Comment rester digne après s'être fait jeté

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Dimanche 7 Juillet, 23h, Passage Lhomme, Paris 11ème arrondissement


L'ingénieuse Julie avait de nouveau trouvé l'excuse idéale pour organiser une soirée : le début des vacances. Olivia et moi nous étions séparés sur le quai de la gare et j'avais passé une journée mortellement ennuyeuse au boulot. Même pas un petit cambriolage à se mettre sous la dent. Alors, une soirée semblait être le meilleur remède à ma mauvaise humeur. Et puis, j'allais sérieusement avoir besoin de conseil.
Julie m'ouvrit la porte, vêtue d'une robe noire tâchée de peinture fluo et de Docs pailletées.
Elle me tendit une écocup et me demanda :
-Olivia n'es pas venue ?
-Non...C'est compliqué, et je crois que...
-Tu vas avoir besoin de mes conseils ?
-J'en ai bien peur.
-Attends, je vais chercher Eleanor. C'est la sex-friend d'Olivia, elle pourra t'aider.
Elle m'entraîna à l'étage et ouvrit la porte d'une salle de bain, où Eleanor était en train de maquiller...
-Alex ?
Alexandre, mon insupportable pote et collègue, était en train de se faire maquiller ?
-Hey vous deux, ça va ? Il a perdu à Juduku, alors je lui ai donné un gage. Il est pas trop mignon ?
Elle lui avait colorié les sourcils en arc-en-ciel avec du crayon aquarelle, et je devais avouer que c'était plutôt pas mal.
-Léo a des problèmes de cul avec Olivia, il veut des conseils. Tu vas devoir laisser tomber ta drag queen, l'heure est grave.
Je ne pus m'empêcher de sourire devant l'air gêné d'Alexandre.
-Hé, ne t'inquiète pas, mec, je ne dirais pas aux autres pour ta petite soirée makeup...
-Oh tu sais, s'il n'avait que ce secret là, rétorqua Julie, moqueuse.
Les filles éclatèrent de rire et Alexandre vira au cramoisi.
-Euh, j'ai loupé un truc à Sète ?
-Oh que oui ! Couina Eleanor.
Cela m'embêtait un peu de voir mon pote aussi mal à l'aise, et je dus combattre ma curiosité pour le défendre.
-Calmez-vous les deux commères ! Je suis sur que vous avez des secrets bien plus gênants que je pourrais aisément connaître et divulguer !
Julie me fit un doigt d'honneur puis posa sa main sur l'épaule d'Alexandre.
-Mec, Léo est ton pote, il a le droit de savoir...Et puis, il est vachement ouvert d'esprit, tu sais !
Oh...Je crois que je commençais à comprendre.
-Arrête, Julie. Alex n'est as obligé de parler s'il n'en a pas envie.
Le principal intéressé se leva, mettant fin au débat.
-C'est bon, je vais te le dire. Mais surtout, garde bien ça pour toi. J'ai couché avec Victor...plusieurs fois et...je compte bien continuer.
-Victor ? Mais c'est du détournement de mineur ! Plaisantai-je.
Ne vous inquiétez pas, Victor avait vingt ans et était très consentant, tout allait bien.
-C'est cool que tu te sois confié, en tout cas.
-J'avoue que j'ai eu peur que tu te foutes de moi.
-Pfff, jamais de la vie ! J'en ai vu d'autres, tu sais !
Eleanor me tira par le bras.
-Assez discuté, vous deux ! On a des problèmes de coeur à régler !
Les filles m'entrainèrent vers un escalier en colimaçon menant à une trappe, menant elle-même à un escalier de secours. Nous grimpâmes jusqu'au toit, d'où on pouvait voir la place de la Bastille illuminée.
-Que s'est-il passé avec Olivia ?
Je leur racontai en détails toutes nos vacances, ainsi que le fameux incident du train.
-Ok, donc elle a fait du vaginisme et elle s'est énervée contre toi ?
-Ouais. Ça vous est déjà arrivé, de faire du vaginisme ?
Julie hocha la tête.
C'est souvent dû à une cause psychologique. Olivia a subi un traumatisme, rappelles-toi. Ça peut aussi être lié à la phobie de tomber enceinte. Mon vaginisme état justement lié à cette phobie, alors je me suis fait stériliser.
-Oui, on en avait déjà parlé avec Olivia, ajouta Eleanor, et elle voudrait faire la même chose.
Ok, je ne savais vraiment rien d'Olivia, en fait. Je me contentais de hocher la tête, abasourdi, et un peu jaloux qu'elle se soit plus confiée aux filles qu'à moi.
-Qu'elle fasse du vaginisme, ok, qu'elle aie la phobie d'être enceinte, ok, mais qu'elle ne veuilles plus qu'on se voit, c'est bizarre !
Eleanor soupira et tira nerveusement sur le bas de sa robe en cuir bordeaux.
-Olivia n'a jamais vécu de relation sérieuse avec personne. Elle n'a jamais couché avec un mec et avec les meufs, ce n'était que du sexe sans amour.
-Elle a peur de l'amour, tout simplement, poursuivit Julie. C'est un sentiment effrayant, car il provoque une sensation de bonheur, mais c'est comme une drogue. La descente peut être vraiment très violente. Je sais de quoi je parle, je suis sortie avec une fille hyper envahissante et toxique, c'était vraiment horrible. Je me suis tapée son frère pour me venger.
Julie semblait avoir très envie de nous balancer tout un tas d'infos, ce soir.
-Et alors, je fais comment pour qu'elle ne fasse plus la tête ?
-Tu dois lui laisser de l'espace.
-Mais elle part vendredi !
Les filles avaient raison, l'amour c'était encore plus dangereux qu'une drogue. Savoir qu'Olivia étaient fâchée me rendait dingue. J'avais l'impression d'être en descente. Ok, donc c'était ça, l'amour ? Être complètement défoncé aux papouilles et au sexe puis chialer toutes les larmes de son corps parce qu'on est en manque ?
-On va essayer de lui parler, si tu veux...Proposa Julie
-Je vais l'appeler, décida Eleanor. Elle doit avoir fini de bosser, à cette heure-là.
-Non, ne fait pas ça...Ça fait trop le mec désespéré.
-Trop tard. Je lui ai envoyé un SMS. Je lui ai raconté un bobard et je lui ai envoyé un Uber, elle sera là dans vingt minutes.
-C'est une très mauvaise idée, grommelai-je.

Fine cocktails, pretty girls and a lot of troublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant