Comment faire bonne impression lorsqu'on est vêtu de noir et et armé jusqu'aux dents
Vendredi 25 Février, 6h, Avenue du Président Kennedy
Je venais de boucler mon sac. Au cours de la semaine, j'avais, grâce à Hugo, rassemblé pas mal d'informations sur l'affaire Amanda. J'avais également pris que Chloé, l'assistante de ma protégée, était la soeur d'Hugo et viendrait avec nous. Par chance, Hortense, l'insupportable copine d'Hugo ne pouvait pas venir. S'il savait qu'elle m'avait tripoté...Je ne pouvais pas lui dire, bien évidemment, mais j'aimais bien imaginer sa tête s'il l'apprenait.
J'avais fait croire à Amanda et Aglaé que je partais en week-end pour faire un peu de ski, ce qui n'était qu'un demi-mensonge car mes deux acolytes avaient un chalet à l'Alpe d'Huez, une station réputée.
Je n'étais pas fan de la voiture, mais, uniforme de tueur à gages oblige, c'était plus prudent d'y aller en voiture, histoire de ne pas trop attirer l'attention sur moi.
Comme c'était de ma faute si nous devions nous taper le trajet en bagnole, je pris le volant.
La route fut long mais j'appréciai la compagnie d'Hugo et Chloé, qui n'avaient plus peur de moi. Il faut dire que dès que j'ouvrais la bouche, je sortais une connerie, donc, impossible de garder longtemps l'étiquette du mec sérieux.Vendredi 25 Février, 20h, L'Alpe d'Huez
Lorsqu'Hugo et Chloé me désignèrent leur chalet au bout du chemin, j'eu un moment de flottement.
-Les gars, c'est normal qu'il y ai de la lumière ?
-Euh...non...Il n'y a personne normalement.
Ok, donc il y avait des cambrioleurs. Ils n'avaient qu'à bien se tenir, j'étais armé jusqu'aux dents, du fusil à pompe jusqu'aux couteaux à cran d'arrêt, en passant pas les grenades et autres explosifs en tout genre. Précautions inutiles, mais on ne savait jamais. Après tout, j'étais là pour casser la gueule à un mec.
-On pourrait appeler la police ? Suggéra Chloé lorsque je garai discrètement la voiture derrière un sapin.
-Pfff...mais c'est moi la police !
Je leur fis signe de rester derrière et m'approchai discrètement de la porte. On entendait plusieurs voix. Le chalet était immense et sur un grand terrain, les cambrioleurs n'avaient donc pas à s'inquiéter des voisins. La porte était verrouillée et je fis signe à Hugo de m'apporter la clé. Je la tournai discrètement dans la serrure, puis entra comme une flèche.
-Vous êtes en état d'arrestation ! Hurlai-je en braquant mon arme sur...Une petite famille tranquillement attablée autour d'une raclette.
Merde, mais c'était quoi ce bordel ? Des squatteurs ?
Ils se tournèrent vers moi, les yeux écarquillés.
-Vous n'avez rien à faire ici poursuivis-je.
-Mais...mais c'est notre maison ici...Nous sommes en vacances...
Ouhla, je ne comprenais plus rien.
-Hugo, Chloé, venez voir ! On a un problème ! Criai-je, sans baisser mon arme.
Mes acolytes entrèrent à leur tour, et leurs mâchoires se décrochèrent à l'unisson.
-Papa, maman...mais....mais qu'est-ce que vous faites ici ?
Je baissai mon arme et me tournait vers eux.
-C'est vos parents ?
Ce qui s'avérait être la mère des mes amis s'adressa à ses enfants :
-Vous pouvez m'expliquer qui est cet énèrgumène ?
-Euh...C'est un ami. On ne savait pas que vous seriez ici.
-On a voulu prendre un petit week-end sur un coup de tête, se justifia le père.
Les autres convives, sans doute des oncles et des tantes, étaient cois.
Bon, il fallait que je l'ouvre, sinon on en avait pour des heures à se regarder en chien de faïence.
-Je travaille pour le Raid, mentis-je (C'était presque le cas, donc un demi-mensonge). Je dois effectuer une mission dans le coin, donc Hugo et Chloé m'ont prêté leur...enfin votre chalet.
-Et comment vous vous êtes rencontrés ?
-Au Ministère de l'Intérieur, mentit légèrement Hugo.
-Bien...Hé bien vous pouvez rester, monsieur...
-Je dois rester anonyme.
Silence.
-Ok, donc vous pouvez rester, monsieur Anonyme. Il y a largement assez de chambres pour tout le monde.
La mère de Chloé partit ensuite dans la cuisine pour chercher trois assiettes.
-Quand il y en a pour sept, il y en a pour dix ! Asseyez-vous donc, les enfants !
Ok, donc me voilà assis avec de parfaits inconnus qui me dévisagent apeurés, en train de maculer ma cagoule de fromage fondu. Heureusement, juste avant, j'avais troqué ma cagoule habituelle contre une laissant voir la bouche. Hugo et moi bataillions pour évoquer des anecdotes permettant de détendre l'atmosphère, en vain. Une idée me vint alors. Ils m'avaient servi un délicieux génépi, alors je pouvais dégainer les conneries plus vite que mon ombre.
-J'ai une confidence à vous faire. C'est ultra-confidentiel, mais je vous fait confiance. Ça concerne la Ministre de L'égalité...
-Mais c'est ma petite amie ! S'exclama Hugo.
Merde, j'avais totalement oublié ce détail !
-Oups, alors je devrais peut-être me taire...
Un des oncles, déshinibé par le génépi, insista pour savoir. Hugo en rajouta une couche :
-Allez, je te jures que je ne lui dirais rien !
-Ok, ok...C'était pendant le Grenelle contre les violences faites aux femmes, il y a un an et demi. Je devais surveiller la copine d'Hugo, que je ne connaissais pas encore, et surtout, je devais la protéger contre monsieur Vous-Savez-Qui.
L'assemblée tiqua en entendant le nom de l'odieux homme politique.
-Un soir, il l'avait droguée aux amphétamines, et elle était devenue ingérable...Elle m'a peloté ! Je ne voulais pas lui faire mal donc je me suis laissé faire. Sur ces entrefaites Monsieur Vous-Savez-Qui est arrivé, alors je l'ai légèrement étranglé pour le calmer...Imaginez un peu l'absurdité de la situation : Je dois protéger une femme qui lutte contre les agressions sexuelles, et elle-même m'agresse !
L'assemblée était morte de rire. C'est bon, je m'étais mis vieux dans la poche. Hugo était gêné mais ne put s'empêcher de pouffer.
-Je vais me venger, me glissa-t-il.
Il s'adressa en suite aux autres convives :
- J'ai une autre histoire sur notre invité. Un soir, il a suivit ma copine qui rentrait seule pour la surveiller. Il faisait nuit et je l'attendais à la sortie d'une réunion. J'ai voulu las prendre dans mes bras, mais il a cru que je l'agressais, alors il m'a sauté dessus et mis un coup de taser dans le dos !
-Vous devriez venir plus souvent en mission dans le coin, on se marre bien avec vous ! Me dit une vieille tante.
À la fin du repas, Hugo me montra ma chambre. Elle était petite mais de la fenêtre on avait une vue incroyable. Enfin, selon lui, car dans le noir on n'y voyait rien. Je posai mon sac de voyage en soupirant. La salle de bain était partagée, ce qui n'était pas franchement pratique, alors j'attendis le dernier moment pour m'y rendre. En attendant, je fis un Face Time avec Olivia. Il était cinq heures à Singapour, l'heure où elle se réveillait, alors j'allais enfin pouvoir la surprendre en mode panda et en pyjama.
Je lui envoyais un petit SMS avant pour lui dire de ne pas prononcer mon nom.
-Salut, marmonna-t-elle de sa voix ensommeillée. C'est toi le bordel avec ton prénom ?
-Je suis en mission, je dois garder l'anonymat.
J'avais verrouillé la porte et mis un T-Shirt sur la poignée pour masquer le trou de la serrure. Personne ne verrait ma tête.
-Oh, c'est à propos de l'élection présidentielle ?
-Ouais, mentis-je légèrement. La candidate est partie en week-end à la montagne avec toute sa clique alors je dois l'accompagner. Il y a aussi mon nouveau pote, Hugo dont je t'ai parlé.
-Ah oui, le mec à qui tu as mis un coup de taser...Gloussa-t-elle.
-Ouais.
Je lui racontais le malentendu à notre arrivée, avec la suspicion de cambriolage et la famille attablée. Je modifiais deux trois trucs pour coller à ma version des faits, mais parvins à faire s'écrouler de rire Olivia.
-Et toi, ça va à Singapour ?
-Ouais, la brigade est top, on arrive à créer plein de recettes et à s'adapter aux nouveaux produits. On fait du français avec du singapourien, en gros. Oh, j'ai hâte de te revoir. On fera une escale à Paris dans un mois, quand on partira pour l'enterrement de vie de jeune fille de Claire...
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Fine cocktails, pretty girls and a lot of troubles
HumorJe ne voyais toujours pas ce que je pouvais bien faire là-dedans, assis à cette grande table entre ma tyrannique boss et cette avocate en tailleur qui semblait capable de vous faire mettre au trou d'un claquement de doigts et mon cerveau était en tr...