—C'est ici mademoiselle, souffle le chauffeur de taxi en stoppant son véhicule devant une tour de verre.
Je trifouille dans mon sac pour en sortir un billet de vingt livres pour payer la course. Il le prend rapidement et le jette dans la boîte à gants avec le reste de sa fortune accumulée aujourd'hui.
—Merci ! je m'exclame en ouvrant la portière.
J'ai à peine le temps de mettre un pied à terre que la brise londonienne me frappe de plein fouet. Nous avons beau être début juin, la capitale britannique semble être la seule ville au monde qui n'a pas eu le mot de l'arrivée de l'été.
Je resserre ma veste autour de moi et contemple de toute sa hauteur le building dans lequel je vais à présent travailler. Il semble interminable et on peut aisément voir les bords de la Tamise se refléter dans ses vitres.
Je jette un coup d'œil à ma montre. 9h51. J'ai rendez-vous à 10h avec ma nouvelle patronne, je n'ai plus une minute à perdre dans des rêveries.
Je passe donc les portes coulissantes de l'immeuble et me retrouve instantanément plongée dans une fourmilière humaine où des dizaines de personnes marchent d'un pas rapide sans hésiter ni même s'intéresser à ce qui les entoure. Serai-je comme ça une fois devenue une vraie londonienne ? Il est vrai que de là où je viens, le temps ne semble pas défiler à une telle vitesse...
Mes pas me portent naturellement vers le grand bureau d'accueil qui trône devant un mur recouvert des logos des différentes entreprises qui siègent ici. Je souris en apercevant la police caractéristique d'UNITY BRITAIN près d'une enseigne de boissons énergisantes.
La jeune réceptionniste devant moi à l'air absorbé par son application d'une enième couche de vernis jaune poussin sur doigts.
Je me racle la gorge pour lui signifier ma présence puis m'arme de mon plus beau sourire :—Bonjour, j'ai rendez-vous à 10h à la rédaction d'UNITY BRITAIN.
Elle lève des yeux bleu vers moi, se redresse vivement et repousse son flacon de vernis sous le comptoir afin qu'il soit hors de ma vue.
—Bienvenu ! Votre nom s'il vous plaît ?
—Victoria Linton.
Elle tape consciencieusement mon nom et plisse les yeux en regardant son écran. On dirait que des lunettes ne seraient pas en excès sur le nez de cette demoiselle...
—Très bien, puis-je avoir votre permis de conduire contre un pass visiteur ?
Je ris jaune en sortant une carte de mon sac : -Une carte de bus irlandaise, ca vous vas ?
Elle secoue la tête avec une moue désolée et elle soupire en jetant sa chevelure blonde derrière son épaule : -Votre carte d'identité fera l'affaire.
Je lui laisse ma carte à contrecoeur et elle me donne un pass magnétique sur lequel est écrit en gros "Visiteur, à rendre avant votre départ". Tout ce cérémonial me semble un peu ridicule. Comme si ma passion dans la vie était de parcourir les différentes entreprises pour voler tous les pass visiteurs du monde pour enrichir ma collection... Bon il est vrai que mon frère a eu une période de collection de tous les objets possibles et inimaginables, donc on n'est jamais trop prudent !
J'adresse un dernier sourire a la jeune femme et commence a me diriger vers les ascenseurs qand elle m'apostrophe :— Passez le bonjour a Madame Harmond pour moi !Je fais volte face et hoche la tête d'un air entendu mais je ne sais pas si le bonjour d'une jeune réceptionniste intéresse la rédactrice en cheffe du magazine, et même si elle a conscience de son existence.
Dans l'ascenseur je profite d'être caché entre deux grand messieurs en costumes cravate pour prendre une grande inspiration et replacer le col de mon pull gris. Il est vrai que même si je ne suis pas trop affecté par le regard des autres, je ne veux pas faire une mauvaise impression à mes nouveaux collègues et peut-être futurs amis. En effet, cela fait seulement une semaine que j'ai déménagé à Londres et entre le déménagement et les premières courses, la seule personne londonienne que j'ai rencontrée est ma voisine de quatre-vingt-trois ans, Mrs Sutter. Elle est assurément adorable, mais j'aimerai plutôt me construire une nouvelle vie, entourée d'amis de mon âge... ou du moins qui n'ont pas pour sujet de conversation principal la reine Elisabeth et sa famille.
Une fois l'ascenseur arrivé au cinquième je me faufile vers les portes, puis me dirige vers celle en verre où est accrochée une plaque noir disant "Redaction d'UNITY BRITAIN". Je passe mon pass visiteur près de la poignée et m'aventure dans les bureaux tant fantasmés. La rédaction se résume à un grand open space rempli de bureaux individuels transparents, sur lesquels trônent de grands ordinateurs. Il y a sur tout le long une enfilade de salles vitrées qui sont toutes pourvues de stores et sur lesquelles sont suspendues les mêmes plaques de l'entrée avec des inscriptions telles que Salle de réunion, Studio photo, Salle de conception...
Malgré cette multitude de postes de travail, aucun ne paraît occupé et tous les employés virevoltent dans la pièce, le tout donnant un cocktail bruyant et étourdissant. Tout cela va vraiment me changer de ma sinistre rédaction dans les sous-sols miteux de Lisburn, où nous étions moins de cinq employés et nous nous battions pour utiliser l'unique ordinateur encore fonctionnel.
Je m'apprête à m'asseoir sur l'un des fauteuils rétro près de l'entrée quand un jeune homme aux cheveux de jai fond sur moi et s'exclame avec un fort accent britannique : —Tu dois être Victoria, vite vite, Hannah t'attend dans son bureau !!
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Call me Lady
RomanceVictoria quitte sa campagne irlandaise natale pour partir vivre à Londres où elle a été engagée comme journaliste dans un magasine très en vogue. Le premier dossier de Victoria est un article sur l'aristocratie britannique qu'elle doit dépeindre sou...