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Cinq ans plus tard


Noa

« Les enquêteurs au plus mal après la découverte d'un nouveau cadavre ce jeudi soir vers vingt-et-une heure. Il semblerait que le procédé soit le même que dans l'affaire Parker. En effet, la victime, âgée de dix-huit ans, a été découverte ligotée, les mains derrière le dos et en position fœtale. Nous rappelons que c'est le troisième homicide concernant un individu de sexe féminin en seulement deux mois. La police travaille sans relâche à trouver le coupable de cette série de meurtres qui ne cessent d'accroitre la peur dans cette petite ville située à une heure de Lakewood. C'était Sophie Sparks, pour ABC TV ».

Les frissons cours dans mon dos comme des milliers de fourmis. Ma mère ne réagit pas, focalisée sur l'écran qui change pour faire de la place à la publicité. Aucune de nous ne réalise.

Les tueries ont repris dans cette ville qui était la nôtre et que nous avons quittée précipitamment. Mon père croupit en prison, mais les meurtres, eux, ont pourtant recommencé. Même façon d'attirer, identique manière de tuer, tout dans le processus fait penser aux crimes commis par mon assassin de père.

Alors, imitateur ?

C'est la question que je pose à la police venue nous interroger quelques jours plus tard. S'ensuivent les déclarations, les débats, les pointages du doigt, dans ce quartier dans lequel nous étions pourtant en sécurité et transparentes.

Et puis, très vite, l'enquête avance. Un témoin parle. Les analyses révèlent ce qu'elles ont à dire. Et l'enquête Parker est officiellement rouverte. Les preuves coïncident étrangement et la question se pose de plus en plus. Et s'il y avait eu erreur ? Est-ce une possibilité ?

Je comprends très vite que oui, et mon quotidien se transforme en attente, douloureuse et pétrifiante. Je ne vais pas voir mon père durant tout ce temps. Je n'y arrive pas. Je n'ose pas. Mais je pense à lui et à ce qu'il doit vivre, enfermé là-bas.

Ma mère, qui avait toutefois recommencé à vivre normalement, retourne dans sa bulle infernale. Elle ne mange plus, ne parle plus, tremble, pleure.

Alors, je suis forte pour nous deux. J'affronte la police, les réactions. Je me mêle au dossier, j'ordonne des explications.

« On ne peut rien vous dire, désolé. »

Je déteste cette phrase, la moustache du flic qui la prononce et cette affreuse boule qui ne cesse de grandir dans mon ventre.

Et puis, arrive ce fameux jour.

Celui où je reçois cette fameuse lettre.

« La cour d'appel vous informe... réouverture du procès de monsieur PARKER BOBBY... après examen des faits, des nouvelles preuves et de l'affaire en cours... »

Je suffoque. Je jette la feuille sur la table et rejoins le petit jardin extérieur. Ma mère me rallie dehors, blanche et vaseuse. Elle a lu la lettre et, visiblement, son état se trouve proche du mien.

Les jours passent, les semaines avec, et nos cœurs sont suspendus dans l'attente du jugement. Nous préparons notre voyage, celui qui nous ramènera là où tout a commencé. Nous façonnons également notre état psychologique. Ou tout au moins, on s'y essaie.

Et bien sûr, dans tout ça, ce que je redoutais et ce que je m'interdisais jusqu'ici le plus, arrive. Peu à peu, je me remets à penser à lui. À ses yeux bleus, à son odeur qui me revient par effluve juste dans ma tête. Je pense à Maddy, aussi, à ce lycée qui m'a tout pris.

Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant