Chapitre 24.

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Quand Edward m'a parlé d'une soirée folle il ne m'a pas menti ! A peine entré dans la luxueuse boîte de nuit qu'il a choisi, nous sommes happés par une foule de fêtards déchaînés et je dois serrer les doigts d' Edward pour ne pas le perdre dans notre trajet jusqu'au carré VIP. Malgré son nom prestigieux et le prix pour y entrer, il est presque aussi peuplé que le reste de la boîte. Heureusement, il reste une place de choix pour Edward et moi, près de la cabine du DJ. Dès que nous nous asseyons sur les fauteuils mats, une grande partie des clients VIP se précipitent à notre table pour faire des louanges à Edward et à sa "magnifique accompagnatrice". Je tire, gênée sur le bas de ma robe noire alors que certains me jettent des regards gourmands. La plupart sont déjà bien ivres ou sous l'emprise de substances autres. Un instant je me dis que c'est une mauvaise idée, que je n'aurais jamais dû me rendre dans un tel endroit. C'est comme si je m'étais jetée la tête la première au milieu d'une meute de loups affamée. J'espère juste qu'il considère Edward comme le "mâle alpha" et qu'ils ne se risqueront pas à m'adresser la parole. Les regards disparaissent d'ailleurs quand ce dernier pose la main sur mon genou et me chuchote :
—Bon pour commencer, une bonne soirée doit être arrosée avec un cocktail de la mort !

—Un cocktail de la mort ? je répète avec appréhension.

Il fait signe à l'une des serveuses de la boite qui se dandine jusqu'à nous. Il lui demande deux verres d'un cocktail au nom imprononçable qu'elle apporte quelques secondes plus tard. Je porte mon verre à la hauteur de mes yeux tout en retenant une grimace de dégoût. Le liquide est étrangement dense et sombre avec une couleur noir/violette qui ne m'inspire aucune confiance.

—Qu'y a-t-il dedans ? je demande à Edward avant de renifler le contenu du verre.

Je manque d'éternuer quand l'odeur acide du mélange arrive jusqu'à mes narines. Mon voisin, lui, descend son verre d'une traite puis s'esclaffe :
—Rien de bien méchant ! Un peu de gin, de rhum, une lichette de vodka et un peu tout le contenu du bar en fait !

—Tu veux que je sois ivre en dix minutes ? je rétorque.

Je trempe quand même le bout des lèvres dans le liquide et grimace à son contact.

—C'est ce que tu m'as demandé non ? Passez une soirée dingue ? Alors bois ca !

Je hausse les épaules mais descend finalement la boisson cus sec. Le liquide brûle mon œsophage et j'ai l'impression de toujours le sentir au creux de mon ventre. Mais je me sens étonnamment vivante. Comme si au mélange d'alcool fort, le barman avait ajouté une bonne dose de boisson énergisante. Une furieuse envie de danser m'envahit, je m'extirpe tant bien que mal de la banquette et fais signe à Edward de me rejoindre.
Il secoue la tête :
—Moi danser ? Je ne suis pas encore assez chaud pour ça ma chérie !

Je lui tire la langue puis descend les deux marches qui nous séparent de la piste de danse, en attrapant au passage une bière sur le plateau d'une serveuse. Edward me suit du regard quand je m'enfonce dans la foule. Mais dès que je commence à m'agiter au rythme de la musique, j'oublie tout ce qui m'entoure. Je suis la vague de corps mouvants qui m'embarque, comme envoûtée par le son qui sort des baffles. Je ne sais pas quand je bois le contenu de ma bouteille de bière mais elle disparaît vite de mes mains pour être remplacée par un verre de mojito. Les couleurs des spots lumineux se succèdent aussi vite que les musiques électros et les verres que les serveuses m'apportent. Je ne regarde même plus leur contenu, je les descends au plus vite pour retourner à ma danse effrénée. J'ai l'impression que tous les fêtards m'accompagnent dans ma danse, que nous sommes tous en train de faire la fête ensemble, je ressens chacun de leur rire, de leur doute, de leur peurs. C'est comme si a leurs tour ils absorbaient ma peine qui disparaît pour laisser place à une grande euphorie. Mais ma vessie me rappelle vite à l'ordre et l'envie d'aller me soulager fait redescendre mon excitation. Je sors mon téléphone de mon sac a main pour envoyer un message à Edward pour lui dire que je vais au toilettes mais les dizaines de textos de son frère me mine le moral. Depuis ce midi il continue de me harceler pour s'excuser et me parler. Mais je ne suis pas ici pour ressasser. Dès que Edward a répondu à mon message en m'indiquant la direction des toilettes, je verouille mon smartphone. Comme indiqué par le fin connaisseur de l'endroit, je me dirige vers les toilettes qui sont tout aussi luxueuses que le reste de la boîte. Enfin, leur extérieur car une fois de plus, la queue est interminable devant les toilettes des femmes. Je m'appuie sur le mur en velour pourpre et m'évertue à patienter en fixant les gens autour. Un couple sort des toilettes des hommes en hurlant, une jeune fille incapable d'attendre a fini par vomir dans son minuscule sac a main. Ce spectacle désolant me rappelle à la réalité, tout comme ma bouche pâteuse. Je soupire mais ne résiste pas à l'envie de rallumer mon téléphone. Les sms de Heathcliff apparaissent en premier sur l'écran et je les lis plus attentivement cette fois. Il manie si bien les mots que j'ai l'impression qu'il est là près de moi, a me chuchoter toutes ces paroles. Je secoue ma tête de plus en plus lourde pour ne pas penser à lui. Je suis ici pour passer une bonne soirée indépendante, je ne peux pas la passer a me lamenter sur Heathcliff Neville ! Pourtant je sais que si je ne fais rien, il va rester loger dans un coin de ma tête. Alors sûrement motivé par l'alcool qui coule dans mes veines, je clique sur son profil et lance un appel téléphonique.
Les sonneries s'éternisent, je m'apprête à raccrocher quand sa voix me parvient de l'autre côté de la ligne :
—Victoria ?

Call me LadyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant