Chapitre 12.

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—J'aime beaucoup le tissu de la jupe, mais je doute que la couleur aille à mon teint, songe Margaret en tournant sur elle-même face au grand miroir de la boutique, qu'en pensez vous Victoria ?

Je suis assise depuis une bonne demi-heure dans le siège camel d'une des plus chics enseignes de robe de soirée de Monaco et sursaute en entendant mon prénom. Je sors du brouillard dans lequel je suis immergée depuis notre arrivée et arbore un sourire admiratif :
—Je ne me ferais pas autant de soucis à votre place, vous êtes radieuse !

Ce n'est qu'un demi mensonge, même si je ne suis pas des plus emballée par cet après-midi essayage de robe de gala, cette toilette gris perle rehausse le bleu du regard de la jeune fiancée et la longue traine taille haute souligne ses longues jambes de mannequin.
Elle inspecte une nouvelle fois son aspect dans le miroir et relève sa chevelure blonde pour mieux voir le dos en V dévoilant ses omoplates blanches. La vendeuse, une bonne femme d'une cinquantaine d'années tirée a quatres epingle dans son tailleur en tweed secoue la tete d'aprobation et ajoute :
—Avec un collier de perles, votre gracieux port de tête n'en sera que plus mis en valeur ! Nous en vendons de magnifiques si vous le voulez !

Margareth lui souris mais décline sa proposition en caressant doucement l'espace vide en haut de sa gorge : —Cela ne sera pas nécessaire, mon fiancé m'a offert de somptueuses perles lors de nos fiançailles.

Je tressaille à l'évocation du-dit fiancée et ne peut empêcher mes pensées de divaguer vers lui. Après notre brusque séparation, il y a deux jours, nous ne nous sommes plus adressé un mot et les rassemblements familiaux ont été plus que glaciaux. Les dîners ont été un vrai supplice pour moi, toujours assise face à lui. Son regard désapprobateur a d'ailleurs fait place à une ignorance totale, comme s'il fixait le vide en personne. C'est pourquoi après ces longues heures de solitude totale, l'invitation de Margaret à trouver une robe pour le gala de ce soir m'a paru une activité tout à fait acceptable. De plus qu'Edward a fortement insisté pour que je m'en trouve une également, en effet, il est impensable pour lui de sortir dans le monde sans la "plus belle femme de l'assemblée" selon ses dires. Je dois donc subir docilement ses essayages féminins, avec l'horrible perspective que mon tour arrive dès que Margaret trouve sa tenue.
Cela arrive d'ailleurs beaucoup plus vite que je ne l'aurais espéré car la jolie blonde s'est déjà rhabillé et tape des mains en s'exclamant :
—A vous Victoria ! Que j'ai hâte de vous voir dans l'une de ces robes !

La vendeuse me détaille de toute ma longueur, la main sur la bouche et déclare avec un air expert : —Vos cheveux sont magnifiques, mais affreusement difficiles à accorder !

Je grimace, ne sachant comment prendre sa remarque. Elle commence par me faire essayer une robe robe blanche aux manches amples et au dos nus, mais l'aspect déesse grecque ne me convient pas et j'ai trop l'air d'une mariée juvénile selon Margaret. Je passe ensuite une robe évasée dorée et entièrement recouverte de pierrerie qui me donne l'allure d'une vraie princesse, mais je m'esclaffe en voyant mon reflet. Il ne manque plus qu'un diadème pour avoir l'air de la demoiselle la plus kitsch de la soirée ! Me voyant déconcertée par les choix de la vendeuse, mon amie commence à flâner dans le magasin et finit par me rapporter une robe en soie émeraude.

—Je pense que la couleur jure avec ses yeux... commence notre conseillère en secouant négativement la tête.

—Essayons quand même, elle la coupe avant de me tendre la robe sortie de sa housse transparente.

Je la remercie et retourne derrière l'épais rideau pour enfiler la fameuse trouvaille. Je n'ai même pas besoin de vérifier dans le miroir pour savoir que cette robe est faite pour moi. Je tire le tissu pour revenir face à mes deux compagnes. Mon reflet me renvoie la silhouette d'une tout autre femme que moi. Le col carré et ses fines bretelles me galbent la poitrine et la fente de la jupe me fait paraître plus grande.

Call me LadyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant