𝗘𝗖𝗛𝗘𝗟𝗟𝗘 𝗗𝗘 𝗟'𝗔𝗡𝗚𝗢𝗜𝗦𝗦𝗘︕ 𝗃𝗈𝗒𝗌𝗍𝗎.

BARREAU 7

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Vivement ces vacances où nous pourrons enfin respirer. Dans seulement deux petits jours, nous serons en vacances. Dans seulement deux petits jours, Jordan et moi allons emménager ensemble, chez lui.

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J'ai mal à la tête aujourd'hui, c'est affreux. Jordan me parle mais je n'arrive pas à rester concentré plus d'une minute pour comprendre ce qu'il me dit avec tant d'enthousiasme. Même les autres me parlent mais je n'ai pas la force de répondre ou de juste participer à toute ces conversations. Un enfant n'arrête pas de se jeter contre mon siège tandis que j'essaie, au moins, d'avaler le menu que j'ai demandé. Il commence à m'énerver.

Lorsque nous serons en vacances, nous aurons environ une semaine, voir peut-être deux avant de reprendre la vie de Youtubeur, et streamer pour certains. Revenir au loat, là où nous sommes les célébrités d'internet. Les vacances m'aideront peut-être, dans ce laps de temps, à aller mieux et à devenir invisible. Je deviendrais enfin un quelqu'un sans être derrière une quelconque caméra. Plus personne ne me verra, comme si j'étais plongé dans l'obscurité. Parce que c'est dans le noir que ce qu'on croyait voir n'est rien, mais le 'rien' en question devient tout ce que l'on voit.

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Je me suis endormi sur le canapé du studio de Jordan pendant qu'il faisait des recherches pour une nouvelle vidéo avant les vacances. Je me réveil en sursaut quand un bruit de verre éclate à mes oreilles ; Jordan n'a pas fait attention et l'a poussé trop prêt du bord. Il me déclare que tout va bien, et que c'est juste son verre. Il se lève de son siège avant d'aller chercher du papier et un aspirateur pour nettoyer son accident.

- Bon sang, j'ai dormi longtemps ? ai-je murmuré.

- Non, deux heures pas plus je pense, m'a-t-il répondu en aspirant les derniers bout de verre.

Jordan me regarde, et je ne peux détourner le regard, moi et mes yeux fatigués. Il s'approche de moi après avoir nettoyé, prend ma main dans la sienne avant de croiser ses doigts aux miens. Nos regards se perdent, et un sourire naquit sur nos lèvres respectives avant qu'elle ne se rencontre un bref instant. C'est agréable.

J'ai l'impression que nos vacances seront épuisantes presque autant que lorsque l'énergie quitte mon corps pour faire place à ma pire ennemie.

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Dès notre arrivée dans la salle détente, Jordan et moi, je n'hésite pas à une seconde avant de me jeter sur l'un des fauteuils, épuisé par l'accumulation de toutes les vidéos, rendez-vous et émotions de cette semaine. J'entends les autres discuter de ce qu'ils feront durant les vacances, puis Jordan prend part à la conversation mais je n'ai pas le temps de parler, ni d'écouter, que mon esprit est déjà parti rejoindre les bras de morphée. Seul endroit où je n'éprouve aucun stress, ni angoisse.

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Je me sens affreusement mal. J'ai l'impression qu'une dispute vient d'éclater mais je n'en connais pas la raison. Encore une fois, tout est flou et je n'arrive pas à contrôler mes émotions, ni mes actions, comme si elles étaient déjà programmés pour agir ainsi. J'analyse, du mieux que je peux, ce que je compte énoncer ; mon cerveau cherche à communiquer.

- On va habiter ensemble, on a des gros projets pour le loat et les abonnés, et... et c'est maintenant que tu veux abandonner ? Me laisser tomber, moi, et les autres ? 

Jordan veut abandonner, partir du loat ? Je ne comprends plus rien. Mes yeux se lèvent pour rencontrer une paire cuivrées. Quoi ? Alors c'est donc ça. Ce flux d'émotions qui m'envahit soudainement, cette culpabilité, ces remords, cette colère... C'est la sienne. C'est celle de Jordan, contre moi, contre mon envie de partir. Je sens une larme se détacher de mon œil qui, paradoxalement n'est pas le mien, s'échouant sur cette main baguée et masculine.

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Je me réveille en sursaut, des sueurs froides envahissant mon corps et des frissons peu agréables titillant ma colonne vertébrale. Mes yeux glissent contre les murs, les canapés vides et l'olivier à ma gauche. Je suis encore dans la salle détente, alors ? Je me racle la gorge, avant de baisser mes pupilles cuivrées sur mes mains. Ce sont bien les miennes, et non celle de Jordan. Je soupire. Alors tout cela n'était qu'un rêve ? Ou bien était-ce une prémonition ?