Le vent chaud qui souffle dans mes cheveux me fait frissonner alors que je rentre dans le Tate Museum. Mais aujourd'hui, rien ni même la brise londonienne ne saurait gâcher ma journée. Je ne pense qu'à mon réveil dans les bras de Heathcliff, a sa main entrelacée dans la mienne et au sourire scotché sur son visage depuis qu'il connait la vérité. Il a été surpris quand je lui ai avoué que je ne sortais pas vraiment avec son frère. Quand il m'a demandé la raison de notre comédie, j'ai prétendu que nous nous étions bien rencontrées peu avant et qu'il souhaitait montrer à sa famille qu'il était capable de s'engager. Je ne fais pas mention de son désir de vengeance et encore moins de ma partie du pacte. Heureusement, il ne m'a pas posé plus de question, obnubilé par son soulagement. Car maintenant il savait que je n'appartiens à personne et surtout pas à son propre frère. Nous nous sommes endormis blottis l'un contre l'autre comme des amants normaux. J'avais le cœur plus léger, soulagée de ne plus autant lui mentir, même si l'ombre de Margaret plane toujours au-dessus de nous. Mais je l'oublie quand au réveil il m'a embrassée comme si j'étais la seule au monde puis il a proposé de passer toute notre journée ensemble. C'est pourquoi nous nous retrouvons un dimanche matin dans l'immense vieille usine qui sert maintenant de musée d'art moderne. Je suis Heathcliff qui se dirige d'un pas assuré vers les escalators tout en regardant partout autour de moi. Je lève les yeux vers le plafond tellement haut qu'il est presque flou,passe devant la reproduction en carton de la ville qui trône en plein milieu de l'entrée. Les visiteurs vont dans tous les sens mais aucun ne s'arrête devant la miniature, comme si leur plan de papier était plus fiable que cet incroyable Londres en 3D. Une fois tout près de l'installation, je me baisse pour apercevoir d'une traire la perspective de la rue Oxford Street quand je sens les bras de Heathcliff m'entourer. Il pose son menton sur le sommet de mon crâne et rit :
—J'aimerais ne pas avoir à t'appeler au micro comme avec les enfants.Je me tourne vers lui et sort ma langue d'entre mes lèvres. Ma grimace redouble son sourire et il ajoute sur un ton plus bas :
—Et je n'ai pas envie que le premier venu t'enlève pour t'avoir pour lui.Ses yeux balaient mes jambes nues et je rougis tout en tirant sur le bas de la chemise qu'il m'a prêté ce matin. En effet, il a beau faire deux têtes de plus que moi, avec une ceinture, ma robe de fortune a tendance à remonter en haut de mes cuisses.
Je désigne mon semblant de tenue :
—Habillée comme ça je ne pense pas !—Heureusement que tu portais des baskets sous ta robe hier soir, il pouffe, les yeux rivés sur mes chaussures.
Puis il pose ses mains de chaque cotée de ma taille :
—Et moi je te trouve diablement sexy comme ça.Il se penche pour essayer de m'embrasser mais je le repousse du plat de la main.
—C'est un truc primitif d'homme ça, je glousse, aimer que sa copine porte ses vêtements.
Il me serre contre lui et coince mes bras pour embrasser de force ma joue puis me tire vers les escalators.
—Allez viens, j'ai cru comprendre que tu aimais l'art.
Après plus d'une heure de visite dans les galeries j'ai mon verdict : je n'aime pas l'art contemporain. Après avoir été effrayée par un tableau qui était en fait un miroir sans teint puis avoir regardé une rétrospective sur un artiste adepte du machouillage de rasoir, je suis soulagée de sortir sur la terrasse du musée. La vue sur la Tamise est magnifique. Elle brille tellement sous le soleil au zénith que je cligne des yeux. Quand mes yeux sont habitués à l'aveuglante lumière, Heathcliff me nomme les différents bâtiments du panorama comme un parfait guide touristique. L'intérieur du bâtiment se vide à cette heure de déjeuner car la plupart des visiteurs profitent du beau temps pour picniquer sur les bords du fleuve où pullulent bon nombre de vendeurs ambulants. Je surprends Heathcliff en train de loucher sur une échoppe de sandwich. Je souris en me remémorant notre déjeuner sur la plage monégasque. Tout ça me parrait si loin tant il s'est passé de choses depuis.
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Call me Lady
RomanceVictoria quitte sa campagne irlandaise natale pour partir vivre à Londres où elle a été engagée comme journaliste dans un magasine très en vogue. Le premier dossier de Victoria est un article sur l'aristocratie britannique qu'elle doit dépeindre sou...