BARREAU 8

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— Tu veux mon avis ?

— Non, j'en ai rien à carrer.

— Mais qu'est-ce que tu fais, bon sang ?!

— Je m'en vais. Je n'en peux plus, tu comprends ce que je te dis ? J'arrive plus à te suivre, dans tout ce que tu fais ou entreprends alors je m'en vais. Et ça, ma grande, tu ne m'en empêcheras pas, eût-elle déclarée de sa voix forte et rancunière.

Et c'est ainsi qu'elle fût partit, tandis que l'interlocuteur d'en face pleurait à chaudes larmes. Théo, lui, avait tout entendu de sa chambre, accoudé contre la porte. Toute cette dispute entre sa mère et sa meilleure amie, à l'époque, quand il était encore un adolescent. Il bouge enfin, descends les escaliers, et lorsqu'il cherche à atteindre sa maternelle pour la réconforter, une lumière éblouissante l'aveugle avant que ses pupilles ne s'ouvrent sur le mur du studio de Jordan, étant encore couché sur le canapé sur lequel il s'était vulgairement jeté plus tôt. Alors ce n'était qu'un rêve ? Un simple rêve et pourtant, des sueurs froides et des yeux larmoyants se présente sur mon visage. Apercevoir cette mémoire, cette épisode de mon passé, cette fameuse dispute entre ma mère et sa meilleure amie, celle qui l'avait conduit à voir ma mère s'éteindre petit à petit durant des mois... C'est une douleur que je n'oublierai jamais. Je m'étire doucement, me frotte les yeux avant de m'apercevoir, par manque de fluides mouvements, que Jordan est couché à mes côtés, un peu serré, mais me tenant dans ses bras. Et c'est à ce moment précis que j'ai réfléchis. Et si un jour, c'était moi qui devait partir ? Qui devait tout abandonner ? Plus le temps passe et plus cette envie me dévore l'estomac. J'ai envie de tout plaquer, de quitter le loat, de tout laisser tomber et rentrer chez moi.

— Jordan... Eh, Jordan, réveille-toi, soufflé-je.

— Mhm, quoi ? répondit-il en ouvrant les yeux, faiblement, et laissant un soupir franchir la barrière de ses lèvres.

— Je veux arrêter. Tout arrêter, je n'en peux plus. Je n'y arrive plus...

Il y a un énorme silence après mes mots, mais j'aperçois dans son regard, désormais éveillé, qu'il est confus. Un tas de choses m'envahissent, me déchirent, me blessent, me dévorent. Il me regarde avec tellement d'incompréhension que j'ai, finalement, moi-même du mal à comprendre ce que je viens de dire.

— Tout arrêter de quoi ? Qu'est-ce que tu dis, Théo ? me demande-t-il dans un murmure dans lequel j'entends très bien sa voix se casser, comme si ce que j'avais énoncé lui avait brisé les cordes vocales.

— Tout. Les vidéos, le stream, la musique... Je veux tout arrêter. J'en ai marre, assez, d'arriver au loat et de savoir ce qui va m'attendre toute la journée... Je ne peux pas, je ne peux plus vivre comme ça, Jordan., Je cligne des yeux pour chasser mes larmes et prends une énième respiration. J'en ai plus qu'assez d'avoir mal au ventre, au crâne, d'avoir ces envies de vomir et de pleurer à chaque fois que je vois une stupide caméra. C'est pas normal, ça, putain ! J'ai, à chaque fois, l'impression qu'une partie de moi-même m'est subtilement arrachée, et que toutes ces fois-là, mon angoisse monte en flèche, m'envahit, me contrôle et décharge ses démons pour me briser jusqu'au point de non-retour...

Son regard, bleuté, reste le même. Et pourtant, ses yeux restent indescriptibles, je n'y vois rien, comme dans un éternel trou noir. Je m'apprête à parler de nouveau, lorsque je suis stoppé par deux mains chaudes qui embrasse mes joues inondées d'eau salées.

— Théo...

Il hésite, et je suis soudainement effrayé. Je ne l'avais jamais vu ainsi, jamais vu réfléchir autant et avec un visage aussi sérieux et détruit que celui-là. Ses yeux basculent de mon œil droit, à mon œil gauche, puis il prend une inspiration avant de débuter ses mots qu'il a tant cherchés.

— Théo, je ne comprends pas. On l'a fait, on a tout fait ensemble, tous les deux. Toutes ces vidéos, la construction et l'aménagement du loat... On l'a fait, c'était notre rêve depuis des années, on ne peut pas tout lâcher comme ça. Tu peux continuer, tu en es capable, je le sais...

Il s'arrête dans sa tirade, ses yeux se décrochant des miens pour parcourir son studio de long en large. Ses mains, quant à elle, ne quittent pas mes joues et lorsqu'une énième larme glisse sur celle-ci, Jordan la chasse de son pouce. Ses yeux reviennent enfin s'encrer dans les miens, son idée et ses réflexions ont l'air de s'être définis dans son esprit ; son regard est bien plus déterminé que tout à l'heure. Il y a de l'assurance à l'intérieur de ce bleu océan.

— Souviens-toi de tout les moments, génialissime et magnifique, que nous avons vécus et qui nous attendent. Mh ? On peut continuer à les réaliser, Théo, je le sais. Tu peux l...-

— Oui, je sais, mais non. Je suis beaucoup trop stressé, j'y arrive plus Jordan ! l'ai-je soudainement coupé, avant de faire résonné une voix bien plus forte et tremblante que toutes les autres.

Il garde son calme et recommence à analyser les traits de mon visage, passant de mes yeux à mes joues, puis mon nez et mes cheveux, et ce, jusqu'à mes lèvres pour terminer son parcoure.

— Théo..., souffle-t-il.

Mon prénom résonne dans mes propres oreilles, et ses lèvres m'interpelle à mon tour. J'attends la suite de ses mots avec impatience et pourtant, je n'ai pas envie de me laisser convaincre par ces derniers. Je n'ai plus envie de continuer les vidéos, ni de venir au loat dans l'objectif de faire quelque chose qui sera diffusé sur internet plus tard. 

— Jordan..., soufflé-je à mon tour.

Il réussira à me faire changer d'avis, je le sais. Il réussirait avec n'importe quelle technique de dissuasion, même rien qu'avec son visage face au mien, juste ça. Je ne veux pas, non, je ne peux pas. Plus. Mon corps me brûle, me hurle de résister et pourtant, avant même que ses mots ne s'impriment dans ma tête, avant même que les connections entre mes neurones soient faîtes, je sais pertinemment que ses mots me feront chutés, balancés chaudement et je finirais par retourner dans l'immensité de l'enfer qui me ronge depuis si longtemps.

— Okay, on prendra une pause. Mais on ne peut pas s'arrêter maintenant d'accord ? me dit-il, laissant ses yeux se balader dans les miens alors qu'il s'aperçoit avoir gagné la partie. Aussi longtemps qu'il te faudra pour te ressaisir, certes, mais on prendra cette pause. Si quelques mois ne te suffisent pas, alors ce sera une année entière. Voir même un peu plus si jamais tu n'arrives toujours pas à te relever, et je te ferais couper les ponts avec tout. Twitch, Youtube, Twitter, Instagram... Les réseaux sociaux ? Poubelle. Les abonnées ? Sur le côté. Tu deviendras un fantôme à leur yeux, temporairement, et tu auras tout le temps nécessaire pour te remettre sur tes pieds, tu es d'accord avec ça ?

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres, avant qu'un torrent d'eau salée ne se glisse contre ma peau et ne vienne inonder les mains de Jordan. Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer, même si j'exige à ce qu'elle s'arrête, ces stupides larmes. Mais ces mots, si tendres et compréhensifs, m'ont touchés en plein cœur. Les lèvres de Jordan rencontrent les miennes, partageant un baiser aux allures d'amour et de réconfort, alors que je reviens à penser à tous les mots ayant été prononcés. Ça y est, je peux enfin m'éloigner de mes démons afin de forger mon armure et mes armes et revenir les combattre plus tard, quand je serais assez fort pour leur faire face. Ça y est, je vais enfin gagner et retrouver le Théo qui me manque tant. Je vais enfin me retrouver, et pouvoir avancer.

─── ❝ 𝐅𝐈𝐍 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐒𝐓𝐎𝐈𝐑𝐄 ❞ ───

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𝗘𝗖𝗛𝗘𝗟𝗟𝗘 𝗗𝗘 𝗟'𝗔𝗡𝗚𝗢𝗜𝗦𝗦𝗘︕  𝗃𝗈𝗒𝗌𝗍𝗎.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant