Chapitre 2.

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Je respire profondément et plaque un masque d'assurance sur mon visage quand je franchis les grandes portes de la salle de gala. Je n'arrive toujours pas a croire que les Gracy ont loué cette immense salle au sein de la mythique université de Westminster, mais tout semble normal pour les personnes que je croise. Personne n'a l'air étonné devant la hauteur des plafonds où sont accrochés de majestueux lustres de cristal et des dizaines de voilages entrelacés avec des guirlandes lumineuses. Cela donne une impression de ciel ombragé mais néanmoins étoilé. Personne ne semble remarquer les spots de lumières qui subliment parfaitement les murs finement décorés et les tables de cocktail où sont disposées une profusion de nourriture qui pourrait nourrir un pays entier.
Mais je ne dois pas me laisser impressionner. Je dois me fondre dans le décor, observer, et si possible alpaguer un petit lord un peu crédule qui pourrait me permettre d'entrer durablement dans des sphères privilégiés.
Je tente donc d'avancer d'un pas assuré au milieu de toutes ces figures importantes qui sont venues parés de leur plus belle tenue pour toujours plus attirer l'attention et l'admiration de leurs semblables.
Je scrute rapidement la salle du regard : la plupart des invités sont debouts et devisent tous joyeusement par petits groupes, généralement à côté d'une des petites tables drapée de blanc et de bouquets de lys et d'hortensia. Des serveurs complètement vêtus de noirs slaloment entre les invités en prenant garde à ne pas faire tomber leurs plateaux recouverts de victuailles ou de verres de champagne. J'aimerais bien faire une exploration plus approfondie des lieux, mais mes pieds crient déja a l'aide dans mes hauts talons et chaque pas suplémentaire est une torture.
Je décide alors de m'approcher d'une petite desserte et d'observer directement les gens autour de moi en même temps que pourquoi pas, déguster quelques-uns de ces petits-fours très attirants. Après tout, ce n'est pas un crime d'allier travail et plaisir. J'attrape une des serviettes parfaitement pliée et m'étonne en caressant le tissu : ce sont des serviettes en tissu brodées aux armoiries de la famille Gracy ?! Et il doit y en avoir des centaines comme cela dans toute la pièce et cela m'étonnerait qu'ils les passent à la machine à la fin des festivités... Décidément, cela me change de mes sorties habituelles, où serviettes en papier rencontrent gourde réutilisable et assiette en carton !
Je prends deux canapés recouverts de caviar et les portes à mes lèvres. Whoua ! Ça change du sandwich thon crudités que j'ai mangé ce midi entre deux cartons ! Je ne me fais donc pas prier pour me resservir mais je sens des yeux me fixer. Je relève la tête et m'aperçois qu'un jeune homme brun m'observe, un peu plus loin. Et mes soupçons se confirment quand, une fois nos regards croisés il se dirige vers moi en contournant la table :
—Bonsoir, j'espère que vous passez une bonne soirée. il me tend sa main qui ne tient pas une coupe de champagne : Arthur Gracy, enchanté.

Ça c'est bien ma veine ! Parmi tous les invités présents, il a fallu que ce soit l'un des organisateurs de la soirée qui remarque ma présence, et il ne va pas tarder à comprendre que je n'ai rien à faire là.

—Ravie de vous rencontrer, Victoria Linton, je dis avec un mouvement de tête que j'espère gracieux pour le saluer.

Je me maudis intérieurement. Pourquoi au diable, je n'ai pas utilisé un faux nom ?! J'espère tout de même garder la face, mon nom pourrait lui paraître assez pompeux. Ou dans le pire des cas, je prétendrais être une riche irlandaise. Il ne doit pas connaître tous les riches du Royaume-Uni non ?

Il fronce les sourcils : —Vous êtes de la famille de Danielle et Milton Linton ?

—C'est ça ! je m'exclame en me jetant littéralement sur la perche qu'il me tend, ce sont mon oncle et ma tante !

Un sourire illumine ses traits : —C'est drôle, je leur ai parlé il y a à peine cinq minutes ! Vous devriez aller les saluer !

Oh la bourde ! Si je viens à rencontrer mes prétendus parents, ma présence ici sera définitivement reconnue comme indésirable et suspecte et je serai jetée dehors comme une malpropre. Et c'est dans ces moments là que la vie met sur mon chemin un gars étonnamment aimable et incroyablement à cheval sur les valeurs familiales et la politesse !

Call me LadyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant