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La musique me parvient de plus en plus clairement. Plus j'avance, plus l'anxiété menace de me détruire. Je suis sûre de l'endroit que je veux rejoindre. Arès y est entré, c'est donc là qu'il se trouve.

Mais malgré tout, je n'arrive pas à saisir. La piscine du lycée n'est-elle pas fermée le samedi midi ? Et cette musique, pour qui ? Pour quoi ?

J'arrête de me poser des questions à l'instant même où je pousse les portes de celle-ci pour tomber nez à nez avec une cinquantaine d'étudiants en folie.

En tenues plus osées les unes que les autres, les mains envahies de gobelets, ces lycéens-là ne sont pas là pour s'entraîner à la natation, j'en ai la certitude. Au milieu du foutoir, je croise le regard de deux ou trois têtes que je connais et que j'évite instantanément.

Jess ne paraît pas s'apercevoir de ma présence, sa langue de vipère semblant déjà bien occupée. Je cherche Arès des yeux en frôlant les murs, convaincue que le temps qui passe joue en ma défaveur. À l'instant où il retrouvera Maddy parmi la foule, parce que je suis bien sûr certaine qu'elle se trouve ici, il lui appartiendra. C'est ce que je me dis et me répète pour m'efforcer de décoller mon corps pétrifié du mur humide.

— Ça fait longtemps.

Je me mords la lèvre, rageuse d'avoir été découverte, en me tournant doucement pour faire face à Alan. Ses yeux pétillants paraissent amusés. Il passe une main dans ses cheveux en bataille avant de lâcher :

— Tu cherches Arès, je suppose ?

— Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Le ton de défense que j'emploie augmente le sourire qui dévoile ses dents parfaites.

— Tu ne serais pas là si ce n'était pas le cas.

Je fronce les sourcils et il incline son visage.

— Je crois qu'il est avec Maddy. Mais je peux t'offrir un verre en attendant, si tu veux.

La boule qui s'immisce dans ma gorge assèche ma bouche. Rien que d'imaginer Maddy dans les bras d'Arès me donne envie de mourir.

— Va pour le verre, affirmé-je alors, la voix affaiblie par la douleur.

Il me devance et je le suis jusqu'au bar aménagé pour l'occasion où la majeure partie des gens sont. À ce moment-là, je me fiche d'être repérée. Je veux juste boire un peu pour faire passer cette sensation de brûlure et d'étouffement qui me prend dès que j'imagine Arès avec une autre.

Les paroles ne sont que des paroles, il pourrait très bien être en train de lui faire l'amour dans l'une de ces cabines. Et moi, je suis là, au milieu de la foule, guettant le moindre visage aux yeux bleus qui pourrait apparaître.

Alan est sympa, sans doute plus que n'importe qui ici présent. Il discute un peu avec moi et m'apprend que cette fête est organisée à l'occasion des championnats de natation que notre équipe a gagnés. Le proviseur à ses têtes, c'est bien connu. Et ceux-là ont visiblement le droit d'organiser des festivités au sein même de son établissement, sans risquer d'être collés jusqu'à la fin de l'année.

Moi, j'ignorais qu'on avait une équipe de natation, pour être tout à fait honnête. Mais Alan ne m'en tient pas rigueur et s'amuse même un peu de mon ignorance.

Et quand Jess débarque avec son propre fan-club afin de se mêler à notre échange, je suis ravie qu'il ne la laisse pas faire.

— Qu'est-ce qu'elle fout ici celle-ci ?

— C'est bon, Jess, change de disque.

— Vous êtes amis, maintenant ? lance-t-elle en riant comme une hyène.

— Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? rétorque-t-il en levant les yeux au ciel.

Elle abandonne rapidement en ricanant et en se servant un autre verre. Alan fait la même chose avec nos gobelets. Il les remplit et alors que Jess lui murmure quelque chose à l'oreille, je détourne le regard, recherchant une nouvelle fois et en vain la vraie raison de ma venue.

Quand Alan me tend mon gobelet, je l'avale d'un trait. Il lâche un rire bref, surpris, et c'est à ce moment-là que mon regard se pose enfin sur lui.

Une minute s'écoule avant qu'il ne me remarque enfin. Ses yeux font des allers-retours entre Alan et moi, curieux et peut-être un peu agacés, aussi. Il fronce les sourcils, humidifie ses lèvres en me dévisageant, puis arme un pas vers moi.

Mais il s'arrête net quand Alan pose une main délicate sur mon bras pour me ramener à lui. Je m'excuse rapidement auprès du brun qui a été un véritable pilier dans cet endroit qui menace de s'effondrer sur moi à tout instant, le remerciant au passage pour le verre, et regagne Arès de mes yeux.

Mais il a disparu.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine.

Mes mains deviennent moites.

Ma langue s'assèche, si bien qu'elle me brûle.

Chaque chose qui m'entoure vient doucement s'ancrer dans chacune des fibres de mon corps.

Je ressens tout. L'amour, le désir, la peur, le défi, la rage.

Chaque émotion me transperce comme un couteau affuté. Et alors que je cherche avec précision ce bleu qui m'échappe, ma tête se met à tourner. Je cesse de marcher, tente de garder le contrôle. Mais les spasmes qui ont rejoint mon corps sont de plus en plus puissants.

Les gens m'observent et les sourires fusent. Perdue, je sens mon esprit s'évader alors que tous ces yeux restent solidement ancrés sur moi. Sans que j'en comprenne la raison, mon corps tangue.

Et l'eau glacée s'éprend soudain de ma peau.

Je ne suis pas très bonne nageuse en général, mais là, quelque chose cloche. Mes muscles sont lourds, presque endoloris. Le sang ne semble plus affluer dans mon cerveau. Et mon cœur tachycarde à m'en faire exploser la poitrine.

Incapable de me battre, je ne parviens qu'à sombrer jusqu'à toucher le fond dur de cette piscine alors que des rires me parviennent, lointains et dissimulés par le chaos de l'eau qui me recouvre.

Dans un dernier effort, je tente de regagner la surface, sans jamais pouvoir y arriver. Mes poumons se gorgent d'eau, ma vue se trouble.

Et je perds la bataille, dans cette piscine obscure, froide et douloureuse, qui m'oblige peu à peu à fermer les yeux.

Et je perds la bataille, dans cette piscine obscure, froide et douloureuse, qui m'oblige peu à peu à fermer les yeux

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Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant