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Je ne sais pas par quelle force intérieure je me retrouve debout face à cette pétasse de première. Son sourire hypocrite et ses joues trop rosies par le maquillage me donnent à la fois envie de vomir et de lui hurler dessus.

Maddy se lève à son tour et vient poser sa main frêle sur mon bras. Le contact de ses doigts ne fait que renforcer ce que je pense déjà : je ne peux rien dire.

Je n'en ai pas le droit, parce que mon père est un foutu meurtrier et que ça donne le privilège à quiconque de se montrer horripilant avec moi.

— C'est bon Jess, laisse-la tranquille, me défend Maddy en s'assurant de me garder à bonne distance des dents bien alignées de cette fille.

— Bien, bien, répond celle-ci en soulevant ses mains en signe de paix. Je voulais juste dire que si tu souhaites t'asseoir avec nous, tu peux. Il ne faudrait pas entacher ta réputation avec toutes ces histoires.

— Tu ne sais pas de quoi tu parles... souffle mon amie, exaspérée.

— Ce que je sais, c'est que personne n'a voulu être ton binôme aujourd'hui. Et la seule raison à ça, c'est elle.

Elle me pointe du doigt comme une véritable coupable qu'on désignerait au monde entier, avant de siroter son gobelet comme si elle n'était pas super désagréable dans ses paroles.

— Tu devrais retourner à ta table, propose Maddy en se rasseyant.

— Ok. C'est vrai. Après tout, c'est ton problème si tu veux côtoyer une fille d'assassin.

En faisant voler ses cheveux blonds, elle essaye de chavirer, mais je ne lui en laisse pas le temps et la rattrape violemment par le bras.

— Ne t'avise plus jamais de dire ça.

Le sang me monte à la tête et je tremble de nervosité en entendant ce mot qui me rebute.

Ladite Jess regarde ma main qui frôle sa peau avec des yeux effarés juste avant de me hurler dessus.

— Ne me touche pas, petite conne !

D'un geste, elle m'envoie tout le contenu de son gobelet dans la figure, ce qui déclenche une émeute.

Les cris envenimant les choses, je me rue sur elle. La colère ravage ma raison et l'envie de la marquer autant que je le suis me démange.

Maddy essaye de nous séparer, les hurlements redoublent d'efforts pour me montrer à quel point je suis le vilain petit canard, les gens se lèvent pour encourager celle qui est face à moi et qui se contente de me griffer comme une sauvage.

D'un seul coup, je me retrouve encerclée par deux bras sportifs et tirée en arrière. La voix qui me murmure de me calmer ne laisse aucun doute sur la personne.

J'obtempère alors que je suis assez loin pour ne plus toucher à cette petite pétasse prétentieuse et reprends mon souffle pendant qu'Arès se poste devant moi, face à Jessica qui s'apprête à me jeter un plateau rempli de nourriture.

— Stop, dit-il d'une voix grave et portante.

La blonde hausse les sourcils, étonnée de son audace.

— Recule, Santos. Je n'en ai pas fini avec cette salope.

Je ne vois pas le visage d'Arès, mais je remarque son dos se soulever en rythme régulier. Il a l'air calme, à l'inverse de moi et de tout le monde ici.

— Au contraire, réplique-t-il. Je crois que tu as terminé.

Il se retourne et plante son regard dans le mien. Je ne sais pas si je dois le remercier ou non, mais je suis de toute façon incapable de faire quoique ce soit à cet instant.

Alors qu'il me contourne pour s'en aller, sa main accroche la mienne. La blonde, ne loupant rien de son geste, s'époumone derrière nous :

— À quoi tu joues, Arès ?

Il ne répond pas et m'entraîne avec lui afin de rejoindre l'extérieur de cette cafétéria, salie par le poids des erreurs qui ne sont définitivement, même pas les miennes.




***




— C'est vrai ?

Maddy relève le nez de son portable sur lequel elle semble taper un nombre incalculable de choses.

— Quoi donc ?

— Personne n'a voulu de toi comme binôme à cause de moi ?

Elle lève les yeux au ciel et pose son engin sur la table.

— Non, ce n'est pas vrai. Personne n'a désiré se mettre avec moi, mais ce n'est pas à cause de toi.

— Pourquoi, alors ?

Je la défie du regard, blessée qu'elle a été mise à l'écart de ma faute.

— Tu n'es pas coupable de ça, Noa, soupire-t-elle.

Je baisse les yeux pendant qu'elle achève :

— Pas coupable de tout ce qui t'arrive ni de tout ce qu'ils te font vivre. Les seuls fautifs de ce que tu ressens en ce moment en plus de ton père, ce sont eux.

Elle fait le tour de mon lit et vient se mettre devant moi. Sa peau froide contraste avec la chaleur de la mienne quand elle attrape mes mains.

— Je sais que ce n'est pas facile pour toi, ajoute-t-elle en ayant l'air pensive. J'ai toujours espoir que ça finisse par s'arranger. Et sinon, je crois qu'on n'aura pas d'autres choix que de cacher les cadavres...

Je fronce les sourcils tandis que son sourire disparaît peu à peu.

— C'est trop tôt ?

— Vraiment trop tôt... réponds-je en levant les yeux au ciel.

Je retiens un ricanement qui essaye de s'échapper malgré moi et prends une longue inspiration.

En voyant le regard que Maddy me lance, je sais que je ne pourrais pas esquiver son prochain interrogatoire. Je souffle, puis redresse les épaules, prête à l'affronter, autant que ses nombreuses questions à venir.

— Alors... commence-t-elle finalement et sans surprise. Tu me racontes ce qui est en train de se passer avec Arès, maintenant ?



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Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant