayé de discuter avec lui de son comportement puéril. La seule chose qu'il a su me répondre est « c'est mieux ainsi ». Mais je ne suis pas d'accord. Il me l'a dit. Il l'aime. Si on s'aime on ne s'abandonne pas comme ça.
Quand à mes sentiments. Je ne sais pas si je l'aime comme lui il m'aime. Je n'ai jamais eu d'amour sincère et fondé donc je suis réellement perdue sur ce que je ressens.
Al garde tout de même ses petites attentions. Il continue de m'embrasser le front pour me dire bonne nuit. D'enserrer ma cuisse quand je suis à côté de lui. Mais aussi de remettre mes cheveux en place, prétexte pour avoir un contact avec moi. Cependant, nous n'avons plus passé de nuit ensemble, et ce n'est pas plus mal. Mes sentiments sont tellement forts à son égard que dormir contre lui sans pouvoir le toucher ou l'embrasser serait plus désagréable qu'autre chose.

- Salut Vi!

Je sors de ma rêverie et Rich se tient devant moi appuyé sur le comptoir. Clarke se trouve derrière lui. Je les salue, en leur souriant. J'ai beaucoup discuté avec Clarke ces derniers temps et il m'a apprit pleins de chose sur les plantes. Il y en a désormais une bonne dizaine à l'appartement et je trouve que l'ambiance y est beaucoup plus chaleureuse.
- Tu vas bien ce soir?

La voix de Rich est toujours aussi mélodieuse.
- Oui je te remercie. Vous voulez boire quelque chose ?

- Un thé glacé s'il te plais, me demande Clarke avec un sourire gêné.

Je m'empresse de sortir un verre et de le remplir de glace avant d'y verser le thé et de lui tendre sa commande.
- Triple Karmeliet?

Le sourire de Rich s'agrandît à mes mots et je lui tends son verre emplis du liquide rouge.
Ils s'éloignent tout les deux après que mon ami ai déposé un billet de cinquante livres sur le comptoir. Il me fait le coup à chaque fois...
Je vois Al arriver à son tour. En un coup d'œil à ma montre, je remarque qu'il est deux heures du matin. Il est temps pour moi de rendre mon tablier.
Je regarde Pierce qui me fait signe de la tête de partir. Je le gratifie d'un sourire et pars me changer.
Si je peux m'éloigner de Al, ça m'arrange. Nous avons eu tant de proximité jusque là qu'il est difficile de faire comme si sa présence et son contact me rendait indifférente.
Je sors du pub et comme tout les soirs Al m'attend devant. Sous la lumière tamisée de la ruelle, ses cheveux ont l'air presque roux. Son visage est adoucit par l'éclairage doux. Il est tellement beau.
Vi arrêtes tes conneries.
Je range mes sentiments au plus profond de mon être et m'avance vers lui. Je remarque qu'il n'est pas seul. Qui est cette fille? Elle est assez svelte et bien plus grande que moi. Elle est très jolie et ses sourires en disent long sur son ressenti vis à vis de Al. Ils discutent ensemble mais leur conversation ressemble plus à de la drague ouverte. Elle est très proche de lui et lui fait des yeux de biches. Elle s'autorise à toucher ses cheveux mais Al ne dit rien. Je vois cependant sa mâchoire se crisper.
Mais à quoi il joue...
Je m'approche d'eux et me racle la gorge. Je croise les bras sur ma poitrine, faisant couiner le cuir de mon perfecto.
- Je peux juste avoir les clefs de ta voiture s'il te plais? Je suis fatiguée j'ai besoin de rentrer, je tend ma main vernie vers mon colocataire en attendant d'y recevoir les clefs de sa Ford. Je te laisse à tes occupations je te demande pas de me ramener ne t'en fais pas. Je veux juste rentrer.

Al soupire et se détache de sa conquête, se mettant à marcher vers la fin de la ruelle. La blonde me regarde perplexe mais avec un fond d'énervement. Je la comprends, je viens de la priver d'une nuit avec Al. Et sachant ce que c'est de dormir dans ses bras, elle a rate quelque chose.
Je suis le biker au pas de course et rentre dans la voiture après lui. Il verrouille les portière et nous arrivons rapidement chez nous. Il ouvre les portes sans un mot, et laisse retomber les clefs dans le vide poche après s'être débarrassé de son cuir et de ses chaussures. Il se dirige vers sa chambre mais je ne peux pas m'empêcher de l'interpeller.
- Alfred, c'était quoi ça?

Il se fige dans son trajet et les muscles de son dos se contractent instantanément. Il se retourne pour me faire face et sa voix est plus rauque que la normale.
- C'était quoi, quoi?

- La fille, et ton comportement là? Si tu voulais te la faire pourquoi t'es pas resté avec elle? Je t'ai juste demandé les clefs de ta voiture, pas du baby-sitting.

Mes mots résonnent comme une gifle et Al explose.
- Tu veux que je fasses quoi Vi? On est pas ensemble je ne te dois rien à ce qu'en je sache.

J'arque une sourcil vers le ciel sur un ton de défi.
- Si tu me dois au moins des explications. Je t'aime. Tu m'as dit je t'aime. Et je sais que c'était sincère, je passe systématiquement mes doigts sur le collier en argent. Tu es venu jusqu'en Ecosse pour me récupérer. Et là qu'on peut être à nouveau ensemble, tu nous l'interdît pour une raison débile. Si j'ai été en danger c'est pas à cause de toi. C'est à cause de mon ex qui est un dérangé. Ça n'a rien à voir avec le club ni avec ta petite personne. Alors si tu m'aimes vraiment comme tu me l'a dit plusieurs fois, donne moi des explications. Qu'est ce qui ne vas pas? Pourquoi cette fille Al ?

Le tatoué s'approche de moi et enfouis son visage dans ses mains.
- Pour essayer de t'oublier Vi. Je te vois tout le temps, ici, au club, au pub. Je viens le soir pour m'assurer qu'il ne t'arrive rien, mais tu crois que c'est facile de juste te regarder avec un œil protecteur vu les sentiments que j'ai pour toi? Et ces putain de pantalon qui moulent tes fesses Vi! Tu vas me tuer. Donc oui j'ai juste essayé de penser à autre chose pour pas succomber à mon envie d'attendre la fermeture pour te prendre sur ce putain de comptoir. Alors s'il te plais Vi, laisser moi essayer d'aller de l'avant.

Ses mots le heurtent comme un coup de poing en pleins visage et je ne peux l'empêcher de n'imaginer ses derniers mot. Vi ressaisit toi...
- Mais d'aller de l'avant de quoi Al? Nous c'est impossible juste dans ta tête. Je... putain.

Mes larmes prennent le dessus sur mon énervement et Al se précipite sur moi. Comme à son habitude il veut me prendre dans ses bras pour me consoler mais cette fois ci je le repousse. Je presse son torse de ma main gauche pour le faire reculer et la sienne enserre mon poignet.
- Al je t'en pris, si tu ne veux rien, arrête les contacts, surtout de ce genre. Il n'y a pas que toi qui ai des envies.

Je relève les yeux en soupirant et mon regard se pose sur mon poignet tatoué. Fuck It. Va te faire foutre Rich. Je remarque que le regard de Al devient insistant sur le lettrage encré sous ma peau. Au bout d'un long moment, nos yeux se croisent et un sourire se dessine sur le visage du biker.
- Je crois qu'il a raison Rich, Fuck it.

Il m'embrasse presque violemment et j'agrippe instinctivement ses cheveux emmêlés. Al me pousse contre le mur sans pour autant détacher ses lèvres des miennes. Il attrape mes jambes et me soulèvent, les enroulants autour de son corps.
Fuck it

Bloody HandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant