24.

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Bonjour.

— Salut.

Je souris timidement à la vue de l'apollon qui s'offre à moi. De son regard bleu mer, il me contemple longuement tout en me serrant contre lui. À la suite de la fusion de nos deux corps, hier soir, nous nous sommes endormis paisiblement. Cependant, ça n'a pas duré, puisqu'il m'a réveillé et que nous avons recommencé.

Lui en moi et moi en extase, j'ai joui une seconde fois après qu'il m'a arraché un orgasme encore plus déchirant que le premier. Sa mère ne rentrant pas de la nuit, nous avons donc terminé celle-ci ensemble, l'un contre l'autre, le fardeau de mes blessures et de mon passé semblant si léger pour la première fois.

Alors que mes yeux s'habituent à la lumière pénible du jour, son aveu résonne en moi. Je n'ai pas pu les rêver, ces mots étaient bien vrais et n'étaient rien que pour moi.

— On devrait y aller, il est bientôt neuf heures.

Le retour à la réalité est brusque. J'écarquille les yeux en me raidissant puis me redresse en jetant le drap par-dessus mon corps.

— Quoi, déjà ?!

Il hoche la tête en se relevant sur un bras. Rien ne semble pouvoir perturber son calme olympien, aujourd'hui.

— Ok, reprends-je. Ma mère va probablement me tuer pour ça.

J'enfile mes vêtements sous le regard spectateur d'Arès. Je n'ai pas prévenu ma mère que je découcherais et la batterie de mon téléphone est à plat. Inutile de me faire des idées, je sais très bien ce que je trouverai en rentrant. Une mère plausiblement furibonde et une interdiction de sortir jusqu'à la fin de mes jours.

Je soupire longuement en remettant mes chaussures.

— Tu n'auras qu'à lui dire que ça en valait la peine, plaisante Arès en s'asseyant sur le bord du lit.

Son torse nu et très esthétique me donnerait presque envie d'acquiescer. Mais je reste de marbre, et même son sourire ne suffit pas à me convaincre, cette fois. Après qu'il a enfilé des habits, nous nous dirigeons vers la sortie. Il attrape ses clés et alors qu'il ouvre la porte de sa chambre, en passant près de la commode, je remarque qu'une photo est couchée face contre meuble.

— Oups, dis-je en essayant d'empoigner l'objet pour le remettre droit.

Mais je n'en ai pas le temps. Arès me devance en saisissant le cadre qu'il fourre dans un tiroir rapidement, juste avant de me prendre la main.

Ses sourcils sont froncés, son visage sombre.

— On y va, maintenant ?

Un peu étonnée, j'acquiesce tout de même et le suis sans encombre jusqu'à sa voiture avec laquelle il démarre en trombe. Afin de me ramener le plus vite possible aux remontrances de ma mère, qui m'attendent déjà sûrement.



***



— Est-ce que tu as au moins une idée de ce que j'ai ressenti ? De ce que j'ai pu imaginer ? Merde, Noa, tu es mieux placée que quiconque pour pouvoir comprendre ça !

— Je t'ai dit que j'étais désolée, lâché-je en soupirant. Je sais, j'ai été nulle. J'aurais dû te prévenir.

— Oh, ça oui, grogne-t-elle en se servant une tasse de café fumante. Si tu ne veux pas que j'aille te chercher par la peau des fesses chez Arès lorsque tu as envie de t'envoyer en l'air, tu m'avertis, c'est la moindre des choses !

— Maman ! m'exclamé-je en me levant.

— Quoi ?! C'est bien là-bas que tu étais, non ?

Je marque un temps d'arrêt comme si je pouvais cliquer sur pause avant de répondre.

— Comment tu sais ça, d'abord ? demandé-je en fronçant les sourcils de manière interrogative.

— Je suis ta mère. Et les mères, ça sait tout.

Je croise les bras sur ma poitrine en attendant la suite. Elle imite mon geste, le regard étincelant de colère. Mais après quelques secondes, elle relâche ses épaules et c'est tout son visage qui vient s'adoucir.

— Tu passes tout ton temps avec lui, ça me paraît logique, avoue-t-elle alors avec un demi-sourire.

Je soupire puis me rassois. Ma mère en fait autant en buvant une gorgée de son café. Elle semble s'apaiser pour de bon, mais je reste tout de même sur mes gardes. Parce que je sais qu'elle n'est plus tout à fait elle-même depuis l'année dernière.

— Donc... tu me racontes ? propose-t-elle soudain en me dévisageant.

Elle a les yeux d'une copine qui attend les potins afin d'en débattre durant des heures.

Je me mords la lèvre pendant que la scène entière de la nuit précédente me revient en mémoire. Comment expliquer ce que j'ai ressenti à la seule personne qui, j'en suis sûre, ne pourra jamais plus l'éprouver ?

Ce serait affreusement égoïste et cruel que de parler d'amour à quelqu'un qui ne le connaîtra sûrement plus jamais.

Alors, comme souvent, je ne me démonte pas et reste impassible. Mais je le fais pour la protéger, même si je suis certaine qu'elle l'ignore.

— C'était sympa, affirmé-je en croquant dans une pomme. Arès est sympa.

 Arès est sympa

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Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant