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[SEXE]


Nos moments ensemble repassent en boucle dans ma tête.

Ses mains rugueuses aux infinies caresses, sa peau hâlée reflétant l'ardeur de nos ébats. Le bleu de ses yeux, si sombre lors des tempêtes mais si clair durant les accalmies.

Sa chaleur, son odeur, ne se mélangeant que trop bien à la mienne. Sa douceur, sa voix rauque, son souffle court.

Ses bras, fermes et attirant.

Je n'oublie rien. Mon corps ne le fait pas non plus.

Chaque parcelle de son être est gravée en moi, sur ma peau, dans mon cœur, dans mon esprit, tourmenté par le manque.

Non, je n'oublie rien.

Chaque étreinte est gravée dans mon âme, n'attendant qu'une seule chose : qu'elle se renouvelle.

— Chérie ? Tu m'entends ?

J'ouvre les yeux doucement. Allongée dans mon lit, le décor familier me rassure. Ma voix reste coincée dans ma gorge durant quelques secondes, où j'acquiesce simplement, dévisageant ma mère au teint fantomatique. Blafarde et agrémentée de cernes monstrueux juste sous les yeux, elle fait peur à voir.

Et bien sûr, c'est encore de ma faute.

— Comment tu te sens ? s'inquiète-t-elle en me caressant la main avec délicatesse.

— Bien, affirmé-je d'une voix enrouée.

— Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ?

J'hoche la tête, non sans difficulté.

— Je suis tombée dans la piscine du lycée.

Elle opine du chef, les yeux vitreux.

— Heureusement que ce garçon était là. Alan, c'est ça ?

Son visage se tord en un abominable rictus, pendant que je réalise, les sourcils froncés. Le calme règne, dans ma chambre. Et pourtant, les rires ingrats des autres élèves ne cessent de me tourmenter, encore et toujours.

— Repose-toi, ordonne maman en se levant. On pourra discuter un peu plus tard.

Elle embrasse mon front et je peux sentir ses lèvres trembler en effleurant ma peau. Je serre la mâchoire pour empêcher les larmes de couler face à l'ampleur de la situation qui m'a encore poussée à un tel résultat, et interdit à mon esprit de vriller.

Mais être forte me demande beaucoup trop d'énergie.

Alors qu'elle referme la porte, je sanglote en remontant les draps sur mon visage. Je n'ai plus d'échappatoire. Je n'ai plus non plus de raison d'avoir envie d'en trouver une. J'ai beau creuser, je n'ai plus aucune chance de m'en remettre.

À part peut-être en changeant de continent. En disparaissant, pour tout reprendre à zéro. En devenant quelqu'un d'autre, dans un monde où ce qu'a fait mon père n'existe pas.

Alors, la rage au ventre, je me relève en vacillant un peu. Une fois stable, je descends les escaliers pour retrouver ma mère assise à la table du salon, une tasse de café fumante entre les mains.

Et avec la voix la plus assurée que je trouve, sous son regard quelque peu étonné, je lâche :

— Il faut qu'on parle, maman. Mais avant, il y a quelqu'un que je veux remercier.

***

Un, deux, trois. C'est le rythme de mon cœur qui bat à tout rompre. C'est aussi le numéro doré qui est gravé sur la porte blanche qui se dresse devant moi.

Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant