Call me Lady

Chapitre 7.

—Victoria, pouvez-vous venir quelques instants dans mon bureau s'il vous plaît ? demande Hannah, que je n'avais pas remarquée plantée devant mon bureau.

Je ferme à la hâte les innombrables onglets de mon ordinateur concernant les meilleures adresses monégasques et la tenue a porter lors d'une garden party puis me lève a la suite de ma patronne.
A peine ais-je refermé la porte du bureau derrière moi, qu'elle s'exclame :
—Alors où en sommes-nous pour l'article ?

Je serre les dents mais me compose un sourire de façade. Je commence à m'y habituer, depuis que je suis sur ce dossier, elle me saute dessus presque chaque fois que je suis au bureau. C'est pourquoi j'essaye de l'éviter le plus possible en jouant la carte "investigation en cours". Mais aujourd'hui, il fallait absolument que je récupère quelques documents dans les archives pour mon ébauche, et j'ai prévu de faire un peu de shopping avec Sara cette après-midi. Enfin je n'ai rien prévu du tout, c'est Sara qui m'a littéralement bloqué un créneau de force dans mon agenda.

—Je ne peux malheureusement rien vous dire de plus qu'il y a trois jours, Hannah...je commence en m'apprêtant à m'asseoir sur l'un des sièges face à elle. Mais je me ravise, devant son regard mécontent, enfin mis à part que je vais à la garden party de fiançailles de Heathcliff Neville et Margaret Westdown demain soir.

Son visage se déride et je crois même reconnaître un peu de satisfaction :
—Merveilleux ! Je veux cet article le plus vite possible, mais je vous l'ai déjà dit !

Je secoue la tête de haut en bas : —En effet, mais comme je vous ai répondu, je suis en contact avec des personnes très intéressantes et j'aimerai attendre d'avoir appris le maximum d'informations avant de me précipiter.

—Je vous fais confiance, c'est votre travail après tout ! elle chasse ma remarque et en même temps ma présence.

Je sors de son bureau, peu rassurée. C'est mon travail ? Pas vraiment après tout mais je ne vais être celle qui va rappeler à Hannah Harmond que mon expérience en tant que journaliste est aussi fine qu'une feuille de papier.
Je retourne à mes occupations, qui se résument ce matin à écumer les sites de voyages sur la Côte-d'Azur et sur Monaco. On peut toujours rêver ! Et au moins, s'il arrivait à tout hasard que je sois convié à ce voyage familial à Monaco, je ne passerai pas pour la plus grande inculte qui n'a jamais franchi les frontières du Royaume-Uni.

—Tu es en pleines recherches à ce que je vois ! pouffe une voix dans mon dos.

Même si je sais pertinemment qu'il s'agit de Sara, je sens quand même mon corps tressaillir. Je fais pivoter ma chaise vers elle et prend un air pompeux en ramenant mes mains près de mon visage : —Je me renseigne sur le quotidien des ladys à Monaco ! Histoire de me fondre dans la masse !

Elle me gratifie une fois de plus de son petit rire aigu et s'approche de moi pour fixer l'écran du grand ordinateur. Elle me vole la souris pour faire défiler plusieurs pages puis pointe la mer du doigt :
—Je suis déjà allée à Marseille et c'était dans le même style ! Alors version riche, je peux te dire que tu vas prendre ton pied !

Je ris de plus belle car nous savons toutes les deux qu'être quelque part avec les frères Nevilles se définit par pleins d'expressions mais surement pas "prendre son pied" !
Finalement, ma collègue se lève d'un bond et fixe la grande horloge de l'open-space en fronçant son nez. Puis elle se tourne vers moi :
—Je tuerais pour un bon burger et il est midi ! Viens on va manger !

Je jette un coup d'œil a mon ordi sur lequel j'ai fait tout sauf travailler aujourd'hui mais je me lève quand même pour rejoindre Sara a l'ascenseur. Je prends garde à fourrer les dossiers dont j'avais besoin dans mon sac, éteint mon PC, et quitte mon petit espace de bureau.