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— Je ferais le nécessaire, mais que ça ne se reproduise plus.

Comme si j'avais demandé à être considérée comme le vilain petit canard. Comme si j'avais demandé à ce que mon père le soit vraiment. Comme si j'avais demandé à ce qu'on me foute mon casier en l'air pour me montrer à quel point je suis malvenue ici.

Non, je n'ai rien demandé de tout ça. Mais oui, faites le nécessaire et l'on va espérer ensemble que ça ne se reproduise plus.

En quittant le bureau du proviseur, je rejoins directement Maddy pour lui expliquer notre petite conversation. Elle souffle, s'énerve un peu, agite les bras puis s'assoit finalement sur notre banc au bord de la forêt.

— Je ne comprends pas comment les gens peuvent être aussi méchants. C'est vrai, ce n'est pas comme si tu pouvais prévoir tout ce qui arriverait.

Je ne réponds pas et me contente de secouer la tête.

Cette question, je ne cesse de me la répéter en boucle.

Aurais-je pu prévoir ?

Non, vraiment, rien ne laisser présager ce qui se passerait. Mon père est intelligent, sûrement beaucoup plus que la moyenne, et n'a jamais rien laissé paraître de ses activités.

On ne pouvait pas deviner ni moi ni ma mère, qui partageait pourtant sa vie avec lui a bien des comptes.

Malgré cela, on ne peut s'empêcher de se sentir coupable quand même. De souhaiter réparer les choses en sachant malgré tout très bien que jamais ce ne sera possible.

Ces sept personnes, ces jeunes femmes à qui il a donné la mort ne reviendront jamais auprès de leur famille. Comment arranger cela ?

Je ne peux pas en vouloir aux individus qui le déteste. Ni à celles qui me détestent de porter son nom. Ce nom qui appartient également à ma grand-mère et que j'ai refusé de quitter en dépit de tout ça.

Alors que ma mère a récupéré son nom de naissance, je suis constamment relié à lui et aux crimes qu'il a commis. Tout le monde sait que le nom « Parker » est associé au célèbre tueur en série arrêté l'année dernière. Et tout le monde sait que moi, je suis sa fille.

Ma mère a rompu les liens, elle a demandé le divorce et l'a obtenu sans difficulté. Mais moi, je suis et je resterais éternellement son enfant. Je ne pourrais jamais me défaire de ce lien, de son sang qui coule en moi, de ses yeux gris qui sont les miens et de son sourire complètement identique au mien.

C'est comme ça et aussi cruel que ça puisse paraître, ça ne changera pas.

Du coup, il m'arrive souvent de penser au passé. De revoir cet homme aux cheveux blonds teintés de blanc me prendre sur ses épaules et me montrer la vie. Je me souviens de lui, me poussant à la balançoire, me faisant découvrir la pêche et m'enseignant le surf alors que j'avais tout juste quatre ans.

Il m'a appris à nager, à faire du vélo, à devenir une jeune femme, épanouie et avec des valeurs.

C'est donc difficile, voire même insurmontable pour moi, de penser que ce même individu, celui qui a pris soin de moi, ait pu basculer du mauvais côté.

Pourtant, l'enquête a parlé. Il est coupable et aussi dur que ce soit à accepter, je dois me rendre à l'évidence.

L'homme que j'ai connu n'est plus. 


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Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant