( TW violence pour ce chapitre)
156, Arrington RoadEn ouvrant les yeux je met un instant à me rappeler de l'endroit où je me trouves. Je suis encore chez Rich et j'ai encore un super mal de crâne. Le Black Heart, les bières, les Dark Flames of Hellfire. C'est vrai...
J'allume mon téléphone, il est quinze heures quarante sept et j'ai à vu d'œil une centaine de notifications. Toutes de Roy. Et de ce que j'en vois, il est furieux. Je décides de prendre mon courage à deux mains et de l'appeler avant de rentrer afin de prendre la température. J'enfile mes docs et sors devant l'immeuble de Rich pour ne pas le réveiller avec mon appel. Je n'ai même pas le temps de cliquer sur le contact de mon copain que celui ci m'appelle à nouveau. Cette fois ci je décroche:
« - Allô...? Ma voix est plus tremblante que je le voudrais.- Vivienne tu te fou de ma gueule ?? Ça fait je ne sais combien de fois que je t'appelle t'es où?
- Je... je suis chez Roxane on a passé la soirée ensemble j'avais plus de batterie je ... je suis désolée.
- Rentres tout de suite Vivienne. »
Et il me raccroche au nez sans un mot de plus. Je remonte les escaliers en bois jusqu'à l'appartement de mon ami. Je récupère ma veste et mon sac et lui écris un mot pour ne pas le réveiller.
Je suis rentrée chez Roy. Tout vas bien ne t'inquiètes pas pour moi. Merci pour cette soirée
à bientôt j'espère.
Vi <3 -Il est dix neuf heure trente deux et je n'ai plus d'autres choix que de rentrer. J'ai trainé quelques heures au starbucks pour faire les fichiers imprimeurs de la commande envoyée hier soir qui m'a été validée dans la journée, en espérant retarder le moment fatidique. Mais il faut que je rentres.
Je marches jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche et je me surprend à frissonner. Le vent est plus frais qu'hier mais ça a au moins le mérite de me réveiller. De toute façon un vrai problème plus important que le vent se pose à moi, il va falloir que je fraude du mieux que je peux. Six arrêts.
Je montes dans le bus, me fondant dans la petite foule que créer les autres usagers et je m'installes dans le fond du véhicule. Je mets mes écouteurs dans mes oreilles et fait semblant de dormir. C'est l'une des meilleures façons de ne pas se faire contrôler ici. Les gens sont trop aimables pour réveiller une personne endormie.
Au bout de longues minutes, le bus arrive à son terminus. Mon arrêt. Lancaster Gate. Le simple fait de voir le grand hôtel me fou la gerbe. Ce quartier est beaucoup plus bourgeois que celui de Rich. Pourtant je préfères mille fois Camden Town. Mais pour Roy, ce n'est pas assez bien. Monsieur est précieux.
Je sors du bus en courant à moitié, soulagée de ne pas m'être fait attrapée. Mais maintenant un tout autre challenge m'attends. Affronter Roy et trouver des excuses les plus crédibles les unes que les autres. M'y voilà. Je ne peux plus reculer il faut bien que je rentres chez moi. Je ne peux pas crecher à vie chez Rich, même si l'idée ne me déplairais pas tant que ça.13, Lancaster Terrace
Je prends un grand soupir et toque à la porte de l'appartement de Roy en me rendant compte que je ne peux pas ouvrir avec mes clefs car les siennes sont dans la serrure de l'autre côté. Une technique qu'il a trouvé pour contrôler mes sorties. À quoi bon me donner des clefs... La porte s'ouvre sur une odeur d'alcool et de tabac froid. De toute évidence il n'est pas sobre. Pour ne pas changer. J'entre dans la pièce à vivre et pose mon sac près de l'entrée. Mon copain est assis sur le fauteuil qui trône face à la porte. Face à moi. Il me détaille de la tête aux pieds, constatant que je portes les mêmes vêtements qu'hier.
- Va te doucher tu fais peine à voir sale traînée.Je ne réponds rien à ses insultes de peur de l'énerver encore plus. Je fonces dans la salle de bain et prends la peine de fermer le verrou une fois entrée. Quelques mois en arrière, lorsque je suis venue emménager ici, et que notre relation ressemblait un tantinet plus à celle d'un couple, je laissais la porte ouverte. Roy avait pour habitude de partager mes douches, de prendre possession de mon corps, sans en avoir demandé mon consentement. Une fois, deux fois, dix fois, cents fois. J'ai fini par verrouiller cette porte, me résignant au passage à verrouiller notre relation. Il n'est plus rien pour moi à part le mec qui chez qui je vis.
Je me déshabille et file sous l'eau chaude. Je ne prends pas le temps de profiter de ce moment qui est censé être de la détente. Je passe sous l'eau, je me savonne, je me rince et je sors. Cinq minutes pas plus. Je m'habille avec un sweat-shirt à capuche ainsi qu'un bas de jogging large, laissant apparaître le minimum de peau possible. Roy ne sait pas contrôler ses pulsions.
Je sors de la salle de bain et en retournant dans la pièce à vivre et je remarque que Roy n'a pas bougé. Cependant il a mon téléphone dans les mains. Je prie pour avoir effacé les messages avec Rich ainsi que tout les autres qui pourraient l'énerver.
- C'est bien ton projet pour je ne sais quel groupe a été approuvé. Tu pourras peut être me payer le loyer cette fois ci.- J'aimerais bien crois moi, mais... mais je ne touches que trois cents livres pour ce projet. C'est... c'est le seul que j'ai ce mois ci.
Il se lèves en posant son verre sur la table basse après y avoir jeté mon portable. Il s'approche de moi et place sa main brutalement autour de ma gorge. Mon dos heurte le mur en pierre du salon, me faisant hoqueter de surprise.
- Dans ce cas là tu me payera comme d'habitudes princesse.Il me relâche et me donne un coup dans le ventre coupant ma respiration. Je m'écroule au sol dans un bruit sourd, n'arrivant plus à m'oxygéner. Un son narquois sort de sa gorge et il m'assène d'un coup de pied dans les côtes avant de partir dans la chambre. Je suis allongé sur le sol, me tenant le ventre. J'essaie de reprendre une respiration normale mais mes poumons se bloquent. Je manque d'air. Je me glisse tant bien que mal vers la fenêtre et l'ouvre en grand afin d'avoir un peu d'air. Je me concentre sur un point au loin dans la rue et essaie de reprendre ma respiration en comptant. Un deux trois.... Un deux trois.... Un deux trois....
Ce genre de choses arrive souvent, trop souvent. Avec le temps j'ai réussi à savoir quoi faire pour me remettre sur pieds rapidement. J'arrive presque à me calmer mais Roy m'interrompt:
- Aller viens te coucher, il marque une pause. Maintenant.Je respire comme je le peux, et me dirige vers la chambre de peur de me prendre un coup de plus parce que je ne lui ai pas obéi.
Je me glisse sous les draps en essayant de rester le plus éloignée possible de lui, mais ses mains calleuses m'agrippent rapidement. Elles passent sous mon pull et je me contracte aussitôt au contact de sa peau contre la mienne. Un frisson de dégoût me traverse et ça ne lui échappe pas.
- Arrête avec ça.Je n'ose plus bouger, mais mon corps ne peut s'arrêter de trembler. Il dépose un baisé mouillé près de mon oreille et s'en est trop pour moi. Les larmes coulent toutes seules le long de mes joues. Malheureusement ça ne passe pas inaperçu aux yeux de Roy. Il enlève sa main de mon corps et me gifle d'une force que je ne lui connaissait pas. Du moins pas pour une simple gifle.
- J'ai pas envie de baiser une connasse qui chiale. T'es pathétique. Même ça t'es incapable. Va dans le salon.Je me lèves en ravalant mes sanglots et me dirige, en courant à moitié, sur le canapé. Je prends un des plaids qui s'y trouve et fait une boule avec le pull qui était dans mon sac resté à l'entrée. J'essaie tant bien que mal de reprendre une respiration normale. En essuyant mon nez, je remarque je saigne. Ce con m'a fait saigner. Super. Je me lèves doucement et prends de l'essuie-tout pour faire buvard. J'en ai tellement marre de ces situations. Et encore ce soir j'ai eu de la chance. Ce n'était que des coups.
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