𝗛𝗔-𝗘𝗨𝗡 : une rescapée de yodok -𝓓𝓮𝓼 𝓣𝓸𝓶𝓫𝓮𝓼 𝓮𝓷 𝓙𝓪𝓻𝓭𝓲𝓷𝓼

Chapitre IV

Ils marchent en silence, profitant de cette paix qui règne dans le jardin.  Le palais est situé près d'une plage. Donc, il fait assez froid le matin ! Il pleut assez souvent aussi.

Ha-eun respire à plein poumon. Que ça fait du bien d'être libre, pensa-t-elle ! 

- Je peux vous raconter mon histoire, demanda-t-elle au roi.

- Bien sûr, mademoiselle Jeong. 

- Je suis née dans une famille chrétienne. Mes deux parents me parlaient fréquemment de Dieu et ils me racontaient des histoires de la Bible. Nous prions en famille et le soir ma mère me lisait la Bible pour m'endormir. J'aimais énormément cela ! Mais en Corée du Nord, nous n'avons pas le droit d'être chrétien et de posséder une Bible. Dans le cas contraire, soit on est tué, ou bien nous sommes envoyés en camp de concentration.

Mes parents et moi avons terminé en camp de concentration, car mes voisins nous ont dénoncés. J'avais dix ans quand nous sommes arrivés à yodok. Dit-elle en refoulant les larmes qui menacent de couler. 

Dès mon arrivée dans le camp, j'ai été violée. Et ça ne s'est pas arrêté durant les quinze ans que j'ai passé dans ce camp de malheur. Je rêve encore de ces viols et je me sens terriblement souillé.  Lorsque j'ai eu quinze ans, mes parents ont été tués devant mes yeux à coup de marteaux sur la nuque. Dit-elle les larmes aux yeux, les larmes ont coulé seules.

Puis, j'ai été miraculeusement libéré de ce camp par Dieu. Et je suis aujourd'hui chez vous !

- Je suis vraiment très touché par votre histoire Ha-eun. Je ne pense pas que les mots de toutes les langues de ce monde pourraient décrire ce que vous avez vécu. Je ne peux imaginer vos blessures. Votre histoire me révolte !  Sachez que plus jamais vous n'aurez à souffrir de la sorte.  Je vous aiderai à surmonter vos peurs. Sachez que vous n'avez pas avoir honte de vous ! Vous n'êtes responsable en rien de ce que l'on vous a fait subir. 

- Je vous remercie ! Merci de m'accueillir chez vous alors que nous ne nous connaissons pas.

- Tout le plaisir est pour moi. Dit-il en essuyant les larmes de la jeune fille. 

- Rentrons maintenant. Un médecin viendra vous ausculter après le petit déjeuner.

- D'accord. Je vous remercie ! Dit-elle en frottant ses mains.

Ils s'installent dans un espace détente avec une vue sur la mer. Pour le petit déjeuner, ils ont du thé de yuja et tous les autres aliments sont français. C'est un petit déjeuner français à l'exception du thé !

Ha-eun semble aimer, puisqu'elle pousse des soupirs de satisfaction.

- C'est très bon, s'exclame-t-elle !

- Je suis ravi de vous voir manger.

- Eh bien, j'ai pris la décision de ne pas me laisser prisonnière de mes mauvaises pensées alors qu'en réalité je suis libre. Dieu m'a parlé ce matin et il m'a donné beaucoup de courage. Il m'a dit que son amour pour moi est sans limites ! Je veux vivre pleinement même si la vie n'est pas rose ! 

- Je suis fier de vous. Et je suis certain que vous y arriverez ! 

Elle lui sourit avant de se concentrer sur son croissant, ce qui fit sourire le roi. 

- En fait, je ne connais pas votre prénom. Puis-je le connaître ?

- Ji-hun. 

- Vous avez un beau prénom, dit-elle en le regardant droit dans les yeux.