Chapitre ⑧

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...Je-


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Une petite voiture noire, de ville, m'attend sur le campus. Namjoon est à l'extérieur, appuyé sur le véhicule, et je tente d'avoir l'air cool quand je m'approche de lui. Il sourit, amusé, et je sais que c'est raté.

— Taehyung le terminale sans son uniforme... Waw, alignement des astres.

Le coin de mes lèvres se relève.

— Tu te moques déjà, je souffle, sans trop de sérieux.

— Jamais. T'es très bien comme ça.

Ses pupilles glissent sur mes mèches châtaines. Je le regarde faire, surpris, mais sans broncher.

— On t'a déjà dit que tes cheveux sont jolis ? A chaque fois que je te vois, je me dis que t'as de la chance qu'ils soient si soyeux.

Il y glisse entièrement la main et je peux sentir mes mèches voler sur sa peau.

— Merci... Je murmure, abasourdi par le soudain compliment.

Il me fait un clin d'œil, et avant qu'il ne grimpe dans sa voiture et ne m'invite, j'observe sa tenue. Un t-shirt blanc surmonté d'une chemise en faux cuir, un pantalon noir, des rangers de la même couleur, et quelques bagues argentées. Il a coiffé ses cheveux en arrière. Namjoon est beau ainsi. Découvrir un étudiant dans sa tenue de ville au lieu de son uniforme, c'est toujours une surprise.

— Allez, monte.

Je m'attache comme il faut, et la gêne s'installe. Je ne sais pas quoi dire. En dehors du cadre scolaire, Namjoon est quelque peu impressionnant -d'accord, il l'est aussi à l'université-. Mais le voir conduire, mâcher son chewing-gum et être habillé classe et décontracté à la fois me subjugue un peu. Il ressort de lui une confiance que j'ai, moi, perdue. Probablement à tout jamais.

Car même si ma situation s'arrange, quelque chose est à présent brisé.

— Stressé ?

Je me replace maladroitement sur le siège.

— Non...

Il sourit.

— Ça se voit pas.

— Arrête... J'ai plus l'habitude des soirées.

— Ah parce que tu l'avais ?

Je sens son regard sur mon visage, alors je le détourne vers la vitre. Dehors, il fait presque nuit noire, et je dois dire qu'être en voiture à cette heure a quelque chose de chaleureux, d'agréable. Le vrombissement léger, la conduite du blond, la manière dont mon dos se moule au siège... Je pourrais m'endormir dans cette bulle.

— Ouais. Un peu.

Il sent que ma réponse est assez évasive pour comprendre qu'il ne faut pas en rajouter.

Mon ventre gargouille, heureusement il n'entend rien. Tandis qu'il prend un virage avec douceur, je me fais la réflexion que si je continue de manger si peu, j'allais tomber dans les pommes un jour ou l'autre.

Le visage de Jimin, à la cantine, me revient en tête et je chasse un frisson d'adrénaline.

Peut-être que je pourrais acheter à manger, après tout ? Garder la nourriture dans ma chambre. Que des choses froides. Pas besoin de réfrigérateur en ces temps glaciaux. Je sais que je n'ai pas le droit, mais il faut bien que je trouve une solution.

Océan [édité chez SLALOM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant