Chapitre 13.

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Ce matin, à peine les yeux ouverts, je sais que cette journée va être atroce. Mon ventre douloureux me rappelle mes règles qui m'ont tenue éveillée toute la nuit. Elles étaient bien obligées d'arriver la veille d'une virée en bateau celles-là ! Où tu passes le plus clair de ton temps en maillot de bain dans l'eau, et où les toilettes sont en plein milieu de l'édifice ! Je soupire désespéré en poussant les épais draps et traîne ma bouillotte tiède jusqu'à la salle de bain. Je laisse couler l'eau pour qu'elle soit la plus froide possible puis m'en asperge le visage pour atténuer mes traits bouffis. Mais quand je relève la tête vers le grand miroir lumineux, mes yeux sont toujours aussi cernés, mes joues tombantes et mon nez est devenu rouge ! Je traîne les pieds vers mon dressing a la recherche d'un maillot de bain confortable mais tous ceux que Sara m'a obligé a acheté pour jouer à la parfaite monégasque semble faire deux tailles de moins et je doute de réussir a y rentrer mon ventre gonflé sans ressembler à un rôti ! Désolé, mais aujourd'hui ce sera robe de plage ample et vieille culotte pour ne pas trop me serrer ! Je ne jette même pas un regard aux quelques soutien-gorge que j'ai emportés, les imaginer compresser ma poitrine me donne la nausée et de toute manière ils jureraient avec les fines bretelles de ma robe. Je tente d'arranger mes grossières boucles rousses quand on toque à la porte de ma chambre. Je devine qu'il s'agit d'Edward et je passe la tête par la porte de la salle d'eau pour crier :
—Entre !

Il fait irruption dans la chambre, radieux dans son short de bain orange et sa fine chemise blanche. Il retire ses lunettes de soleil de son nez et plisse les yeux vers moi avant de lancer :
—Tu as une mauvaise mine dis donc !

Je termine de me coiffer et retourne dans la chambre pour attraper mon sac de plage déjà fait. Je fonce vers Edward et plaque ma main sur son torse pour le pousser dehors en m'exclamant:
—Toujours aussi galant !

Il semble surpris par mon énergie feinte mais me suit tout de même hors de la suite.

—Tu as pris ton plus beau maillot de bain, j'espère ! il dit alors que nous dévalons les grands escaliers recouverts de moquette crème.

—Non j'ai oublié, je mens, sans lui jeter un regard.

Il se stoppe brutalement et me désigne l'étage de la main : —Viens, on va en chercher un. Tu ne peux pas aller sur un yacht sans maillot !

Je soupire, sans bouger d'un pouce : —Je suis fatiguée Edward, je resterais ainsi, c'est très bien...

—Tu es sacrément bizarre ce matin.

Il redescend jusqu'à moi et me regarde fixement comme si j'étais malade et je pousse un profond soupir sans la force de répliquer. Alors pour éviter qu'il ne m'ennuie plus, je remonte mon sac sur mon épaule et continue la descente des marches pour rejoindre le point de rendez-vous avec les autres Neville devant l'hôtel.

—Bonjour Victoria, claironne Mme Neville en me voyant arriver, dans un bruit de claquement de tongs sur le béton monégasque.

Je force tous les muscles de mon visage a former un sourire et murmure un faible bonjour a M. Neville et Margaret qui sont également présents. L'instant d'après, les deux frères passent en même temps la grande porte coulissante, le visage fermé. Ces deux-là se sont sûrement déjà lancé des piques entre les escaliers et l'entrée, ce qui représente approximativement une vingtaine de secondes !

—Ah vous êtes là également ! s'exclame la matrone avant de se tourner vers la marina, allons, le yacht nous attend !
✿✿✿

Le soleil est au zénith et me tape sérieusement le crâne, je regrette de ne pas avoir pris de chapeau, je tente donc de m'abriter tant bien que mal sous la terrasse du bateau où nous venons de finir un copieux petit-déjeuner francais. Le point positif est que mon ventre ne me fait plus souffrir, même si maintenant je me sens secouée par le roulie des vagues. Edward qui passe à la hâte près de moi s'arrête :
—Tu es sûre que ça va ?!
Il est la représentation parfaite du pied marin, déjà torse-nu sous le soleil de plomb, les cheveux suivant le vent produit par le large. Je secoue difficilement la tête de haut en bas, mais il n'est pas dupe car il s'exclame :
—C'est ta première fois en bateau ! Je vais te ramener un remontant qui va te transformer instantanément en louve des mer, tu m'en dira des nouvelles !

Call me LadyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant