Dimanche 2 Septembre, 21h, commissariat du huitième arrondissement
J'étais en train de trier les foutus papier que m'avait confiés Amanda lorsqu'elle débarqua, accompagnée d'une femme à l'air important, si l'on en jugeait à son tailleur-pantalon impeccable et à ses cheveux blonds coupés au cordeau. Je me redressai pour saluer les nouvelles venues, et remarqua que ladite femme me dépassait largement. Ok, elle avait des talons, mais elle était vraiment très grande. Elle me fixait de ses yeux bleu glacier, et ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en voyant ma mine terrorisée.
-C'est donc lui ton fidèle acolyte ! Dit elle à Amanda avant de se tourner vers moi pour me serrer la main. Je suis Aglaé, avocate, on vient faire le point pour le Grenelle contre les violences faites aux femmes.
-Quoi, mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Et pourquoi diable se présentait-elle par son prénom ?
-Hé bien, ne fais pas cette tête, Léo ! Pouffa Amanda. C'est Aglaé, ma copine ! Elle ne va pas te manger !
Elle, la copine d'Amanda ? Physiquement, c'était vraiment les deux opposées.
Je me détendis un peu, cette Aglaé était une personne de confiance.
-Tu nous rejoins dans la salle de réunion ? Je n'ai pas très envie de croiser ce petit con de Paul...
Je les suivis jusqu'à une vaste salle située au rez-de-chaussée, et ne pus m'empêcher de blêmir en voyant la largeur de la table autour de laquelle nous prîmes place.
-On attend du monde ?
-Non, on ne sera que tous les trois.
Ouf ! Enfin, ne parlons pas trop vite. Quand elles m'apprirent ce qui m'attendrait demain, j'eu très envie de prendre mes jambes à mon cou.
-Comme nous te l'avions dit précédemment, demain commencera le Grenelle contre les violences faites aux femmes, qui se tiendra à Matignon jusqu'au vingt-cinq novembre commença Amanda.
Ouhla, j'allai devoir camper devant le ministère pendant plus de deux mois ?
-Évidemment, en tant qu'avocate engagée pour l'égalité des sexes, j'y prendrait part, tout comme Amanda, créatrice de la cellule de protection des femmes, dont tu fais d'ailleurs partie.
-Mais on n'est que deux dans cette cellule !
Les deux filles éclatèrent de rire.
-Mais non, il y a une équipe dédiée à ça dans tous les arrondissements de Paris, dans toutes les villes de France, même ! Et c'est grâce à moi, claironna Amanda, pas peu fière et couvée du regard par sa copine.
-Et moi, je fais quoi dans tout ça ? Je veux dire, je ne fais qu'effectuer mon boulot, si vous m'asseyez à une table ronde en face du Premier Ministre je me chierai dessus.
En effet, le nouveau Premier Ministre était du genre pas commode. C'était un vieux grisonnant, grand et mince, qui fixait tout le monde de ses yeux bleus perçants, qui semblaient être équipés de rayon laser. Avec mes potes, on ne l'avait vu qu'une fois en vrai et on l'appelait Monsieur Vous-Savez-Qui tant prononcer son vrai nom nous terrifiait.
D'ailleurs, Aglaé explosa d'un rire diabolique à l'évocation de Monsieur Vous-Savez-Qui.
-Justement, tu devras t'occuper de cet imbécile, mais pas de la façon dont tu l'entends...
-Je ne te suis pas...Je ne dois tout de même pas faire un coup d'état ?
-Mais non !
Amanda avait du mal à rester assise tant elle riait. Elle fit signe à Aglaé de s'expliquer.
-Le ministre veut dissoudre la cellule. Il désapprouve nos pratiques, trop violentes selon lui. Son excuse, c'est que la violence ne doit pas entrainer la violence... En gros, il ne comprend pas qu'il existe un truc entre prévenir et guérir, un truc qui s'appelle intervenir...
-Tu oublies le principal !
Amanda avait retrouvé son sérieux, et avait presque crié sa phrase, nous faisant sursauter.
-Je gardait le principal pour la fin. Voilà, le nouveau ministre est un macho de la pire espèce. Et je dis ça pour être polie. Il a des tas d'accusations au cul, mais, évidemment, il parvient toujours à être innocenté grâce à son influence. Donc, maintenant qu'il a atteint la plus haute fonction, il se croit tout-puissant. Ce Grenelle contre les violences faites aux femmes risque d'être tristement célèbre, car, sous couvert d'éviter une discrimination positive, Monsieur Vous-Savez-Qui a bien l'intention de faire reculer les droits des femmes !
Je ne voyais toujours pas ce que je pouvais bien faire là-dedans, et mon cerveau était en train de quémander à corps et à cris sa dose quotidienne de caféine.
-Vous voulez des cafés ?
Je me levai d'un bond avant d'écouter leur réponse et revint avec trois tasses fumantes.
Sur la première était écrite « Je suis né pour faire chier le monde, et je dois accomplir ma mission ». Je la tendis instinctivement à Amanda, qui m'asséna un regard meurtrier. Pour Aglaé, que je ne connaissais pas suffisamment pour la taquiner, j'avais choisi une mug blanche basique. Il ne me restait donc que la tasse de Paul, noire avec écrit en grosses lettres blanches : "MACHO".
-Très en accord avec le thème de la réunion, ta mug, me fit remarquer Aglaé avec un demi-sourire.
-Poursuivons, aboya Amanda, qui détestait être interrompue, même si c'était pour recevoir sa précieuse perfusion de caféine. Léo, ta mission sera d'assurer la protection de la conseillère en droit des femmes de la ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances.
-Tout ce monde-là ?
-Mais non, c'est une seule personne, enfin !
-On ne pourrait pas l'appeler la conseillère en féminisme, pour faire simple ?
-Entre nous, oui, mais pas en public ! Bref, cette conseillère se révèle être de plus en plus influente, et est dans le collimateur du Premier Ministre.
-Mais elle n'a pas sa propre garde rapprochée ?
-Tu imagine que sa garde rapproché irait taper le Premier Ministre ?
Je n'étais pas sûr d'avoir bien compris mais tentais cependant un résumé de ma mission :
-En gros, je dois protéger la conseillère en féminisme contre le Premier Ministre ? Mais c'est du pur délire !
-Tu verras bien, demain, à Matignon, comment ce mec se comporte. Tu comprendras alors tout l'intérêt de ta mission, qui sera évidemment inscrite sur ton dossier pour le RAID...
Ok, elle me faisait du chantage, maintenant !
-Et je dois faire quoi, exactement ? Lui coller au cul pour ne pas que ce soit le Premier Ministre qui s'en charge ?
-Je ne l'aurais pas formulé ainsi, mais c'est l'idée !
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Fine cocktails, pretty girls and a lot of troubles
HumorJe ne voyais toujours pas ce que je pouvais bien faire là-dedans, assis à cette grande table entre ma tyrannique boss et cette avocate en tailleur qui semblait capable de vous faire mettre au trou d'un claquement de doigts et mon cerveau était en tr...