17.

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— Bonjour...

— Arès, indique rapidement celui-ci en tendant la main. Enchanté.

Je vois bien que ma mère n'est pas indifférente au large sourire qu'il lui propose. Elle se redresse, surprise, puis serre sa poigne vigoureusement avant de le laisser entrer.

Quand il me découvre, ses yeux s'arrondissent. Je me rends compte à quel point je dois paraître ridicule ainsi perchée dans l'escalier alors je fais un effort et corrige ma colonne vertébrale pour revêtir une démarche un peu plus assurée.

Ma mère nous recommande vaguement de ne pas rentrer trop tard, juste avant de promettre que si c'est le cas, elle n'hésitera pas à venir me chercher au fin fond même de la salle de cinéma.

Je lève les yeux au ciel et la remercie discrètement avant de m'enfuir à toutes jambes de cette maison où tous les malheurs règnent.

— C'était marrant, sourit Arès en ouvrant la portière du côté passager pour me laisser entrer.

— C'était gênant.

Il rejoint le volant et pose ses yeux bleu foncé dans les miens. Il me fait un bref clin d'œil puis démarre en trombe.

Le cinéma que nous retrouvons n'est qu'à quelques kilomètres de chez moi. Alors qu'il se gare, il me fait promettre de ne pas lui infliger de film à l'eau de rose, et je lui assure volontiers que ce ne sera pas le cas.

Finalement, Terminal était aussi bien que nous le pensions. Tellement, qu'Arès avait l'air absorbé plus par la production que par moi. En sortant de la salle, il me propose un hamburger. J'ai si faim que je pourrais le manger tout entier, sans mauvais jeu de mots, alors j'accepte avec plaisir.

Il roule jusqu'au petit dinner d'à côté tout en ressassant en boucle les scènes qui se sont déroulées devant nous quelques minutes auparavant.

Moi, je me contente de le regarder. Le voir exploser ainsi me rend vulnérable et bien trop émotive à son égard. Des tas de sensations me traversent lorsqu'il sourit. Lorsqu'il qu'il passe sa main dans ses cheveux bruns en bataille ou lorsqu'il se mord la lèvre pour s'empêcher de rire.

À cet instant, je ne demanderais plus qu'une chose, c'est qu'il conclut son histoire par un baiser. J'en ai envie aussi bien que j'en ai besoin, j'en ai bien peur. Mais le bruit du moteur qui s'arrête gâche absolument chacun de mes espoirs.

— Tu viens ?

Ses yeux me questionnent. J'acquiesce du chef et descends aussi vite de la voiture.

À l'intérieur, la déco est cosy bien qu'elle ne soit pas moderne. Les néons rendent l'ambiance sympa et la chaleur qui émane de ce lieu me donne le sourire. La clientèle est plutôt rock, veste en cuir et moto à tout va, mais ça ne me dérange pas.

Nous rejoignons une table où un jeune serveur aux cheveux désordonnés et à la mine fatiguée vient prendre nos commandes, quelques minutes plus tard.

— Un cheeseburger, s'il vous plaît.

— Je peux te recommander le burger de la semaine, si tu veux bien. C'est un pain gris, deux steaks hachés frais pur bœuf marinés, un œuf, du cheddar fondu et un peu de salade. Tout ça, accompagné de frites, maison également bien sûr. Il s'appelle le Grey's et je suis sûr qu'il s'accordera parfaitement avec tes yeux.

Le regard enjoué qu'il me lance ne laisse aucun doute sur ses intentions. Je jette un œil gêné à mon voisin d'en face qui s'est légèrement agacé pendant le discours du serveur.

— Merci, mais non merci, me devance Arès. Elle a dit un cheese.

Il se retourne vers moi, irrité, et attends impatiemment que l'homme en tee-shirt noir s'en aille.

Là, je souris.

— Il avait quand même l'air pas mal, ce burger.

— Tu peux toujours annuler le cheeseburger et prendre le Grey's, dit-il en imitant d'une voix absurde, le serveur intrépide. Cependant, je ne suis pas certain qu'il saura te contenter.

— Vraiment ? ris-je. Et pourquoi pas ?

— Parce que je suis le seul à pouvoir le faire.

Son ton redevenu grave et sérieux me surprend. Je déglutis, mon sourire s'effaçant peu à peu et une étrange chaleur se rependant au creux de mon ventre.

Je ne suis plus sûre qu'il s'agisse encore vraiment de nourriture, mais l'entendre parler ainsi me plaît plus que je ne veux l'admettre. Plus que je le peux, aussi.

Nos plats ne mettent pas longtemps à arriver et nous n'en laissons pas une miette. À la fin du repas, Arès m'invite malgré mon mécontentement et nous quittons le petit dinner dans lequel je jure de revenir très bientôt.

C'est fou, pour la première fois, je n'ai pas eu le droit aux méchants regards et aux jugements silencieux. Les gens ici se fichent de qui je suis, ou alors ils l'ignorent simplement. Des drogués aux sans domicile, des bikers aux gros bras, la sobriété qui émane de ce lieu est pourtant déroutante. D'habitude, pas un moment ne se passe à l'extérieur sans que je n'entende ce que je m'entête à vouloir cacher.

Que je suis la fille d'un meurtrier, que c'est terrible et qu'ils m'ont reconnu, que je devrais avoir honte, ou alors que je suis « la pauvre » fille Parker, celle qui n'a rien vu et rien entendu...

En revanche, après ça, j'ai tout entendu. Tout, depuis que mon père a été arrêté pour cette raison.

Tout, sauf le silence.

C'est la première fois que je le reçois en public et je dois avouer que ça fait un bien fou. Mieux que ça, ça me donne envie de vouloir être quelqu'un à nouveau, de reprendre confiance.

La froideur de ce mois de décembre vient fouetter mes joues avec autant d'ardeur que je rêve des lèvres d'Arès. Malgré tout, nous sommes tellement bien que nous traînons un peu les pieds pour regagner la voiture.

Alors que je marche en regardant les étoiles, il attrape ma main et glisse ses doigts dans les miens. Je ne peux m'empêcher de lier mon regard au sien et d'y voir ma propre vision des astres. Ses yeux brillent de quelque chose d'inédit, d'une étincelle qui a le gout d'un nouveau souffle.

La boule qui grimpe dans ma gorge et qui me noue l'estomac n'a rien de négatif, pas cette fois. Au contraire, j'y prends plaisir parce que je sais ce qu'elle représente.

Alors qu'il s'arrête, mes doigts toujours emprisonnés dans les siens, il me tourne vers lui. Une mèche brune lui barre le front sous son bonnet noir oversize et finit juste au-dessus de ses yeux bleu nuit.

Il remet mes cheveux correctement derrière mon oreille puis pose sa main libre sur ma joue. Sa chaleur me brûle et suffit à embraser tout mon corps.

Doucement, il humecte ses lèvres puis incline son visage pour l'approcher délicatement du mien. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes mains deviennent moites et mon souffle s'accélère.

Une seconde avant que ses lèvres ne me touchent, une voix résonne derrière nous et nous oblige à nous séparer :

— Hey mec, mais qu'est-ceque tu fous, là ?



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Présumée Coupable (terminé) [en réecriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant