Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]

10.

J'ai longuement hésité avant d'appeler Maddy. Je me suis posé beaucoup de questions, pesé le pour et le contre pour la millième fois, accepter pour finalement revenir sur mes pas puis peser le pour et le contre encore une fois.

À la fin, la raison a perdu et le cœur l'a emporté. J'ai passé deux heures à retourner mon armoire en compagnie de ma meilleure amie qui aime bien trop mettre son nez dans mes affaires, au vrai sens du terme comme au figuré.

Elle a réussi je ne sais comment à me convaincre d'essayer une robe longue et fendue sur le côté pour cette soirée lycéenne. Cependant, en la passant, quelque chose me bloque. Peut-être le fait qu'elle dévoile un peu trop ma jambe nue en dessous, ou alors que tout le monde sera là pour juger de ma tenue de ce soir.

Finalement, j'opte pour un truc bien plus simple. Un jean avec un tee-shirt blanc et une paire de converses claires, malgré les protestations de Maddy qui jure qu'on n'a pas le droit d'associer les mots jean et soirée ensemble.

Je m'habille après m'être maquillée légèrement. Un petit coup de crayon faisant ressortir mes yeux gris et de la poudre pour le teint. Je détache mes cheveux blond foncé et les laisse retomber naturellement sur mes omoplates. Ils ondulent un peu, mais le résultat me convient bien.

Ainsi, je suis juste une moi-même faiblement améliorée.

Une fois terminés, Maddy et moi nous contemplons dans le miroir en plein pied de ma chambre. Elle pose son bras sur mon épaule et me dévisage à travers celui-ci.

— Beau travail ! Prête ?

Elle sourit, le visage radieux. Sa chevelure rousse est bouclée jusqu'au milieu de son dos, sa robe jaune descend jusqu'à mi-cuisses et ses yeux verts sont maquillés de doré.

— Oui, acquiescé-je, plutôt fière. C'est parti.

J'inspire un grand coup et Maddy le remarque.

— Ça va bien se passer, me rassure-t-elle. Tu verras, on va s'éclater. En plus, Alan est du genre sympa.

— Sympa hein ? répété-je en souriant.

Elle hoche la tête avec un visage tellement lumineux que je ne peux que la croire, désormais. Cette soirée se passera bien, j'en suis convaincue, et le fait qu'Arès y sera aussi n'y est certainement pas pour rien.

***

La maison d'Alan ressemble plus à une villa qu'à une simple demeure. Elle est immense et aussi impressionnante à l'extérieur qu'à l'intérieur.

La musique résonne entre ces murs d'un blanc ivoire et les gens s'entassent comme des fourmis. Ils dansent, chantent, boivent également, beaucoup.

Je suis Maddy jusqu'au bar où nous retrouvons le maître des lieux à la tâche. Maddy discute un peu avec lui pendant qu'il nous sert nos boissons. Il me gratifie d'un sourire en insistant sur le fait qu'il est très content de me voir, puis nous fait gouter son cocktail.

Le Alan's — pas très recherché — est surprenant. Il n'a rien à envier aux plus grands et se déguste comme du petit lait, c'est assez traître. J'avale une nouvelle gorgée d'un bleu cobalt, comme les yeux d'Arès que je peine à trouver parmi la foule et que je ne renonce pourtant jamais à chercher.

Quand je tombe enfin dessus, près d'une heure plus tard, son regard hypnotisant est plongé dans des yeux noisette en amande. Ceux d'une brune qui ne cesse de rire et de lui montrer à quel point il lui plaît.