Call me Lady

Chapitre 25.

C'est la semaine de l'élection. C'est la première chose à laquelle je pense dès que j'ouvre les yeux. J'y pense encore quand je trouve dans mon courrier l'invitation au mariage de Heathcliff et de Margaret. Ils ne tardent pas ces deux là ! Nous sommes à peine mi-septembre mais tous leurs invités sont déjà conviés à leur mariage début décembre. Je regarde à peine le sobre carton écru avant de le jeter dans l'un des tiroirs de mon bureau. Je doute de faire encore partie de la famille d'ici là. Edward ne fait presque plus appel à moi depuis qu'il a découvert ma liaison avec son frère. Je le soupçonne d'être vexé de ne pas avoir eu ma préférence. Ou alors il sait tout simplement que je ne suis qu'une menteuse. Et que maintenant que son frère est au courant je ne sert plus a grand chose. Pourtant, depuis le brouillon furieux que j'ai écrit il y a quelques semaines, je n'ai pas avancé d'un poil pour mon article. Même si étrangement, Hannah me laisse tranquille ces derniers temps, je sais que c'est le moment de m'y atteler. J'ai déjà perdu Heathcliff, je ne peux pas en plus perdre mon job.
Il est d'ailleurs l'heure pour moi de partir au boulot, je jette mes clés, mes papiers et ma gourde dans mon sac et quitte mon petit appartement. Je réfléchis toujours à ce que je vais bien pouvoir raconter dans mon article quand je suis assise dans le métro. Mine de rien, cela fait plusieurs mois que je fréquente les frères Neville, et même s'ils sont bourrés de défauts, j'ai appris à les apprécier. Au-delà de son irresponsabilité et de ses caprices, Edward est quelqu'un de perspicace et sensible. Même s'il fait tout pour le cacher, il apporte une grande importance à ce que pense ses parents et son frère de lui. Quant à la froideur de Heathcliff, ce n'est qu'une façade, pour cacher ses envies, ses rêves, qu'il tait pour être le fils parfait façonné par son père.
La rame s'immobilise à ma station et je suis le flot des dizaines d'employés qui se dirigent vers les grandes tours. Celle où siege UNITY BRITAIN n'a rien a envier aux autres, le hub est noir de monde quand j'y penetre. Je passe ma carte pour atteindre les ascenseurs qui me mènent jusqu'à l'étage de la rédaction. Dès que je pousse la porte vitrée, je me dirige vers mon bureau, sans un regard pour ce qui se passe autour. Pourtant, quand je pose mon sac puis m'assieds sur ma chaise roulante, je sens des regards étranges sur moi. Je fronce les sourcils quand mes yeux croisent ceux de Caitlyn, une journaliste qui me fixe. Je vérifie si ma veste n'est pas tachée ou si ma jupe remonte sur mes cuisses, mais rien à signaler. J'allume mon ordinateur toujours aussi perdu quand j'aperçois Sara approcher dans l'allée.

—Sara ! je l'interpelle.

Elle s'arrête net quand elle me voit puis réduit la distance qui la sépare de mon box.

—Est-ce que j'ai un truc sur les dents ? je demande en souriant de toutes mes dents, ou alors mon maquillage a coulé.

Elle écarquille les yeux :
—Tu n'es pas au courant ?

—Au courant de quoi ? Je m'alarme de son ton étrange et ses regards furtifs dans la rédaction.

—Tu devrais aller voir Hannah dans son bureau, elle termine tout en posant son bras sur mon épaule.

Inquiète, mais aussi intriguée, je me lève et me dirige vers le bureau de notre rédactrice en chef. Je n'ai même pas le temps de toquer à la porte, dès qu'elle m'aperçoit à travers le store à moitié fermé elle me fait signe d'entrer. Elle vient vers moi et tape dans ses mains :
—Felicitation Victoria ! Félicitation, votre article n'aurait pas pu faire un meilleur départ !

—Mon article ? je répète, sans comprendre.

—C'est vraiment puissant, elle continue sans me pretter attention, trash, plein de rancœur, je n'aurais pas pu faire mieux !

—Pardon, je la coupe, paniquée, mais qu'avez vous publié ?

—L'article que vous m'avez envoyé il y a deux semaines ! elle s'exclame avant de reprendre, dire que je doutais de vous... Vous êtes allés jusque dans le lit des deux frères ! Je ne vous en demandais pas tant mais c'est parfait !